La Loi du Silence

Chapitre 8 - Ava

Ca fait maintenant une semaine que j'ai commencé à travailler au Titan. L'équipe est gentille et m'a très vite intégrer. Au Clubhouse, comme ils l'appellent, les choses sont différentes. Je suis devenue leur maman de substitution sous prétexte que je leur préparer à manger tous les soirs et que je prends soin de toujours préparer quelque chose pour le petit déjeuner. Les bikers sont finalement tous adorables avec moi et plus personne ne se moque directement de ma nature "bizarre". Le seul qui m'évite comme la peste c'est Noise. Je déteste l'appeler comme ça mais personne ne veut me dire comment il s'appelle, d'ailleurs je me demande si quelqu'un le sait. 

Depuis que je lui ai dit qu'il m'effrayait, il est distant. Il n'échange plus, reste froid et de marbre. C'est le prospect qui m'a rendu les clés de ma voiture en m'annonçant que je n'avais rien a payé. J'ai voulu remercier Noise mais il s'éloigne dès que j'approche. Il a peut être finit par se lasser de mes bavardages incessants cela dit. Pourtant tous les soirs, il attend sur le porche du Club avant de disparaître à la seconde où ma voiture apparaît. Je pensais qu'il m'attendait mais je commence à avoir des doutes. 

Ce soir, sur le chemin du retour après mon service au Titan, j'aperçois une forme sur la route. Je m'arrête quand mes phares éclairent l'animal blessé. Je me précipite pour vérifier s'il est vivant. Ce petit chiot a la patte avant dans un angle peu naturel. Ces gémissements me brisent le cœur et je ne peux me résoudre à le laisser ici. J'enlève ma veste pour l'enrouler dedans. Il se blottit contre mon cœur en haletant à chaque mouvement, il souffre. 

De retour au Clubhouse, je trouve Noise sur les escaliers en train de faire les 100 pas. Il se précipite vers moi quand j'arrive mais je ne fais pas attention à lui et le contourne pour récupérer le bébé blessé. Je l'entend me suivre mais je reste concentrée sur mon objectif, soigner ce petit chien. Dans la cuisine, je le couche sur le plan de travail avant de regrouper ce dont j'aurais besoin. La porte s'ouvre à plusieurs reprises dans mon dos pendant que j'attache des pics à brochettes ensemble pour former une attelle de fortune. 

— Qu'est ce que tu fous Farfadet?, me demande Lenny.

— Arrête de m'appeler comme ça, je gronde.

— C'est lui qui t'appelle comme ça, réplique t il en désignant Noise qui reste toujours impassible.

— Je soigne ce chiot, ça se voit, non?

— Euh...

— Quoi encore?!, je perds patience.

— C'est pas un chien, me fait remarquer Lenny.

Je stoppe mes gestes et détaille l'animal, le pelage gris brun, les oreilles pointues, un nez allongé.

— Bien sûr que si c'est un chiot enfin! Vous voulez pas allez voir ailleurs si j'y suis?

— Et tu comptes en faire quoi après?

— J'ai toujours rêvé d'avoir un chien, j'avoue. Si je ne retrouve pas ses propriétaires je pourrais...

— Mais c'est.. un putain de.. renard!

Je me fige en entendant le son de cette voix rocailleuse. Eraillée par son inactivité, ses cordes vocales grincent quand il les utilise. Lenny pouffe avant de sortir et nous laisser en tête à tête. Je regarde Noise les yeux ronds avant de me renfrogner. Une semaine qu'il m'évite et il ne trouve rien de mieux à me dire? Pourquoi ça me touche tant d'abord? 

— Quand on est poli et qu'on adresse la parole à quelqu'un pour la première fois, on commence par bonjour et ensuite on lui donne son prénom. On évite généralement les grossièretés, je tranche avant de commencer à bander la patte du bébé ... animal? Ce n'est pas un renard.

— Il est .. roux..

— TU es roux, je rétorque en me redressant les mains sur les hanches.

Ma posture, ma réflexion ou que sais je encore, lui arrache un sourire. Pourtant quand je compare ses cheveux au pelage de l'animal ce n'est pas la même chose. Quoique... 

— Tu vois, tu recommences, je m'énerve. Tu n'es capable de me sourire que lorsque tu te moques de moi. Tu m'agaces! En plus, tu es mal poli!

— Bonjour, murmure t il.

— C'est trop tard! Tu peux me laisser tranquille avec mon bébé chien s'il te plaît? Je n'ai pas besoin d'avoir une surveillance rapprochée.

Il hausse les épaules, ouvre la porte et tourne une dernière fois la tête vers moi.

— Renard, corrige t il en souriant. 

 Une fois seule, je prends le temps de regarder l'animal et fais quelques recherches sur internet. Il est possible qu'il ait raison mais je ne m'avouerai vaincue que lorsque j'en aurai le cœur net... dans quelques semaines j'imagine. La patte bandée et à nouveau dans un angle naturel, le bébé semble moins souffrir et commence à renifler ce qui l'entoure, couché sur le côté. 

— Tu as faim?

Je fouille le frigo et sort quelques ingrédients que je lui coupe en morceaux dans un bol. Il se jette dessus et le vide en quelques secondes. Est ce que les renards mangent des croquettes? Parce que si j'accepte d'avoir tord, il va falloir que je le nourrisse avec des rongeurs j'imagine. Je grimace rien qu'à l'idée. On va commencer par tester les croquettes, hein! 

Dans ma chambre, je lui confectionne un panier avec l'aide d'un carton et de vieille couverture que j'ai trouvé. Quand il me réveille deux heures plus tard en glapissant, je maudits ma bienveillance et mon empathie pour les êtres vivants.