𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟭𝟭 | 𝖪𝖨𝖬𝖡𝖤𝖱𝖫𝖤𝖸

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𝖪 𝖨 𝖬 𝖡 𝖤 𝖱 𝖫 𝖤 𝖸

— 𝘖𝘯 𝘦́𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘦𝘯𝘴𝘦𝘮𝘣𝘭𝘦 —

Mon uniforme me colle au corps. L'eau glisse sur le tissu épais de ma jupe pour se faufiler sur la peau nue et froide de mes cuisses. Mon mascara doit lui aussi glisser sur mes joues gelées.

Je marche la tête haute malgré mon allure malfamée. Mes talons martèlent le sol à chacun de mes pas. Les rues sont désertes par ce temps pareil, seules quelques voitures passent sur la route, m'éclaboussant au passage. Je grimace intérieurement en pensant à l'état de mes pauvres chaussures.

En marchant sans vraiment vouloir rentrer à la maison, je décide de prendre une petite ruelle sur ma gauche. J'évite les détritus qui jonchent sur les pavés. Je repositionne mon sac à main sur mon épaule en débouchant enfin devant le parc qui semble presque abandonné.

Les balançoires font des va-et-vient parmi la pluie et le vent, faisant une illusion fantomatique. Le tourniquet tourne sur lui-même, procurant un bruit lugubre.

Mes pieds vont d'eux-mêmes vers ce banc public.

Je papillonne des paupières pour retirer l'excédent d'eau sur mes cils, puis observe la première latte du banc. Sa peinture verte est légèrement écarquillée par endroits, mais à son centre se trouvent deux initiales gravées.

Mes yeux observent les traits de nos initiales...

Un "K" et un "A" entouré par un cœur mal fait. Je souris en repensant au soir où moi et Aleksandra avons fait cela...

C'était une soirée calme et ont été totalement défoncés par l'alcool dans notre sang. On revenait de l'épicerie du quartier avec nos biscuits à l'avoine et nos bouteilles d'eau pour décuver. Puis j'ai eu cette idée ; celle d'inscrire à jamais la première lettre de nos prénoms respectifs.

Je m'approche et passe mon index sur le "A" mal gravé.

La sonnerie de mon téléphone me tire de ma rêverie. Je le sors de mon sac humide, puis regarde l'écran allumé, où un certain numéro est apparu. Je pose mon pouce mouillé sur le bouton vert puis l'apporte à mon oreille.

Parmi la pluie légère, j'entends sa voix...

— Je peux venir chez toi ?

Je ne lui réponds pas directement et réfléchis quand mes parents doivent rentrer. Ils ne devraient pas revenir de leur voyage avant trois jours, même plus. Je quitte des yeux le banc et observe les alentours.

— Oui ! Bien sûr que tu peux venir, je lui réponds d'une voix enjouée.

Elle me dit un "cool" puis m'indique l'heure à laquelle elle devrait arriver.

— A tout Alek !

— A plus.

Je remets mon téléphone devant mon visage. L'appel terminé, j'ouvre l'appli "Appareil photo" puis fais une capture de nos initiales avant de l'envoyer à Aleksandra avec un émoji nœud rose. Je souris en remettant mon portable dans mon sac à main, puis glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je recule de quelques pas et reprends la route pour retourner chez moi. Dans ce quartier bourgeois...

La pluie semble tomber de plus en plus fort. Peut-être que ce n'est qu'une illusion ou simplement le fait que je passe sous des arbres. Je commence à trembler malgré moi, l'eau est froide malgré la saison et j'aurais dû penser à prendre un parapluie.

L'EXPLOSION DE NOS CŒURS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant