𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟰 | 𝖪𝖨𝖬𝖡𝖤𝖱𝖫𝖤𝖸

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𝖪 𝖨 𝖬 𝖡 𝖤 𝖱 𝖫 𝖤 𝖸

—𝘜𝘯 𝘳𝘦𝘨𝘢𝘳𝘥 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘤𝘢𝘤𝘩𝘦𝘳 𝘱𝘭𝘶𝘴𝘪𝘦𝘶𝘳𝘴 𝘴𝘦𝘤𝘳𝘦𝘵𝘴—

Mi-octobre 2020

Après avoir passé la plus grande partie de la semaine à ranger et nettoyer les pièces principales du manoir, j'y suis restée cloisonnée, totalement angoissée. Je me faisais mille scénarios. J'enfonçais mes ongles dans la peau à l'intérieur de mes mains. Je passais des heures en position fœtale sur mon lit à baldaquin dans ma chambre aux allures anciennes.

Je haïssais mes parents et... je me haïssais moi-même surtout.

Et à présent — debout devant un grand miroir tacheté par le temps — je suis occupé à regarder mon reflet. Du bout des ongles, je frôle mes croûtes de sang dans mes paumes sous l'anxiété, car c'est lundi aujourd'hui, le jour de la rentrée.

Mes jambes sont enveloppées par un collant noir doublé et une jupe de la même couleur tombe au-dessus de mes genoux. Dans mon ancien lycée, malgré qu'il y'avait un uniforme, je tachais toujours à me démarquer pour attirer l'œil sur moi, mais à présent, je ne veux que paraître transparente. Alors, par-dessus ma chemise immaculée, serrée, qui met en valeur mes formes, j'enfile un pull-over avec des détails noirs et blancs.

Plusieurs miaulements font quitter mes yeux du miroir. En les orientant vers mes pieds, je vois Blacky venir s'y frotter. Il miaule à plusieurs reprises et finit par marcher en direction de la porte de ma chambre.

Il doit probablement avoir faim.

J'attrape mon sac à dos posé sur une chaise et regarde une dernière fois à l'intérieur pour m'assurer que je n'ai rien oublié.

Je prends soin de tout éteindre puis descends les escaliers où Blacky m'y attend avec impatience. Il court comme une furie jusque dans la cuisine et sautille pour avoir sa ration de croquettes. Je rigole en me m'unissant du paquet presque terminé et lui en verse dans sa gamelle à même le sol.

Faudra que je retourne lui en acheter.

Je lui caresse le sommet de sa tête et range le reste de sa nourriture en hauteur. En sortant de la cuisine, je prends une pomme pour la manger sur le chemin du lycée.

Je dépose mon sac au sol et ma pomme sur la commode pour prendre mes Doc Martens. A la place de celles-ci, j'y mets mes pantoufles. Une fois lacée, je glisse mon blouson sur mes épaules et mon sac à dos.

Gwendoline avait dit qu'elle viendrait me chercher, mais j'ignore si elle va s'en souvenir et je me vois mal téléphoner à sa mère pour le lui demander. Alors, je lui écris un mot que je mettrai sur le paillasson.

— Blacky ! Minou, minou, dis-je en attendant devant la porte d'entrée qu'il veuille bien venir.

Comme réponse, je reçois un miaulement et le bruit de ses quatre pattes contre le plancher. Je prends ma pomme et la coince dans ma bouche en croquant légèrement dedans. Blacky arrive vers moi avec un ventre rond et bien rempli. Je souris intérieurement face à sa démarche bancale, puis j'ouvre la porte d'entrée. Blacky sort et je ferme à double tour. En mettant les clés dans ma poche, je saisis le bout de papier pour prévenir Gwendoline de mon départ et le glisse un peu sous le tapis en paille.

L'EXPLOSION DE NOS CŒURS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant