𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟭𝟯 | 𝖪𝖨𝖬𝖡𝖤𝖱𝖫𝖤𝖸

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𝖪 𝖨 𝖬 𝖡 𝖤 𝖱 𝖫 𝖤 𝖸

—𝘙𝘦𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘴𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘳𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘯𝘦 𝘥𝘦𝘷𝘳𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘶𝘯𝘦 𝘵𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘵𝘰𝘳𝘵𝘶𝘳𝘦—


23 Décembre 2020

Malgré tout, j'ai une boule au ventre depuis que je me suis levé ce matin. J'ai pourtant occupé mon esprit et me suis rassuré.

Ce sont tes parents Kim, pas des étrangers. Mais en me disant ça j'ai vraiment réalisé qu'ils le sont. Que ce sont des étrangers depuis mes quatorze ans. Que nos rapports ont diminué, qu'ils sont alors devenus occasionnels. Que nous étions nous trois que quelques fois par mois...

Pendant que je regarde la porte d'entrée, mes ongles chatouille la chair de mes paumes. L'alcool dans mon sang ne m'aide pas. Peut-être parce que j'en ai pas assez bu... mais si je l'avais fait maman et papa l'auraient vu. Je ferme les yeux en expirant l'air par ma bouche tremblante.

Revoir ses parents ne devrait pas être une telle torture.

Pourtant ça l'est.

Mon pied tape frénétiquement la dernière marche du vieil escalier pendant que l'aiguille de la grande horloge annonce chaque seconde passée. Mes orbites écarquillés font des allers-retours sur la porte et l'horloge, et je n'ai pas ma petite boule de poil pour me tenir compagnie. Il doit sûrement s'amuser dans la neige.

Les minutes défilent, se rapprochant de plus en plus de l'heure ultime. De l'heure de vérité. De l'heure où ils vont franchir cette porte et voir dans quoi il me font vivre depuis plusieurs mois. Je suis persuadé que ma mère — elle qui aime la modernité — va froncer les sourcils en observant les lieux. Et elle va surtout criser en voyant Blacky. Mon père sera intéressé par l'architecture puis par moi... certainement et ensuite faire un commentaire sur mon chat de compagnie.

Une chaleur humide se répand dans ma main droite. Je baisse mon regard vers celle-ci et aperçois la couleur rouge du liquide qui s'échappe d'une entaille. Je soupire en me levant, gardant à main bien droite pour ne pas mettre du sang partout. Je passe ma main sous l'eau froide un certain temps — jusqu'à ce que le saignement se stoppe. En m'essuyant les mains, je tends l'oreille et crois entendre un crissement de frein de voiture.

Je ferme les yeux et souffle par le nez pour me donner du courage. Je quitte la cuisine puis ouvre la porte d'entrée. Dehors réside une tempête de neige violente et... une voiture de location ainsi que les deux silhouettes de mes parents venant dans ma direction. Je croise mes bras par le froid — me frottant mes bras nus par la même occasion — et les observe gravir les quelques marches devant le manoir.

Les yeux bleus glacier de ma mère croisent les miens. Elle m'offre un sourire sincère pendant que mon père marche derrière elle. Sous le péron, elle lâche son sac à main et m'enlace dans ses bras chauds. Je ne bouge pas vraiment, j'attends juste que cela se termine. Mais une part de moi m'oblige à glisser un bras dans son dos et lui rendre son câlin affectueux.

— Je suis heureuse de te revoir ma chérie, murmure ma mère dans mon cou.

Je reste figée sur place. Ma bouche s'entrouvre légèrement mais ce n'est seulement pour laisser l'air dans mes poumons s'en échapper. Je ne sors aucun mot, ce qui doit pincer le cœur de ma mère. Mon père semble arriver à la rescousse en nous prenant toutes les deux dans ses grands bras. Il nous serre fortement contre lui et je manque de m'étouffer.

— Papa, je gémis. J'arrive pas à respirer.

Il nous relâche mais me reprend directement dans ses bras d'une manière beaucoup plus douce et sécuritaire.

L'EXPLOSION DE NOS CŒURS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant