𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟭𝟬 | 𝖪𝖨𝖬𝖡𝖤𝖱𝖫𝖤𝖸

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𝖪 𝖨 𝖬 𝖡 𝖤 𝖱 𝖫 𝖤 𝖸

—𝘕𝘦 𝘫𝘢𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘤𝘳𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶'𝘶𝘯 𝘴𝘶̂𝘳 𝘱𝘢𝘳𝘰𝘭𝘦, 𝘲𝘶𝘦𝘭 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘴𝘰𝘪𝘵—


Fin Novembre 2020

Les photos se chevauchent sur mon lit. Sur le côté gauche est renversée ma boîte à chaussures cabossée, où s'éparpillent les tickets d'épicerie et d'anciens souvenirs. Je regarde avec mes yeux larmoyants les nombreuses photos de moi et Aleksandra. Du bout des doigts, je touche son visage en lâchant un gémissement.

Ça fait plus d'un mois que je l'ai quittée. Un mois qu'elle doit se dire où je suis. Ou peut-être que ma disparition subite ne l'interpelle même pas. J'ignore quoi penser. Un mois que j'ai perdu mon ancienne vie. Que je suis ici, en train de m'ennuyer à mourir. Que mes pensées se focalisent sur mon passé et sur... un certain garçon aux yeux hypnotisant. Des yeux vairons...

— Putain, je soupire en me posant contre mes coussins.

Je tourne ma tête sur la droite et mes yeux tombent nez à nez sur la bouteille de vodka que j'ai achetée il y a quelques jours. La caissière était réticente à me la donner, mais je lui ai affirmé que j'avais dix-huit ans et que j'étais en droit d'acheter une simple bouteille d'alcool. Mais c'était un mensonge, mon anniversaire n'est qu'en janvier.

Quand quelqu'un est tellement sûr de ce qu'il raconte — même si c'est un mensonge — on a souvent peur de mal juger, alors qu'on ne devrait pas. Je le fais sans dévergonde et personne ne doute si ce que je dis est vrai ou faux. Ils opinent sans preuves. Ce qu'ils sont lamentables.

Je tends mon bras, dévisse le bouchon et bois quelques gorgées du liquide transparent et brûlant sous la langue. Un son d'aise sort de ma bouche pendant que je replace la bouteille sur ma table de nuit.

Allonger au milieu de mon lit, entre ces tickets et les photos, j'arrête de penser, peut-être même de respirer. J'observe le cadre de mon lit baldaquin vêtu de rideaux en velours rouge foncé sans cligner des yeux. Mes cheveux blonds encadrent mon visage. Leurs pointes me piquent le cou, alors je décide de me redresser et les dégager de devant mon visage.

Au bout de mon lit, je vois Blacky. Il ouvre un œil et bâille avant de se lever pour venir se coucher sur mes jambes. Je souris tristement et lui fais des caresses sur sa tête. De ma main libre, je chasse les quelques larmes qui restaient sur mon visage.

En regardant par l'une des fenêtres de ma chambre, je remarque qu'il tombe des flocons. Apparemment, il neige depuis quelque temps, car il y a déjà un peu de neige sur les branches du sapin devant le manoir.

Mes parents vont bientôt venir... Je réalise soudainement cela en regardant la valse des flocons dans le ciel. Ils vont venir comme si de rien j'en suis persuadé. Ils feront tout un cirque en parlant du voyage, de l'état des routes et du manoir "chaleureux" dans lequel ils m'ont exilé.

Ma mère sera heureuse de revoir sa fille chérie, en espérant que j'aie changé depuis la dernière fois que l'on s'est vu. Mais elle sera déçue de constater que non. Je ne vais pas changer pour plaire aux autres. Et je suis aussi sûre qu'elle va grimacer en voyant Blacky. Elle qui n'aime pas les animaux...

Mon père aura un petit sourire aux coins des lèvres et me prendra dans ses bras de longues secondes en me chuchotant ; comment tu vas ? Ou bien ; je suis désolée.

Enfin, tout un cinéma pathétique.

La neige tombe de plus en plus vite, et les flocons sont plus grands au fil des minutes qui passent. Une idée me vient à l'esprit.

L'EXPLOSION DE NOS CŒURS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant