Des paroles au rythme de ton coeur

Chapitre 6: Mauvaise note dans la partition

Cela faisait un peu plus d'un mois qu'Eijiro avait pris Denki dans son groupe.

Et depuis, il avait la sensation que leur relation avait évolué.

Quand ils travaillaient ensemble sur LA chanson, ils se rapprochaient inexorablement plus près qu'à son arrivée, mais cela n'avait pas l'air de déplaire à l'étudiant de troisième année. Il était beaucoup plus tactile qu'il ne l'aurait été avec un autre homme et il en était tout émoustillé rien qu'en touchant la peau blanche de ce dernier.

Est-ce qu'il pouvait dire que leur amitié était devenue un sentiment d'amour?

Oui, mais était-ce réciproque ?

Toutes ces questions le taraudaient et lui donnaient un air pensif aux yeux de son crush.

Quant à Denki, ces trente jours à ses côtés avait allumé une flamme en lui qu'il ne soupçonnait pas.

Avoir son crush comme muse pour écrire.

Il se sentait sur un petit nuage.

Mais ce n'était pas vraiment le cas chez les Kaminari lorsque ses parents eurent eu vent de ce qu'il faisait en dehors des cours. Ils avaient des soupçons quant à la bonne humeur de leur fils à chaque fois qu'il rentrait, et lorsqu'ils avaient découvert ce qu'il faisait, les insultes et les coups tombaient à flot.

Comment pouvait-on faire subir cela à son propre enfant ?

Et bien Denki se posait inlassablement la question. Et il en souffrait.

Chaque soir qu'il rentrait, ils le frappaient en hurlant ce qui n'allait pas dans son éducation, de prendre ses initiatives comme de la rébellion pure et simple envers leur autorité. Parfois il avait envie de ne plus exister pour qu'on le laisse en paix et de faire ce que bon lui semblait.

Et bien sûr, il n'en parla pas aux membres de son groupe.

Il était persuadé que s'il leur en parlait, ses parents seraient capables du pire pour les nuire.

Mais Izuku, étant au courant de son problème, prit le risque de le prendre à part pour avoir le fin mot de l'histoire. Il avait essayé maintes fois de le consoler. Mais cette fois-ci, impossible de lui remonter le moral.

Même l'écriture ne le réjouissait plus de vivre sa romance avec Eijiro.

Il venait comme à son habitude à la production mais ne faisait plus l'effort de faire une rime correcte sur le papier. Les membres du groupe demeuraient inquiets. Le voir dans cet état pourrait aussi impacter le moral d'un groupe et ce n'était pas bon à quelques jours du concert prévu.

Ils demandèrent alors à leur leader de lui parler.

Eijiro était tout aussi perturbé par l'attitude changeante du blond, l'évitant et le repoussant sans aucune raison. Il essaya alors de le faire sortir du bureau et afin de l'emmener sur la scène de répétition. Même s'il gardait l'attention sur les musiciens, son regard était toujours aussi triste.

Ce fut alors au réfectoire que Kirishima aborda le sujet.

"Den... tu.. Tu es différent depuis un certain temps, tout va bien de ton côté?

_Ouais... ça va.

_Ça en n'a pas l'air.

_Dans ce cas, ne pose pas la question."

Mais qu'est-ce qui lui prend, bordel... , se demanda le rouge, les yeux froncés.

Il se leva et se plaça face à l'étudiant de musique, les yeux dans les yeux.

"Pourquoi tu me fuis du regard ? J'ai fait quelque chose de mal ?

_Non.

_Alors qu'est-ce qui te prend de nous ignorer les autres et moi ?

_Ça ne te regarde pas.

_Si, ça me regarde ! Tu es comme ça depuis des jours et ça commence à m'inquiéter.

_Alors arrête de te mêler de mes affaires !

_C'est à cause de tes parents, c'est ça ? On peut en parler tu s...

_JE T'AI DIT DE TE MÊLER DE TES AFFAIRES !"

La colère de Denki fit valser les plateaux au sol, faisant reculer le rouge du bord de la table.

Ses yeux débordaient de larmes.

"Qu'est-ce que tu sais de ma vie d'abord ?! Tu crois que je voulais des parents comme eux ? Des parents qui veulent des enfants à leur image ? EH BIEN NON ! JE VEUX VIVRE MA PROPRE VIE PRENDRE MES PROPRES DÉCISIONS ET AVEC QUI JE VEUX QUAND JE VEUX !

_Je ne dis pas le contraire, on veux seulement t'aider...

_TU VEUX M'AIDER ?! ALORS DIS-MOI COMMENT FAIRE POUR ME DÉBARRASSER DE CETTE PUTAIN DE JALOUSIE QUE J'AI ENVERS VOUS !

_Co.. Comment ça...

_Vous... vous avez la chance d'avoir du talent, du charisme alors que moi, je n'ai rien. Même mes parents me répètent que j'arriverai à rien. C'est limite s'ils ne veulent plus de moi comme fils...

_Denki...

_J'aurais dû les écouter... "

Il se mit debout, prenant ses feuilles et un briquet, et brûla ses textes les yeux toujours en larmes.

"J'aurais dû être comme eux, au moins ils m'auraient vraiment aimé comme leur enfant..."

Il s'apprêtait à partir quand Eijiro le retint par le bras. Le parolier se retourna qu'à moitié avant de s'arracher de lui.

"Je ne veux plus faire partie du groupe, vous pouvez m'oublier, déclara-t-il. Je savais que je ne devais pas venir, ça me fait trop mal..."

Et il courut vers la sortie laissant derrière une traînée de cendres de ses feuilles brûlées.

Seul un bout avait survécu laissant paraître un seul mot.

"Battements"