CHAPITRE 10

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Les coups de crayon étaient devenus irréguliers, son dessin était bientôt terminé, mais il ne voyait plus très bien à cause de la nuit qui venait de tomber. Newt observa le ciel s'assombrir avant de reporter son regard sur le garçon qui dormait toujours profondément dans son lit. Il avait l'air si paisible, que d'imaginer devoir le réveiller lui faisait mal au cœur. En fait, il avait même la boule au ventre à l'idée de le sortir de ce sommeil profond pour qu'il retourne chez son père, continuer à vivre cette vie qui le rendait malheureux. 

N'arrivant plus à avoir un résultat suffisamment satisfaisant, Newt posa sa paperasse sur le bureau, et reporta son regard sur Thomas, dont la silhouette s'effaçait au fil des minutes. Il ne voulait pas le réveiller, il voulait qu'il reste ici, qu'il rattrape tout ce sommeil perdu, qu'il puisse récupérer son énergie, et surtout, qu'il ne s'en aille plus jamais. Il avait déjà eu du mal à supporter l'idée que Thomas se force à travailler pour son père, mais c'était pire depuis qu'il l'avait vu faire un malaise. C'était égoïste, mais il ne voulait pas qu'il y retourne, il savait d'avance qu'il ne dormirait plus en s'imaginant que le brun puisse être au plus bas sans qu'il ne soit au courant. Ici au moins, entouré de ses amis, Thomas serait heureux et en bonne santé. 

Newt passa encore de longues minutes à réfléchir, à peser le pour et le contre, avant d'abandonner et de se décider à réveiller ce pauvre garçon qui allait encore manquer de sommeil. Ca lui déchirait le cœur, mais c'était ce que Thomas lui avait demandé de faire. 

Il se leva de sa chaise en portant son poids sur sa jambe valide, alluma la petite lumière de bureau qui éclaira suffisamment la pièce, avant de poser sa main sur l'épaule couverte du brun. Il contracta la mâchoire quand il le secoua délicatement, l'appelant doucement par son prénom pour le sortir de son paisible sommeil. 

-Tommy... Réveille toi, c'est l'heure. 

Cela prit quelques secondes avant de recevoir une réaction de la part de son ami qui papillonna des yeux, ceux-ci venant se planter dans les siens, et il lui fallut un peu plus longtemps pour que la situation ne lui revienne. Il se redressa sur un coude et se passa une main fatiguée sur son visage en baillant sans retenu. Newt ne put s'empêcher de sourire, c'était une vision étonnamment attendrissante, ses cheveux étaient tout en pagaille, c'était bien la première fois qu'il le voyait ainsi, lui qui était d'habitude bien apprêté. 

Thomas se mit en position assise et son regard se perdit sur la couverture, laissant le silence peser un moment. Newt le regarda, et le sourire qui pendait à ses lèvres quelques secondes auparavant s'effaça progressivement. Il avait mal à la poitrine, son cœur battait lourdement et c'était désagréable. 

-Merci, lui sourit Thomas en retirant la couverture pour se mettre au bord du lit, c'était court mais ça m'a fait du bien. 

Pensif, Newt hocha la tête en le regardant se pencher pour remettre ses chaussures. Ses mains, qui étaient posées sur ses cuisses, se serrèrent en même temps que ses sourcils se froncèrent. Il avait envie de lui dire de rester, et il dut se mordre la lèvre pour s'en empêcher. C'était douloureux de le laisser partir à nouveau dans cet état, mais c'était son devoir, Thomas ne voulait sûrement pas défier son père, et il le comprenait. Pourtant, ça lui faisait tellement mal de le laisser faire. Il savait que Minho et Teresa avaient déjà essayé de lui parler et qu'il n'avait rien à rajouter, pourtant il voulait essayer. Les mots voulaient sortir de sa bouche sans son accord, et plus les lacets de Thomas se faisaient, plus ils luttaient pour s'échapper. C'était encore pire quand il voyait ce faux sourire sur son visage, voulant à tout prix le rassurer, sans savoir que ça ne marchait pas. 

-C'est gentil d'avoir prit soin de moi tout à l'heure, je te promets de faire attention, lui dit Thomas une fois ses chaussures enfilées. 

Newt déglutit difficilement en hochant la tête, ne pouvant se résoudre à feindre un sourire comme le sien. Il savait que ça allait se reproduire un jour, tant qu'il savait son ami entre de mauvaises mains, il n'arriverait pas à être tranquille. C'était impossible, il n'y arriverait pas, il l'aimait beaucoup trop pour le laisser retourner là bas. 

Save Me [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant