Chapitre 13 - Ava

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Quand je me lève, mes pieds frôlent une feuille que je récupère en plissant les yeux. Pourquoi c'est là, ça? J'y découvre un mot manuscrit écrit d'une main tremblante. Je m'empresse de retourner m'asseoir pour déchiffrer ces pattes de mouches.

"Tu peux dormir dans ma chambre, il n'y a pas de baisodrome dans la pièce à côté ;) Je rentre vite, écris moi si tu t'ennuies du silence de Rox. E."

Mon estomac fait un salto, mon cœur s'emballe et une nuée de papillons se logent au creux de mon ventre, créant des sensations que je n'ai jamais ressenti auparavant. Pourquoi je me mets dans des états pareils? Oui, il a pensé à moi avant de partir. Oui, il a pensé à mes nuits chaotiques à cause de ses amis qui ne cessent de s'envoyer en l'air dans la chambre à côté. Oui, il a envie que je lui écrive. Mais est ce une raison pour avoir la tête qui tourne, l'estomac en vrac et le cœur au bord de l'implosion? Peut être... Je n'en sais absolument rien. La dernière fois que mon cœur s'est emballé pour un homme s'était avant de recevoir une gifle, pas parce qu'il me proposait de discuter avec lui! 

Mon index vient frôler le E avec lequel il a signé. Il n'a pas écrit son prénom, respectant ma demande, mais il a tout de même signé de son initiale. Même ça, ça me touche. Je suis trop sensible, je ne devrais pas m'attendrir pour si peu. La dernière fois j'ai terminé enfermée dans une relation toxique pendant près de 10 ans. Il est temps que je grandisse et que j'apprenne à me méfier des autres. Pourtant avec lui, je suis perdue. Il me fait peur, mais c'est aussi le seul homme auprès du quel je me sens en sécurité. Mon trop plein d'émotions finit par s'écraser sur mes joues et je me recouche en position fœtale encore plus perdue. Rox vient se nicher contre mon ventre avec quelques coups de museau pour me montrer son affection. Au moins, lui ne me fera pas de mal!

Ce soir là, au Titan, je sers un groupe d'amis. Lorsque j'apporte leurs plats, l'un d'eux m'interpelle. Souriante, je me tourne vers lui.

— Vous avez besoin d'autre chose Messieurs?

— Oui, ton numéro.

— Je .. euh... Désolée, mais je ne sers que ce qu'il y a sur la carte.

Je m'éloigne d'eux aussi vite que possible alors qu'ils ricanent dans mon dos. Le patron vient me proposer d'échanger de table avec une collègue et j'accepte volontiers. Ces hommes me mettent mal à l'aise. Leurs regards, leurs attitudes, tout. 

A la fin de mon service, je rejoints ma voiture à l'arrière du restaurant. J'ai la désagréable surprise de découvrir le client un peu trop entreprenant de tout à l'heure appuyé sur le capot. Lorsqu'il m'aperçoit, il se redresse et vient à ma rencontre.

— Toutes mes excuses pour tout à l'heure. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Est ce que je peux t'offrir un verre pour me faire pardonner?

— Merci mais j'habite au dessus d'un bar, j'ai ce qu'il faut.

— Un bar?

— Hmm.

Je lui tourne le dos et déverrouille la porte de ma voiture quand il insiste.

—  Il se trouve où ce bar? Je suis curieux de nouvelles expériences. 

Espérant me débarrasser de lui plus rapidement, je finis par lui donner le nom du Clubhouse. 

— Tu es l'une de leurs régulières?

— Tu poses beaucoup de questions et je suis épuisée. 

— Donc tu n'es pas une régulière, ricane t il. Intéressant, très intéressant. On se verra bientôt.

— C'est ça, je lâche dans un soupir alors qu'il s'éloigne enfin.

Quelle importance ce que je suis ou non pour le MC? Après 8 heures de service, je n'ai plus la force d'y réfléchir et m'empresse de faire la route jusqu'au Club. Dans ma chambre, je prends de quoi me changer avant d'aller sous la douche. Des cris d'animaux me parviennent de la chambre d'à côté et je grogne de frustration. Je veux juste dormir paisiblement dans un silence total, c'est trop demandé? 

Après avoir sortit Rox, le bruit de la chambre voisine étant toujours aussi insupportable, je décide d'aller visiter la chambre de Noise. Pourquoi la sienne ne souffre t elle pas de nuisances sonores? Quand j'ouvre la porte, je comprends. Les deux chambres qui font face à la mienne sont en fait une seule et même pièce. Un coin salon a été installé à droite alors que son lit trône contre le mur au fond à gauche. Tout est parfaitement rangé et son odeur est partout. J'inspire à fond et me retrouve tout de suite plus apaisée. Je ne tarde pas à me glisser dans ses draps. M'endormir baigné par son parfum me réconforte, je dors bien mieux en une nuit ici qu'en une semaine de l'autre côté du couloir. 


La Loi du SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant