Chapitre 6

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Je regarde mon téléphone poser sur la table basse. Comment avait-il pu oser me faire ça ? Pirater mon téléphone, supprimer tout ce que j'avais dedans, le peu de souvenirs qu'il me restait de ma nouvelle vie en sortant de cet hôpital qui était devenu ma deuxième maison après tout ça.

Après un long soupir, je décidei de le levier et de me diriger vers la douche ; le moment de la journée que je redoutais le plus. Celui qui me faisait prendre conscience que mon corps avait été abîmé à un point dont je ne voulais même plus le voir, même plus le toucher. Pendant un certain moment, j'en fis des crises d'angoisse. Rien que le fait de toucher les cicatrices, parce que mon corps de partie et d'autre a été difficile. Alors j'ai utilisé différentes techniques.

Ma salle de bain est équipée de LED rouges pour ne pas faire la différence entre mon tatouage et mes cicatrices. J'utilise des gants très épais pour ne pas avoir à toucher du bout de mes doigts ou même ressentir à travers le tissu ce qui meurtrirait mon corps. Malgré que je puisse toujours voir l'horreur qui se présente à la vue de tous tous les jours, mon œil. J'essais t'en bien que mal de pouvoir essayer de trouver en cela quelque chose de beau. Mais c'est toujours en vain.


Une fois dans la pièce, je laisse l'eau couler pour la laisser se mettre à bonne température, voire brûlante, et je me déshabille pour pouvoir rentrer dans celle-ci quelques instants plus tard. L'eau brulante parcourant mon corps, je ne la sentais presque plus à force d'en prendre. Ayant arrêté la mutilation, c'était la seule manière de m'autoflagéler. En prenant des douches très chaudes, me rappelant la réalité de la vie. Mais j'ai bien peur que le retour de Valentin déclenche en moi tout ce que j'avais décidé d'oublier en faisant mon deuil. Enfin, je ne sais même pas si on peut appeler ça un deuil. J'ai tout simplement fait en sorte de reprendre une vie tout à fait normale. Linda essayait de me faire sortir tous les week-ends de chez moi. Elle avait peur que je me retrouve à me morfondre sur mon sort, car finalement, j'avais tout perdu. J'étais seule, et elle n'avait pas tort.

Une fois ma douche faite, en passant en peignoir devant mon téléphone, je remarque qu'une notification apparaît sur l'écran. La serviette qui servait à me sécher les cheveux dans mes mains tomba à mes pieds.


Il était allumé.

Soit Valentin essayait de me rendre folle, soit... Bah, soit il essayait de me rendre folle tout simplement. Mais il n'allait pas s'en tirer comme ça. S'il est connecté en permanence à mon téléphone, alors grand bien lui face, je n'ai rien à lui cacher.


Je prends la télécommande de ma télé, accède à la musique de mon compte YouTube et lance la première musique de ma playlist. « Pegasus (Comment nous savons) de HI-LO et Space 92 » La musique m'aidait elle aussi à reprendre contrôle de mes sentiments. Montant le son à fond, faisant presque trembler les murs de chez moi. Je sais que les voisins n'allaient pas forcément se plaindre, eux qui font des soirées presque tous les soirs. Je pourrais bien moi aussi à mon tour faire trembler les murs et, si possible, ceux de Valentin également. La musique étant bien entraînante, un sourire prend place sur mes lèvres.

Apprécie ce moment, car je ne parlerai plus, je ne prendrai plus mon téléphone en main et je ne répondrai plus à tes messages non plus. Je comptais bien ne pas me laisser faire, la première fois cela avait sûrement marché, mais pas cette fois. Je suis bien plus intelligent que tu ne le penses, Mon cher.



6 ans plus tôt



L'air était froid et humide. Mon corps également, une douleur vive dans mon crâne me fait grimacer presque instantanément. En ouvrant doucement les yeux, la pupille presque immédiatement rétrécie par le peu de lueur de lumière présente dans cette pièce au mur parfaitement noir, je me redressai doucement. La douleur dans ma tête était presque insupportable, mais c'est ce qui me fit prendre conscience assez rapidement que j'étais belle et bien vivante. Les flashbacks des derniers souvenirs que j'avais refont surface, me conduisant dans un état de panique instantané : en imposant de me lever, je tombai net, ne pouvant pas faire plus de 3 pas. Une chaîne traînait à mes pieds.


– Je suis dans un cauchemar... Je vais me réveiller... dis-je la gorge nouée de larmes que j'essayais de retenir.


Je tournai sur moi-même pour contempler la pièce dans laquelle j'étais, une pièce presque vide, seulement un point d'eau était présent juste à côté de l'endroit où j'étais enchaîné. J'avais dormi au même sol, même pas un matelas ou une couverture n'était à ma disposition. Un plateau de nourriture était disposé à quelques mètres de moi.


– C'est malin, je ne peux pas l'attraper, abruti !


J'avais parlé assez fort pour que quiconque personne présente proche de la pièce puisse m'entendre, mais aucun bruit environnant n'était présent, à mon grand désespoir.

Une pensée pour mon frère me vient, et si finalement je n'avais pas fui quand il m'a demandé d'aller dans cette cabane pour me cacher... Il avait raison : un danger planait belle et bien au-dessus de notre tête, et voilà que je me retrouve enfermée dans un endroit pire que cette cabane.

Je prends les chaînes entre mes mains, suggère de tirer dessus comme je pouvais pour m'en dégager, mais en vain. J'étais prisonnière de cette chaîne, dans un endroit que je ne connaissais même pas, où il faisait froid et humide à la fois, tellement humide que cela en était irrespirable.

Un cri de rage me prend, me laissant tomber à genoux, les mains sur le sol, quand tout à coup la porte au fond de la pièce s'ouvre, laissant un faisceau de lumière plus fort que celui de la pièce m'agresser les yeux. Je les cachai avec l'aide d'un de mes bras le temps qu'il ne s'habitue à ce changement.

À l'entente des bruits de pas, mon instinct me conduit contre le mur pour essayer d'échapper comme je pouvais à cette personne.


— N'approchez pas ! criais-je.

Le crissement d'une chaise sur le sol en béton me fit dégager mon bras de mes yeux pour essayer de voir à qui j'avais affaire. Un homme grand, brun, les cheveux mi-longs coiffés vers l'arrière et barbu se présentait devant moi. Malheureusement, avec le contre jour de la lumière, je n'arrive pas bien à distinguer les traits de son visage. Habillé d'un costume noir qui, à mon avis, doit coûter plutôt cher, il s'assoit sur cette chaise, le dossier de cette ci contre son torse, une cigarette allumée à la bouche. D'un geste du pied assez franc, il rapproche le plateau qui était au sol de moi. Celui-ci, ayant peur de quitter l'homme des yeux, je ne regardai pas la course du plateau finir à ma gauche.


– Bonsoir Eli.






Distance mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant