Chapitre 21

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Nous avons marché ainsi pendant quatre jours. La côte est est beaucoup plus rocailleuse que du côté de mon royaume. Cela m'a réchauffé le cœur de découvrir un peu plus du pays. On raconte que le château du roi se trouve au nord-est du pays, mais je ne l'ai jamais vu de mes propres yeux. Aeri, Thoran et moi avons renforcé nos liens à travers plusieurs récits de nos vies, et nous nous connaissons beaucoup mieux à présent. Je leur ai même parlé de la prophétie, et aucun d'eux ne m'a prise pour une folle. Aeri pense que si nous voulons trouver des réponses, nous devons monter jusqu'à la base du plus haut pic des Montagnes Sacrées, au pied des chutes d'eau d'Eldorael.


Il a plu quasiment toute la semaine, ce qui nous a donné un rhume à Thoran et moi. Heureusement, j'avais dans ma besace un peu de thym séché que j'ai pu nous faire en infusion chaque soir. Ne voulant pas laisser Aeri de côté, nous avons décidé de dormir dehors avec lui, même s'il a essayé de nous convaincre du contraire. Ce lien que je ressens avec lui ne fait que grandir, mais je ne saurais définir la nature de notre connexion. Je n'ai jamais ressenti cela pour aucun autre être. Et je ne peux comparer les sentiments que j'ai pour lui avec ceux que j'éprouve pour Thoran. Lui est comme un frère pour moi, tandis qu'avec Aeri, je ressens quelque chose de plus fort, comme une connexion ancestrale. Peut-être a-t-il raison, peut-être que nos destins sont entrelacés.


J'ai pris l'habitude de dormir à ses côtés le soir, tandis que Thoran préfère dormir près des chevaux. Et souvent, lorsque je rêve, j'ai l'impression qu'une main me caresse le dos. Je mets ça sur le fait que je me sens en sécurité à ses côtés. Après ces quatre longues journées à cheval, mes fesses me font affreusement mal. Je n'ai pas l'habitude de voyager si longtemps de cette façon. La nuit commence à tomber, et nous décidons de monter le camp sous quelques arbres. La pluie a cessé depuis hier, mais nous ne sommes jamais à l'abri d'un orage en cette saison de l'année.


Aeri nous a appris que le sentier pour commencer l'ascension n'était plus qu'à quelques heures de marche. Il nous a proposé de gravir les montagnes sur son dos, mais Thoran a refusé. Ne voulant pas laisser ce dernier, j'ai également refusé. Thoran nous a indiqué que nous devrons laisser les chevaux ici, ce qui semblait le rendre triste. J'ai l'impression que le guerrier porte une douce affection à ces animaux.


Les deux premiers jours de grimpe étaient éprouvants, j'avais l'impression que mes cuisses et mes mollets allaient me lâcher à tout moment. Quand je reviendrai de cette aventure, il faudra vraiment que je me mette au sport, j'ai la musculature d'une fae de 600 ans. Nous sommes enfin arrivés dans un champ entre deux montagnes, nous offrant enfin un peu de répit. Aeri nous attendait là, près d'un feu qu'il avait préparé au préalable.


« Et bien, vous en avez mis du temps », nous dit Aeri avec une pointe d'humour.


« Oh, c'est bon le poulet, ne flâne pas trop ou je te fais rôtir pour le souper », rétorque Thoran.


À ces mots, j'éclate de rire, leur relation à tous les deux est hilarante. On dirait deux frères qui se battent pour montrer qui a le plus de testostérone, enfin, si les Driffons en sont dotés ?


« Oui, Aëndir, j'en ai, et bien plus que cette guerrière émotive », me dit Aeri en me faisant un clin d'œil.


Je m'approche de lui et lui caresse doucement le flanc. En m'asseyant près du feu, je leur demande :


« Combien de temps allons-nous devoir grimper pour atteindre les chutes d'eau ? » Thoran semble réfléchir.


« À pied, environ encore une semaine. Nous y serons juste avant le début de l'hiver. Mais si nous trouvons effectivement une piste là-haut, il nous faudra redescendre en volant. Et oui, même toi, Thoran », lui dit-il alors que le guerrier allait protester.

Les Destins Entrelacés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant