Chapitre 47

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Je tremble d'appréhension alors que je m'apprête à me trancher l'intérieur de la main. Thoran semble lui aussi peu rassuré, mais il pose sur moi un regard empli de détermination. Elowen m'a expliqué que le gros rocher sert de canalisateur, c'est par lui que nous voyagerons. Thoran est dos au rocher, je l'enlace sans relâcher ma prise sur son dos. D'une main, je tiens le Lithéran et de l'autre le couteau. Je m'ouvre la paume comme l'a fait la femme dans ma vision, laissant le sang couler le long de ma main pour retomber sur le pendentif. Je lâche le couteau et agrippe fermement Thoran.


« Surtout, ne me lâche pas », je souffle, prise de panique.


Puis je nous pousse contre le rocher, et tout mon univers bascule.


Alors que nous traversons le temps, je ressens une sensation vertigineuse, comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Un tourbillon d'énergie m'enveloppe, emportant ma conscience dans un mélange de lumière et d'obscurité. Je suis submergée par une impression de désorientation, de distorsion du temps et de l'espace. Mes sens sont assaillis par une multitude de stimuli contradictoires, et mon esprit est en proie à une confusion intense alors que je passe d'un monde à un autre.


Dans cette tourmente, je sens Thoran à mes côtés, et je m'agrippe de toutes mes forces à lui, comme si sa présence était le seul point stable dans ce chaos. Ses bras solides m'entourent, me protégeant de l'incertitude qui nous entoure. Nous sommes liés dans cette traversée, nos âmes naviguant ensemble à travers les méandres du temps. C'est une expérience à la fois effrayante et réconfortante, car je sais que tant que je suis avec lui, nous pourrons affronter n'importe quel défi, même celui du voyage à travers les époques.


Je laisse échapper un dernier cri et ferme les yeux. Lorsque je les rouvre, je sens le sol dur sous moi et une douleur s'empare de mon bassin. J'entends le doux clapotis d'un ruisseau et le chant des oiseaux, des sons si familiers que je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir où je suis : Lyselwyn.


« Par la déesse, je vais vomir ».


J'ouvre les yeux et mon regard se pose sur Thoran qui se vide contre un arbre. Il ne porte plus son armure habituelle, mais un pantalon brun, une chemise blanche et une cape brune. Je souris en le voyant ainsi vêtu, car cette tenue lui va vraiment bien. Je porte un regard sur ma propre tenue et je réalise que j'ai changé moi aussi. Je porte une longue robe noire et une cape brune. Nos vêtements semblent légèrement anciens, ce qui indique que nous avons effectivement voyagé dans le temps. Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir quand.


Je m'approche de Thoran et lui montre le petit ruisseau pour qu'il aille se rafraîchir. Alors qu'il se nettoie le visage, je vais m'installer près de lui et m'assieds au bord du petit ruisseau.


« Penses-tu que cela a marché ? Que nous sommes dans la bonne époque ? »


Thoran s'assied à côté de moi et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille.


« Je n'en sais rien, ma canaille, mais il est certain que nous sommes dans le passé, regarde nos tenues. » Il n'enlève pas tout de suite sa main de ma joue et finit par se relever.


« Allons, viens ! Allons vérifier cela par nous-mêmes. »


Il doit être à peu près sept heures du matin, car le soleil est encore bas à l'est. Je prends volontiers la main de Thoran pour m'aider à me lever.


« Il faut que l'on trouve ma grand-mère, je ne l'ai jamais connue mais j'imagine que je la reconnaîtrai quand je la verrai. »


« Pourquoi l'as-tu choisie elle ? »


Je lui prends doucement la main et avance en direction du village.


« Car ma mère a dit qu'elle connaissait la prophétie. »

Les Destins Entrelacés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant