19 | L'armée des damnés

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Au fil des heures passées à tourner en rond dans mon petit appartement, le stress ne me lâche pas

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Au fil des heures passées à tourner en rond dans mon petit appartement, le stress ne me lâche pas. Cette fichue photo me fait ressasser ce qui devrait rester enfoui.

Tout mon corps veut retourner à Istok, fouiller chaque recoin pour débusquer le cinglé qui joue à ce jeu malsain avec moi.

Ah ! Si je l'avais entre mes mains !

De nerfs, je froisse méchamment la photo qui se retrouve projetée contre le mur avant de rebondir au sol. Le crâne comprimé, je m'assois et m'attrape la tête un instant puis allume une cigarette pour me détendre.

Non, il ne faut plus que j'y aille !

Ça fait à peine quelques semaines que j'y pose malgré moi les pieds et César tente déjà de m'y enfermer. Faut savoir s'arrêter et se regarder sans tricher. La loyauté d'accord, mais l'obéissance je n'y arriverai jamais.

Je dois trouver une solution, un moyen de tenir mon engagement sans brader ma liberté. Ce serait tellement plus simple si je ne nourrissais pas l'espoir de voir resurgir mon père. Je peux fuir pour me rassurer d'être libre, la vérité c'est qu'Istok représente mon unique chance de le revoir un jour.

La colère viscérale que je ressens envers lui ne suffit pas à effacer l'attachement fou que je lui porte. Parce qu'il y a des vides qu'on ne peut pas combler et il est ce vide. Ce constat me plonge dans un sentiment d'impuissance. Je me sens nulle, incapable de contrôler ma vie. Des larmes d'amertume menacent de couler. Je les retiens, je suis plus forte que ça.

Moi qui ai gagné ma liberté dans le sang et les larmes pour vivre comme je l'entends, il m'est insupportable de la brader par loyauté envers un type qui s'en fiche de moi. Je veux vivre ici ?
Je le ferai ! Quant à mon père, s'il veut me retrouver et bien qu'il se débrouille !

Je broie ma cigarette dans le cendrier et me lève brusquement. J'ai besoin de me remuer pour ne pas m'enfoncer dans mes idées noires. Sur mon téléphone, ma playlist défile. Je choisis du Disco et le pose sur le comptoir à côté de la boîte de César qui n'a pas bougée.

La musique remplit l'air d'un rythme entraînant. Je sors du frigo des ingrédients pour préparer une pizza. Tout en me déhanchant j'étale la pâte, verse de la sauce tomate, éparpille du fromage, quelques feuilles de basilic et hop au four.

Pendant que je danse au milieu du salon, mon téléphone reçoit un message qui coupe la musique. C'est Eduardo. Je clique rapidement pour lui répondre. Apparemment tout s'est bien passé, alors je souris au moins à cette victoire.

Maintenant que je sais qu'il ne viendra pas, je me dirige vers la fenêtre pour fermer les volets. Une fois fait, je pivote vers la porte-miroir et observe mon reflet.

« T'es la meilleure », me félicitais-je un sourire sur les lèvres.

Non seulement j'ai réussi à désobéir à César mais en plus j'ai permis à Eduardo de se venger. Un mélange de fierté et de soulagement m'envahit.

Au pire, on meurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant