𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟴 | 𝖶𝖠𝖸𝖭𝖤

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𝖶 𝖠 𝖸 𝖭 𝖤

—𝘓𝘦 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦́ 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘢𝘧𝘧𝘭𝘪𝘨𝘦𝘢𝘯𝘵 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘪𝘭 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘳𝘢𝘥𝘪𝘦𝘶𝘹 𝘱𝘢𝘳 𝘮𝘰𝘮𝘦𝘯𝘵—




Mi-Novembre 2020

Ma gorge me brûle, surtout quand je tousse dans mon coude. Je pose ma tête lourde sur mon oreiller et essaye de prendre une grande inspiration malgré mes sinus bouchés. Mon bras va de lui-même vers ma table de chevet et attrape la bouteille en verre. Le liquide froid et épais stagne quelques secondes dans ma bouche, puis je l'avale, apaisant mon mal de gorge seulement un instant.

Je souffle l'air de mes poumons par mes lèvres entrouvertes et remets la bouteille en place.

Je déteste être malade. Tout ça à cause de ce foutu bahut où n'importe qui va, même s'il est presque en train de recracher ses tripes. Quatre jours à être coincé dans mon lit pour un rhume.

Les yeux fermés, j'écoute les bruits de pas d'oncle Marshall. Hier était son jour de congé, alors il ne devrait pas tarder à partir au garage. Je l'entends s'approcher de ma chambre et trois coups résonnent sur ma porte fermée.

— Wayne, murmure-t-il en ouvrant doucement la porte.

Je lui lâche un bruit grave pour qu'il sache que je ne dors pas vraiment.

— Je vais y aller, commence mon oncle. Il y a de la soupe au frais et puis... ta mère t'a écrit une lettre, m'avoue-t-il. Elle repose sur la table.

Je ne lui réponds pas. Trop subjugué par la lettre qu'il vient de me mentionner.

— J'espère que cela ira mieux demain mon grand. A ce soir !

— A ce soir, je dis avec ma voix éraillée, comme si elle n'avait pas été servie depuis des années.

Il referme la porte, puis quelques minutes plus tard, le moteur de sa vieille carriole démarre dans la rue, légèrement éclairée par le soleil qui commence à se lever. Les membres totalement engourdis, je commence à bouger dans mon lit. Je m'étire avant de rejeter l'un de mes duvets vers mes pieds. Je pose ceux-ci sur le sol frais en tenant ma tête légèrement ballonnée. Une nausée me vient quand je me lève.

Je râle en allant ouvrir mes volets à la peinture défraîchie. L'air glacial entre dans ma chambre et me fait frissonner tout comme il me fait du bien. Ma tête semble plus légère une fois que j'ai pris de grandes inspirations. Je referme ma fenêtre et me penche au-dessus de ma table basse au milieu de ma chambre. J'attrape un encens (que j'avais pris en grande quantité avant de quitter l'Irlande) et actionne la roue de mon briquet. La flamme vient danser sur le bout du bâtonnet parfumé et il s'embrase. Je souffle dessus pour éteindre la flamme et la fumée comme à flotter dans ma chambre.

Je chauffe de l'eau dans l'optique de me faire une tisane que oncle Marshall avait achetée à madame Campbell quelques mois plus tôt. Je me gratte la nuque, attendant que l'eau bout. Mes yeux regardent la table où des dizaines de magazines sont entreposés avec quelques lettres. Mais j'arrive à voir aisément l'enveloppe qui m'est adressée. La fine écriture de ma mère se lit sur la première lettre.

La bouilloire produit un sifflement strident et je me retourne pour éteindre le feu et verser l'eau dans ma grande tasse car's. Je la prends pas la ance, puis m'assois à table. L'eau fumante brouille ma vision de temps à autre pendant que je regarde sans interruption la lettre épaisse de ma mère.

Cela fait des semaines que je n'ai plus de nouvelles. Même avec mes nombreuses enveloppes que j'ai déjà expédiées entre-temps. Aucune nouvelle jusqu'à maintenant. Du bout de mes doigts, je frôle le papier abîmé par endroit. L'envie de l'ouvrir m'anime, tout comme l'envie de la mettre sur un coin de mon bureau et de ne pas la toucher pendant des mois. J'ai peur de lire qu'elle ne trouve aucun travail, qu'elle vit toujours dans ce taudis d'HLM, qu'elle... qu'elle n'y arrive pas.

L'EXPLOSION DE NOS CŒURS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant