Chapitre 42

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En arrivant devant la maison, je ressens comme une boule d'appréhension, comme si quelque chose allait donner une nouvelle direction à notre quête. Bonne ou mauvaise, je ne sais pas, mais je sens que nous sommes sur le point de connaître un changement. Thoran s'arrête devant la porte et me prend par les épaules, me tournant pour que je sois face à lui.


« Avant d'avoir des nouvelles ou de partir, j'aimerais te remercier pour ces semaines passées ensemble. Vraiment, je me suis senti revivre et j'ai le sentiment de compter pour vous. »


Sans réfléchir, je prends Thoran dans mes bras. C'est une étreinte douce et forte à la fois. Il me serre, mais pas comme les dernières fois où j'ai eu l'impression qu'il allait me briser les côtes. Cette fois-ci, c'est différent, teinté de plusieurs nuances.


A présent, je sais qu'il m'a embrassé pour se sentir encré et non parce qu'il a des sentiments à mon égard. Comme s'il lisait dans mes pensées, il se recule et me regarde dans les yeux.


« Ce baiser comptait pour moi, tu sais, mais je préfère que nous ne nous aventurions pas sur ce terrain, pas encore. Tout est encore trop incertain. Mais j'aimerais qu'on en parle un jour, quand l'occasion se présentera. Tu veux bien ? »


J'hoche la tête en signe d'acquiescement.


« Bien sûr, Thoran. Mais sache que tu comptes aussi pour moi, et je te remercie également d'être entré dans ma vie. »


Thoran dépose un baiser sur ma joue et prend ma main pour que nous entrions à l'intérieur. Ses paroles me touchent profondément, et je suis impatiente du jour où nous pourrons discuter sans craindre de ce que l'avenir nous réserve.


Je demande à Thoran de s'installer à table pendant que je vais chercher le fameux grimoire. Lorsque je reviens, je lui montre la page en question, les mots clés inscrits. Je lui expose les coïncidences troublantes en lien avec la prophétie, soulignant l'inévitabilité que tout cela soit bien plus qu'une simple série de hasards. Thoran m'observe avec une attention intense, buvant chaque parole qui sort de ma bouche, son expression oscillant entre l'étonnement et l'espoir naissant.


« Je pense que tu dis vrai, ton instinct ne t'a pas trompé jusqu'à présent, alors continue de l'écouter, » dit-il tandis que sa main caresse la mienne.


Son toucher éveille en moi une chaleur délicieuse et je sens mes joues s'empourprer.


« Je me demande quand même à quoi un pendentif pourrait nous servir, » murmurai-je, perdue dans mes pensées.


« Tu sais, à force de ramener des objets magiques au vieux Fae, je ne m'étonne de plus rien, et plus ils sont anciens, plus leur magie est puissante, » répond-il avec un léger sourire. Puis, il se lève et va chercher dans la cuisine une bouteille d'hydromel des montagnes.


À cette pensée, un mélange d'excitation et de doute m'envahit. Je n'ai jamais eu d'expérience avec des objets magiques, et l'idée même d'un pendentif aux pouvoirs mystérieux me semble presque trop fantastique pour être vraie. Pourtant, la perspective de découvrir quelque chose d'aussi extraordinaire est à la fois palpitante et intimidante.


La peur m'envahit à l'idée de ne jamais trouver ce pendentif, ou pire encore, de suivre une piste erronée. Chaque instant passé dans cette quête semble crucial, et l'incertitude quant à notre succès me rend nerveuse. Les pensées de Thoran et de ses transformations me hantent également. J'espère de tout cœur que mes amis trouveront un remède pour lui, afin qu'il puisse enfin retrouver la paix et la liberté qu'il mérite.


Je suis ramenée à ces souvenirs de l'auberge dans laquelle nous avons dormi avant qu'il parte pour la capitale, comme si c'était il y a des années. Tant de choses se sont passées depuis lors.


« A quoi penses-tu ? » Me demande-t-il


« Je pense à tout ce qui s'est passé depuis notre nuit à l'auberge », répondis-je à Thoran en prenant le verre qu'il me tend.


« Pourquoi as-tu finalement décidé de rester ? » Je lui demande.


Thoran reprend place sur sa chaise et boit la quasi-totalité de son verre.


« Je m'apprêtais à partir, je tenais déjà beaucoup à toi à ce moment et la peur de te faire du mal devenait trop grande, dormir dans la même pièce que toi me terrifiait. »


Je comprends alors pourquoi à chaque fois que nous étions seuls, Thoran ne dormait plus quand je me réveillais, comme la fois dans la grotte.


« J'étais sur le point de partir avant que le soleil ne se lève et Aeri a débarqué devant moi, » reprend-il. « Il m'a demandé de rester à tes côtés, que tu tenais à moi et que ça te briserait le cœur que je parte ainsi. Il a fortement insisté en disant qu'il brûlerait chaque personne qui te ferait du mal, » dit-il en riant. « Ce gros poulet peut être convaincant quand il le veut. »


A ces mots j'éclate de rire, me sentant plus légère de voir Thoran plaisanter ainsi. Cette facette de lui m'avait énormément manqué.


Je descends mon verre d'hydromel d'une traite, me réjouissant du jour où nous pourrons boire un verre sans penser à ce qui nous attend, où nous pourrons nous laisser aller à l'ivresse et simplement vivre, légers.


« Comment te sens-tu ? » lui demandé-je. « As-tu ressenti à nouveau cette sensation d'être partagé entre deux formes ? » À cette pensée, une légère panique m'envahit. Je ne veux plus jamais le voir souffrir ainsi.


« Non, pas du tout ! Je me sens au mieux de ma forme, ancré dans mon corps. Cette fleur semble faire des merveilles, » répond-il en me regardant tendrement, comme pour me rassurer.


« La vie se moque vraiment de moi, » lui dis-je, sentant les larmes me monter. « Tu es la deuxième personne à laquelle je tiens et qui est liée à cette fleur. » Un rire nerveux s'empare de moi.


« Qui était la première personne ? » me demande-t-il en prenant ma main.


Je réalise soudain que je ne lui ai jamais vraiment parlé d'Elyia, hormis cette fois a l'auberge. Et je m'en veux, car elle était une part importante de ma vie. Je suis sur le point de lui répondre, mais un mouvement à l'extérieur détourne mon attention de la conversation.


« Yuna ! Thoran ! Par la déesse, vous êtes là ? Venez vite ! »


La voix d'Elowen m'empli d'une nouvelle panique, tout de suite mon cerveau pense à Aeri, espérant qu'il ne lui soit rien arrivé. Un sentiment d'urgence s'empare de moi, mêlé à une anxiété grandissante.


Nous nous précipitons tous les deux à l'extérieur, motivés par l'urgence de sa voix. Quand nous arrivons dehors, je suis surprise de la retrouver tout sourire, Aeri derrière elle et en bonne santé.


« Que se passe-t-il ? » je demande en reprenant mon souffle. Elowen continue de sourire en nous regardant tous les deux.


« Nous avons trouvé un remède », nous signale Aeri par la pensée.


« Et ce n'est pas tout ! » ajoute Elowen.


À ce moment-là, un mélange d'espoir, de soulagement et de gratitude m'envahit. Mes émotions oscillent entre l'incrédulité et la joie alors que je réalise que nous avons peut-être une solution à la malédiction qui pèse sur Thoran. Une vague de soulagement me traverse, et je suis reconnaissante envers Elowen et Aeri pour avoir trouvé un remède. Mon cœur bat plus fort dans ma poitrine, rempli d'espoir pour l'avenir de mon ami et pour notre quête commune.


Les Destins Entrelacés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant