Chapitre 1

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Les rues d'Orytell étaient silencieuses, à l'exception du raclement de quelques bottes sur les pavés de pierres. Je me déplaçais furtivement dans les ruelles étroites, espérant pouvoir rejoindre mon abri sans éveiller l'attention des gardes errants dans la cité. Les lanternes brillaient, le feu magique qui les alimentait ne pouvant être éteint et offrait des zones d'ombres où se glisser.

J'avais réussi à subtiliser plusieurs livres anciens, écrit par les Dieux. Une échelle me permit de prendre de la hauteur et je me retrouvais à sauter de toiture en toiture. L'obscurité présente ne me dérangeait pas, je connaissais cette cité comme ma poche, chaque ruelle, chaque cachette, chaque raccourci.

Orytell était méconnaissable depuis la disparition de la famille royale, ma famille. Les rues autrefois animées étaient maintenant désertes, hantées par des ombres sinistres et des murmures inquiétants.

Je longeai les murs fissurés, m'arrêtant de temps à autre pour écouter. Les bruits de pas, les éclats de voix, et parfois même les cris déchirants des pauvres âmes qui succombaient à la folie ou aux griffes des répudiés.

Ma cachette se trouvait dans un vieux bâtiment en ruines, jadis une bibliothèque majestueuse. Les souvenirs des heures passées à y dévorer les livres me hantaient, mais ils étaient lointains, presque irréels. Je m'y glissai par une fenêtre brisée, me faufilant entre les étagères effondrées et les piles de livres moisis. L'odeur de parchemin humide et de poussière me réconfortait étrangement.

Je me dirigeai vers le fond de la salle principale, où une trappe dissimulée m'attendait. Je soulevai lentement la planche en bois, retenant mon souffle. Le grincement habituel me fit frissonner, mais personne ne semblait m'avoir suivie. Je descendis rapidement l'échelle de fer, refermant la trappe au-dessus de moi. La pénombre de mon refuge souterrain m'enveloppa, m'apportant une sensation de sécurité relative.

J'allumai une petite lanterne, dont la flamme vacillante éclaira faiblement la pièce exiguë. Mon refuge était spartiate : un lit fait de quelques couvertures rapiécées, des caisses en bois contenants quelques vêtements et une pile de vieux livres. C'était tout ce que j'avais. Mais pour l'instant, c'était suffisant.

Après avoir grignoté mon pauvre repas, je m'allongeais sur ma couche, repoussant mon capuchon pour libérer mes longs cheveux argentés. Je laissai échapper un soupir, éreintée et fermait les yeux un instant, m'endormant aussitôt.

Comme à chaque fois que je dormais, je fus plongée dans le même cauchemar, glissant dans mon esprit comme un serpent et me condamnant à revivre le jour de la Grande Fracture. Le soleil brillait haut dans le ciel, et les températures étaient douces. Je me trouvais dans les jardins du palais Doré, entourée de ma famille. Nous riions, insouciants, lorsque le ciel s'assombrit soudainement. Un grondement sourd résonna, faisant trembler la terre. J'entendis mon père m'appeler et me hurler de rentrer tandis que j'observais le ciel. Les Dieux s'affrontaient au-dessus de nous, provoquant un cataclysme qui allait tout dévaster, leur colère se manifestant par des éclairs déchirant le ciel, et un vent violent.

Et soudainement, le soleil implosa et s'éteignit, plongeant le monde dans une obscurité totale. Je me souvins des cris de panique, des hurlements de terreur qui résonnaient tout autour de moi. Ma mère avait alors utilisé sa magie de feu pour nous éclairer.

Il y eu d'abord une onde de choc qui ravagea la terre et qui fit s'effondrer toutes les structures un peu trop fragiles. Le sol s'ouvrit et engloutit mes deux plus jeunes sœurs ainsi que ma mère. Je hurlais et me précipitais vers la crevasse, mais mon père m'en empêcha en m'attrapant par le bras et en nous entrainant, mon frère ainé Auric, et moi, à l'intérieur du palais. Les domestiques et les gardes courraient dans tous les sens pour sauver leurs vies, sautant par-dessus les armures et les meubles renversés.

Un Royaume Sans Aube - RomantasyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant