CHAPITRE 26 : POISON

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ELDRIN :

La panique s'est emparée de la Grande Salle, après que la maîtresse équestre, Astrid Gryffondor, soit tombée lourdement sur le sol. Sa famille se bouscule ; dans ce mélange de bannières et de couleurs qui s'agitent avec frénésie, on distingue des chevelures rousses, qui se pressent autour du corps de celle qui est à la fois une mère, une tante, une épouse, une amie.
Eldrin Serdaigle, lui, ne cède pas à l'effroi, bien que son cœur se soit serré d'appréhension pour sa camarade d'enseignement. Il décide de se lever de son siège, afin de calmer les ardeurs des élèves, lorsqu'il est devancé par Godric, qui tonne :

« Que tous les élèves se rendent dans leur dortoir ! »

Eldrin acquiesce, il se redresse, tape dans ses mains et entreprend de guider les jeunes hors de la pièce. Il pose sa main sur des épaules pour offrir du courage, adresse des sourires sereins pour réconforter, hoche la tête pour rassurer. Il agit par instinct, mue par la volonté d'apaiser. Il ne sait pas exactement ce qu'il fait, il ignore parfaitement ce qu'il dit. Ses gestes sont mécaniques, or, si l'on prend le temps de l'observer, on remarque qu'il est inquiet. L'arrivée d'abord du Prince héritier de la couronne de Britannia et le drame, qui n'a pas tardé à suivre. Avaient-ils tous été assez imprudents pour laisser une terrible menace entrer à Poudlard ?
Eldrin secoue la tête pour chasser ses pensées désagréables. Pour l'heure, Astrid demeure la priorité.

Il s'approche de la professeure inanimée, alors que les élèves quittent peu à peu la salle, à l'exception de ceux et celles appartenant aux familles des fondateurs. Cette dernière n'a toujours pas repris ses esprits et ne réagit pas à son entourage.
Rose, songe-t-il. Où se trouve-t-elle ?
Il n'a pas vraiment revu la médicomage depuis leur rencontre dans la forêt et leur excursion à Pré-au-lard, où elle avait disparu sans laisser de traces. Depuis, ils s'étaient croisés quelquefois et leurs échanges se résumaient à de formelles salutations distantes dans les couloirs du château. Mais c'est vers elle que son esprit se tourne à cet instant, alors que ses yeux se voilent de tristesse et d'impuissance devant le sort d'Astrid. Rose est une médicomage d'exception, elle saura que faire.
Il observe autour d'elle, dans l'espoir d'apercevoir le visage familier. Il est certain de l'avoir brièvement aperçu lors du repas, mais à présent, elle a disparu. Il retourne alors parmi les élèves qui continuent de quitter la salle, pour les interroger :

« Avez-vous vu mademoiselle Rose ?
- Non, professeur, répond Fidelia Ashbourne, une aspirante chez les Poufsouffle.
- Professeur, que va-t-il advenir de madame Astrid ? Demande précipitamment Soren Abott, une novice Gryffondor.
- Nous veillerons sur elle, ne vous en faîtes pas Soren. Mademoiselle Rose ? La hèle-t-il. Quelqu'un a-t-il aperçu notre médicomage ?
- Oui, moi ! Émerge une voix parmi la foule. Je l'ai vue quitter la salle à l'instant où il a été ordonné aux élèves de retourner dans leurs dortoirs.
- Merci, Vega. Observatrice comme toujours ! »

Le professeur lui adresse un regard satisfait, fier de la jeune fille Black. Sans tarder davantage, il quitte à son tour la Grande Salle, à la recherche de la médicomage. Il devine que cette dernière s'est certainement rendue dans son cabinet pour trouver quelques plantes et remèdes afin de porter secours à Astrid. Il pourrait certainement se rendre utile et proposer son assistance. Il se dirige vers le cabinet de la médicomage, avec hâte, et lorsqu'il l'atteint, il est surpris d'y trouver la jeune femme, assise à son bureau. Quelques pâles rayons de lumières lunaires filtrent à travers les fenêtres étroites de la pièce, pour illuminer des étagères chargées de flacons et de potions aux liquides étranges.
Dans un coin du cabinet, un lit de bois sombre attend silencieusement, prêt à accueillir de nouveaux patients. Des rideaux de velours encadrent le lit, pour créer un cocon protecteur où les malades peuvent trouver un répit bienvenu dans l'agitation du château. D'autres étagères débordent de grimoires poussiéreux et de parchemins jaunis. Des plantes aux parfums envoûtants emplissent l'air. C'est dans ce décor que Rose se trouve, installée à son bureau, lui faisant dos lorsqu'il entrouvre la porte de la pièce.

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