La Noble et Très Triste Maison Black

15-Pollux

      Le manoir était oppressant. Je détestais les tableaux. Ils étaient partout. Même dans ma chambre il y en avait. Heureusement, ceux-ci je les appréciais puisque Cassie et moi y étions représentés. C'était les deux seuls tableaux faibles et joyeux de cet endroit. Ils étaient excentrés dans ma chambre car ils étaient heureux. Et le bonheur est une faiblesse nous disait notre mère.

     Depuis l'arrivée de mes cousins, ma jumelle était un peu ailleurs. Toute la journée, elle griffonnait sur son carnet. Je ne l'avais jamais vu auparavant aussi j'en déduisais que c'était un cadeau qu'elle avait reçu la veille. Elle n'avait pas voulu nous montrer le contenu du paquet de Rémus. J'étais tout de même heureux qu'elle se soit liée d'amitié avec lui, il était doux et apaisant. Il devait la calmer, la reposer.

     Mais par conséquent elle m'ignorait totalement. Heureusement que nous devions faire des recherches ensemble, sinon je ne l'aurais pas vu du tout. Nous étions tous les quatre cloîtrés dans la bibliothèque familiale. Nous fouillions tous les registres familiaux en quête de liens avec nos premiers rêves, après la répartition. Nous cherchions minutieusement quatre noms : Violetta Black, Sirius Black, Ursula Black et Phinéas Nigellus Black.

      Pour certains noms la tâche allait être aisée, mais pour d'autres comme Sirius, cela allait être très compliqué. Il y avait tellement de Black se nommant Sirus qu'il aurait fallu que je sois renvoyé dans mon rêve pour me souvenir des dates de naissance et de décès inscrites sur la tombe. Le problème était que je ne savais pas comment me renvoyer dans un rêve. Encore moins sans sortilège puisque nous étions des apprentis sorciers de premier cycle. La magie nous était donc interdite jusqu'à nos dix sept ans.

     Concernant ce problème, Cassie avait déjà envoyé une lettre à Véra pour lui demander un peu d'aide. Mais toutes les lettres de son amie étaient filtrées donc ma sœur ne pouvait correspondre avec elle qu'une fois par semaine. Nous n'aurions donc la réponse que dans une semaine, ce qui voudrait dire que nos cousins seraient déjà repartis à ce moment-ci.

     Nous avions donc commencé nos recherches avec Violetta Black, née Bulstrode. Nous avions découvert, après dix longues heures, qu'elle s'était mariée avec un certain Cygnus Black II; malheureusement étant une femme, nous ne pûmes pas accéder à enormément d'informations, seulement quelques unes disséminées dans la fauille de parchemein. Nous découvrîmes donc qu'elle avait eu trois enfants : Pollux, Marius et Dorea. De ce que nous avions compris, Marius était devenu un traître à son sang et il n'avait pas eu de descendance, puis Dorea avait un fils et Pollux était notre grand-père paternel.

      Comme Cassie était la plus logique et maligne de nous quatre, nous l'écoutâmes lorsqu'elle nous certifia que s'il était question d'héritier, de Violetta Black et de nous, cela ne pouvait être que lié à Pollux car nous étions sa descendance. Aussi, malgré nos recherches, nous ne trouvâmes aucune date de naissance ou de mort la concernant, seules celles de son mari et de son fils étaient inscrites. Ce qui n'allait pas beaucoup nous avancer.

     Puis nous avions cherché Ursula Black, née Flint. Le premier jour, nous n'avions eu aucun résultat. Nous étions donc allés nous coucher avec plein de questions dans la tête. Je devinais aisément que Cassie allait passer une partie de sa nuit à inscrire toutes ces questions dans son petit carnet. Et moi j'espérais ne faire aucun rêve. Que ce soit des souvenirs ou des visions envoyés par ceux qui pensaient que j'étais leur héritier, je ne voulais aucun rêve. J'etais bien trop epuisé d'etre dans ce lieu de torture. Les murs me compressaient déjà l'esprit, je n'avais pas besoin de cauchemars en plus.

     Je n'avais aucun besoin ni envie de me retourner sans cesse dans mes draps cette nuit. Je ne voulais pas me réveiller encore plus malade que je ne l'étais à l'instant. Je ne voulais plus souffrir. Ma peau et mon corps étaient déjà déchiquetés, je ne voulais pas qu'ils soient complètement arrachés. Je ne voulais pas me réveiller le lendemain et me rendre compte de ma maigreure maladive, de mon teint de craie et de mes os saillants à travers mes habits. Je voulais ignorer les premiers signes de mon futur état cadavérique.