5-Pollux

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     Tout autour de moi était noir. Sombre et fait de ténèbres. La lune était cachée. Aucune lumière ne me permettait de percer l'obscurité. Sous mes pieds nus, l'herbe était humide et un vent soufflait doucement contre mes vêtements. Il s'infiltrait à l'intérieur de ma chemise de nuit. Je ne percevais rien à plus d'un mètre, mais en m'accroupissant et en insectant ce qui m'entourait, je pus remarquer un nom sur une tombe qui me faisait face. Violetta Black, née Bulstrode. Je me souvenais qu'elle était dans mon arbre généalogique. Mais je ne l'avais jamais connu, elle était bien trop âgée. A ma naissance elle était déjà morte. Sa pierre tombale était majestueuse, tout en noir et vert, avec sur le dessus des lettres argentées. Harmonieusement, elles formaient une petite phrase "Toujours Pur". La devise de notre famille.

J'étais donc dans le cimetière familial. Et malgré que quelques années auparavant j'avais passé plusieurs heures chaque année dans cet ossuaire, je ne m'étais jamais aventuré dans cette partie reculée. Même quand ma Cassie m'avait poussé à explorer les "chemins qu'avaient empruntés nos ancêtres" m'avait-elle dit. Je n'étais pas de nature curieuse, ce trait de caractère appartenait à ma jumelle. Mais j'étais dans un rêve, et tous les sorciers du monde savaient que rien ne peut nous arriver dans un rêve. C'est notre esprit qui crée les rêves, ils n'existent pas réellement, enfin je croyais.

Doucement, j'avançais pas à pas, en regardant mes pieds pour ne pas tomber à cause des racines d'arbres. Ça sentait le pin. C'était normal puisque de grands et imposant pins me surplombaient et semblaient veiller sur moi. Sans que je m'y attende, je me retrouvai devant une seconde pierre tombale. Cette fois le nom gravé était Sirius Black. Ma famille était une adepte du prénom héritage. Les mêmes prénoms étaient donnés génération après génération. J'avais moi aussi le même prénom qu'un de mes ancêtres. Dans ma famille, seules Narcissa et Cassiopée avaient des prénoms innovants. Pour Cassie, mes parents avaient dû chercher longtemps avant de trouver un nom d'étoile inutilisé jusqu'à sa naissance, tandis que pour Cissy, ils n'avaient tout simplement pas nommé leur fille d'après une étoile comme le veut la tradition.

En avançant encore je tombai cette fois sur deux pierres jumelles : Phineas Nigellus Black et Ursula Black, née Flint. De ce dont je me souvenais, ils étaient mariés fut un temps. Même en avançant, je ne trouvais plus rien. Et alors que je sentais les brumes du matin m'emporter vers un réveil imminent, une seule question subsistait dans mon esprit. Pourquoi m'avoir montré ces tombes-ci ?

* * * * * * * *

Je me réveillai en sursaut dans ce que je pensais être l'infirmerie. Tout était blanc et calme, je me serais cru sur un nuage de coton blanc. Les draps étaient un peu rêches sur ma peau, mais ce n'était pas grave car pour une fois je me sentais complètement reposé. Comme je ne l'avais jamais été. Il ne manquait que ma soeur pour que sois heureux. Malgré mon état léger, je dus très vite redescendre sur terre et me rappeler de la nuit dernière. De la répartition. Du fait que j'avais été faible et que j'avais abandonné ma sœur alors qu'elle avait besoin de moi.

Toute allégresse qui avait pu m'habiter à mon réveil s'était dissoute. Je ne voyais plus que l'horreur et la peur. J'avais peur pour moi, et surtout pour Cassie. Je ne savais même pas comment elle allait, si on lui avait fait du mal. Je ne pouvais me le pardonner si c'eut été le cas. Elle avait dû se sentir si seule. Jamais dans notre courte vie nous n'avions été séparés de cette manière. De plus, mon rêve pour le moins singulier me laissait perplexe. Et j'avais beau retourner ma question dans tous les sens, je ne réussissais pas à trouver d'explication.

Alors que j'étais encore en pleine réflexion, j'entendis quelqu'un débarquer brusquement dans l'infirmerie. Je me redressai pour voir de qui s'agissait-il et je fus horrifié lorsque je remarquai que c'était ma jumelle. Ma jumelle recouverte d'une substance qui paraissait gluante. Sa frange brune était emmêlée et ses yeux verts paraissaient encore plus tristes que d'ordinaire. Ses vêtements étaient étouffés par le liquide qui s'écoulait sur eux. Elle était dans un état lamentable, déplorable. Je ne m'énervais que rarement, mais cette fois-ci, j'étais prêt à utiliser ma magie sur celui ou celle qui avait osé humilier ma jumelle de cette façon. Je lui aurais fait voir le côté Black de ma personnalité pour l'anéantir. Le détruire mentallement. Je serrais les poings et lançai d'une voix froide que je ne me reconnaissais pas.

La Noble et Très Triste Maison BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant