CHAPITRE 34 : PRISONNIERS

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ORION :

Les bruits de pas disparaissent et quand le silence reprend enfin son empreinte sur les cachots de Poudlard, une ombre se meut. Le long corps d'Orion s'étire, il se grandit et lève sa mâchoire carrée vers le plafond de pierre qui le retient prisonnier, à moins que ce soit les barreaux en fer magique qui barrent sa route.
Un oiseau en cage qui pinaille et étire ses ailes pour se redonner de la force.

Mais Orion Black n'a pas été traîné ici seul, par Merlin il en serait devenu fou, rien de pire n'existait que la solitude et le silence pour le jeune sorcier aux cheveux noirs comme la nuit.
Bien qu'aucune lumière ne traverse sa cellule, ses yeux clairs fixent une masse recroquevillée, il n'a pas besoin de la distinguer pour connaître le fond de ses pensées. Sa sœur Vega n'a pas perdu une miette du petit spectacle qui leur a été offert, de quoi tromper l'ennui.

Les pas d'Orion le mènent jusqu'aux barreaux sur lesquels il dépose ses avant-bras, le front collé contre le fer forgé, un sourire tire ses lèvres dans un rictus inquiétant.
Qui aurait pu imaginer tel scandale, un serpent et une lionne ? Salazar Serpentard, qui avait enfermé les deux jumeaux Black ici ne devait pas s'attendre à une telle surprise et Orion se délectait de l'image mentale qui naissait dans son esprit. Le fondateur de la grande maison des serpents tomberait sans doute raide mort si on venait lui souffler une telle information aux oreilles.
Mais le père n'était pas le seul danger, le jeune Black se demandait depuis combien de temps cette idylle était passée inaperçue et combien de temps encore survivrait-elle aux yeux et oreilles de Poudlard.

"Les amours interdits... Existe-t-il chose plus attendrissante et stupide à la fois ? souffla Orion contre les barreaux. Valerian n'a jamais été du genre à aimer la facilité... Mais je ne croyais pas Ophelia du genre à aimer les vilains garçons et les vilains secrets..."

Orion se régale, le chaos l'amuse, d'autant plus depuis que lui et sa sœur ont été jetés ici comme de vulgaires criminels. Il s'amuse pour ne pas s'inquiéter, voilà bien trois jours que les fondateurs avaient rendu leur jugement, les récents évènements qui avaient fait trembler le château méritait une enquête approfondie et les principaux suspects devaient être écartés pour la sécurité de tous.
Comme s'ils étaient assez bêtes pour s'en prendre à une enseignante de l'école.
Comme ça, face à tous.
Comme si durant ces dernières années passées aux côtés des Hereditas, Orion n'avait rien appris.
Attaquer la tante de Leander Gryffondor, un choix peu judicieux et il en était certain, ce n'était pas un acte commandité par son frère Regulus.

Orion n'avait eu aucune nouvelle de son aîné depuis son renvoi de Poudlard, pas une lettre, pas un mot. Vega était restée particulièrement silencieuse sur le sujet, un peu trop secrète au goût d'Orion qui abandonnait les barreaux pour retrouver sa jumelle assise sur le sol.
La morosité allait si bien à Vega, les mêmes yeux bleus qui transperçaient l'âme mais des cheveux de jais bien plus longs qui tombaient en cascade devant son visage. C'était comme regarder dans un miroir, un plus beau miroir.

Orion s'installa avec agilité, il laissa tomber son corps sur la pierre froide et allongea son dos jusqu'à ce que sa tête se pose sur les genoux de Vega. Félin, il leva une main pour jouer du bout des doigts avec les mèches brunes suspendues au dessus de son visage, enroulant ces dernières autour de son index et de son majeur.

"Il les aime donc rousses... Quelle tristesse, moi qui croyais mes avances sur la bonne voie... Crois-tu qu'il arriverait à nous faire libérer contre la promesse de notre silence ? demande Orion sans attendre la réponse de sa sœur. Non bien sûr... Notre jeune héritier est un allié bien trop important pour pour le faire chanter. J'ai bien peur que nous ayons à passer une nuit de plus ici ma très chère sœur."

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