Chapitre 14

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6 ans auparavant

Je me racla la gorge, faisant comme si je ne l'avais pas entendu.

— Et comment est-ce que tu dois me marquer?

La reprise du son du clavier était encore plus audible, n'ayant aperçu que le dossier de son fauteuil.

– En utilisant un couteau.

– Pardon? Je me levai brusquement en me redressant.

– Un couteau

Je suis entrain de rêver ? Ainsi, cela restera gravé à jamais sur ma peau. Il est probable que ce qui me troublait le plus était son attitude à l'égard de cette révélation : il restait stoïque, comme si celle-ci l'intéressait peu. Alors que je fixais toujours son siège, je remarquai qu'il leva la manche droite de son pull, puis il leva son bras en l'air.
Un J. La cicatrice était assez grossièrement inscrite, elle remontait déjà à plusieurs années et était entièrement guérie. En me rapprochant lentement de lui, je pris son bras dans une de mes mains et caressant du bout des doigts cette cicatrice. Soudain, j'ai ressenti un frisson de dégoût en pensant à la souffrance que celle-ci a dû lui causer, mais surtout en réalisant que c'était mon tour. Je commençai à ressentir de la culpabilité envers les filles qui avaient émie de me faire part de ce détail, tout comme pour celui de la virginité. Sauf si je suis la seule personne à l'être à 17 ans.
Il se dirigea vers un tiroir afin d'en extraire une boîte en velours. Je laissai son bras reposer pour me concentrer sur cette petite boîte. Il l'ouvrit en sortant un poignard.

Celui-ci était complètement noir, seulement gravé d'un serpent se mordant la queue. Un ourobosso, que je connaissais si bien. Mon grand-père m'en avait souvent parlé, celui-ci a plusieurs significations. Le cycle de la vie, la mort, mais également la réincarnation. L'équilibre, semblable au ying et au yang, deux forces complètement opposées, la sexualité et la fertilité, reprenant l'acte en lui-même, part le serpent se mordant la queue. Et enfin l'alchimie. Se faire marquer au sang par un poignard pareil n'était pas rien.
Il remarqua mon expression face à cet ourobosso.

– Ne me dis pas que tu y crois ?

– Parce que toi non ?

— Ça ne reste que de la mythologie, Eli, me dit-il en levant de son fauteuil, assis-toi ici.

Je m'assois sur le fauteuil dont il m'avait pointé du doigt, la meilleure idée qu'il ait eue, étant donné que mes jambes étaient sur le point de me lâcher.

— Attends, finalement, non, relève-toi.

Perplexe, je me relevai, me mettant face à lui. Il me contourna pour s'accroupir à côté de moi, regardant ma hanche.

— Enlève-le.
Je fus tout d'abord surprise par l'ordre qu'il venait de me donner, mais surtout par le fait que j'allais devoir me mettre à moitié nu, mais surtout devant lui. Je n'aimais pas trop cette idée, mais je n'avais apparemment pas le choix quand je remarquai finalement qu'il était totalement sérieux. Moi qui pensais qu'il allait me marquer au même endroit que lui.
Je posai mes mains sur le haut de mon short, hésitant à l'enlever.

– J'essayerai de ne pas te marquer trop fort, mais assez pour que cela se voit.

– Si tu essayes de me rassurer, Valentin, cela ne sert à rien.

Je déboutonnai enfin mon short, essayant de camoufler la gêne qui me monte soudainement à la joue. Me sentant presque nu en face de lui, je fermai les yeux pour essayer d'apaiser les battements de mon cœur qui venaient de tripler. Je serrai les dents au préalable de la douleur que j'allais ressentir. Je sursautai légèrement en sentant ses doigts froids toucher ma peau pour relever délicatement mes sous-vêtements pour avoir assez de place. Un frisson de dégoût me prit en sentant le bout de la lame tout aussi froid que ses doigts.

Distance mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant