L'île des Ephirias - 16

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Thibault en plein footing commença à avoir froid. Très froid. Alors qu'il y a 30 secondes, de la sueur perlait sur l'ensemble de son corps, désormais de la chair de poule le recouvrait.
— Hey ! Qu'est-ce que tu nous fais là ? S'inquiéta Julien à côté de lui.
Thibault se stoppa, il était frigorifié.
— Tu ne me fais pas une hypothermie quand même ? Tes lèvres sont bleues.
Thibault avant qu'il puisse répondre se plia en deux.
"THIBAAAAULT" hurla Mélanie dans sa tête. Thibault haleta. Un pincement au cœur lui coupa la respiration. Il s'effondra au sol de douleurs.
— Putain Thibault, qu'est-ce que qui se passe !! S'agenouilla Julien à côté de Thibault en lui serrant l'épaule.
— Mé...la....nie... répondit Thibault en claquant des dents. "je...suis...la"
La douleur était telle que des larmes perlèrent le long de ses joues. Mais il essaya de se concentrer, et il activa ses pouvoirs. L'instinct avait pris le dessus sur la douleur. Il déploya sur lui, le même bouclier qu'il avait déployé sur Mélanie la dernière fois. Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, il agissait en pilote automatique. Après quelques instants, la douleur cessa peu à peu. Il n'avait plus l'impression de suffoquer, plus l'impression d'être gelé. En réalité, il ne ressentait plus rien. Au lieu de le rassurer, une panique emporta Thibault lorsqu'il remarqua une chose. Il ne ressentait plus la présence de Mélanie.

Louise avait pris des risques inconsidérés. Elle avait descendu la falaise en rappel, en pleurs, elle hurlait le prénom de Mélanie. Maxime était avec elle, un peu plus haut. Cassie et Jonathan étaient partis alerter les secours et transmettaient toutes les informations qu'ils pouvaient.

— MÉÉÉÉÉÉÉÉLAAAAAAAANIIIIIIE, Hurla Louise entre deux sanglots. Il ne restait plus qu'une vingtaine de mètres avant qu'elle n'atteigne le sol. Les minutes, les secondes étaient comptées. Mélanie pouvait mourir d'hypothermie en quelques minutes et si elle était mal tombée, le choc aurait pu la paralyser et la noyer.

Louise enleva ces pensées parasites et descendit plus rapidement encore.
— Louise arrête ! On a plus de cordes ! Hurla Maxime.
Il restait cinq mètres.
— Ok, je vais me détacher et sauter !
— Quoi ? tu es trop haute encore ! Tu peux te blesser.
— JE M'EN FOU ! PUTAIN MAXIME ! JE PRÉFÈRE AVOIR UNE JAMBE EN MOINS MAIS MA MEILLEURE AMIE À MES CÔTÉS

Et elle lâcha la corde. Dans sa chute, elle se tourna légèrement pour essayer d'atterrir au mieux. Cependant, avec le terrain accidenté, elle sentit sa cheville partir du mauvais côté. Elle retint un hurlement.
— TU VAS BIEN ? Hurla Maxime.
— OUI, grimaça-t-elle.
Elle se releva, sa cheville gauche lui fit mal, mais elle écarta les fougères et les branches qui l'entouraient pour rejoindre le bord de la rivière. Arrivée au pied de la chute, Louise eut un élan d'espoir : l'eau avait l'air assez profonde. Louise commença à enlever son sac à dos, sa doudoune, son pull. En lycra et leggings, elle s'approcha du bord. Avant de se lancer, elle suivit la rivière. Malheureusement, elle comprit vite, que Mélanie avait plus de chances d'avoir été emportée par le courant que coulée au fond de l'eau. Elle remit son pull rapidement, laissa le reste par terre et commença à courir le long du torrent. Sa cheville lui arracha des grimaces de douleurs en continu. Mais elle ne s'arrêta pas, elle hurla le prénom de Mélanie, tout en avançant le plus vite possible. 100 mètres plus loin, Louise vit le sac à dos de Mélanie sur la rive. Elle courut encore plus vite. Elle s'agenouilla à côté du sac, échoué sur le bord de la rive, trempée, gelée. Les larmes arrivèrent de plus belles.
— MEEEEELANIEEEEE ! OU ESSSSS TUUU ! Explosa-t-elle en sanglots incontrôlables. Elle serra le sac fort contre elle, souffla un bon coup et se releva.

— Mélanie, je ne t'abandonne pas ok ! Je te chercherai autant qu'il faudra ! Hurla-t-elle.

Louise hurla cette promesse plus pour elle que pour Mélanie. La culpabilité brulait dans ses veines. Elle recommença à avancer. Toutefois, sa cheville ne lui permettait plus de courir. En marchant à pas rapide, Louise entendit un bruit sourd arriver du ciel. Un hélicoptère passa au-dessus d'elle. L'espoir revint à nouveau en elle. Ils avaient plus de chances de la retrouver en vie avec ce genre de moyens.
Louise avançait toujours et fut bientôt rejoint par des policiers. Elle les vit descendre une piste de randonnée qui menait à la rivière. Ils étaient cinq. Tous en uniforme. Deux chiens les accompagnaient. L'un d'eux s'avança près d'elle. Il avait le regard sévère, il faisait bien deux têtes de plus qu'elle. Il plaça ses pouces le long de sa ceinture.
— Vous êtes Louise ? Vos camarades nous ont prévenus que vous serez là, est-ce que tout va bien ?
— Oui, j'ai suivi depuis la chute d'eau, j'ai retrouvé son sac plus haut, mais je ne l'ai pas vu. Dit-elle en pointant du doigt le haut de la rivière d'où elle venait.
— Vous pouvez nous montrer, l'odeur du sac devrait faciliter les recherches pour le pistage.
— C'est par là.
Louise se retourna et commença la marche. Quelques secondes plus tard, le policier lui ordonna de s'arrêter. L'homme sortit son talkie-walkie.
— Amenez une équipe médicale, nous avons une blessée à la rivière.
— Ok bien reçu, on descend, besoin d'hélitreuiller ? Grésilla la voix sortant du talkie-walkie
— D'après ma première analyse, non.
Il replaça son talkie-walkie sur le devant de son uniforme.
— Madame, vous restez ici et vous attendez les secours. Vous êtes blessée.
— Je vais très bien, je peux vous aider.
— Non, vous restez ici et vous nous laissez faire notre boulot.
— C'est mon ami, j'aide si je veux !
— Vous allez nous faire perdre du temps, alors qu'elle n'en a pas. Restez à votre place, et laissez-nous la secourir. Ses chances de survie sont très faibles à cette saison, ne rendez pas les choses plus difficiles.
Louise vit les larmes s'accumuler sur ses joues. Il l'avait blessé.

La reconquête d'EphithéliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant