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Clac. Clac. Clac.

Ce bruit incessant de la chaise qui grince sur le sol. Un pied qui frappe et une jambe qui tremble. C'est le stress que ressent Gabriel. Le stress qu'il n'arrive pas à évacuer, et qui sort contre son gré.

Clac. Clac. Clac.

"Vous pourriez arrêter ça ? C'est dérangeant."

Son pied se fige sur le parquet de la loge. Il relève la tête et croise le regard de Jordan, assis en face de lui.

Le silence reprend possession des lieux et une musique s'en suit. Des paroles qui passent en boucle et résonnent contre les murs de la pièce, alourdissant le bourdonnement dans les oreilles de Gabriel.

"Vous pourriez baisser le son ? C'est dérangeant" répète Gabriel, un sourire au coin des lèvres.

Sa remarque est accueillie par un rire. Un rire amusé et moqueur. Jordan tourne son téléphone et tend son écran vers Gabriel. Une vidéo passe en boucle sur les réseaux sociaux. Un montage de leur échange du débat précédent.

"Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle" avoue Gabriel d'une voix terne et neutre, agacé.

"Ce qui est drôle monsieur Attal, je vais vous le dire", commence Jordan en défilant ses doigts sur l'écran pour montrer de nouvelles compilations "c'est ce sourire et ces regards que vous avez à chacun de nos débats."

"Parce que maintenant il est interdit de sourire et de regarder son opposant lorsqu'on est censé débattre avec ?" il demande, exaspéré.

"Non mais regardez par vous-même, vous verrez" Jordan tend de nouveau son téléphone à Gabriel qui le prend dans ses mains.

Ses doigts brûlent autour du portable en même temps qu'il défile le fil d'actualité. Puis un sourire s'esquisse à ses lèvres.

"Je pourrais vous dire la même chose..."

"Qui est ?"

"Vos petits regards absolument pas discrets, même les internautes les ont capté à travers leurs écrans" Gabriel affirme en haussant un sourcil, un sourire discret fleurissant sur son visage, intéressé par la tournure de cette conversation.

"Il va falloir arrêter avec ce petit sourire monsieur Attal" averti Jordan.

"Ah !" s'exclame Gabriel "Vous déconcentre t-il donc ce sourire, monsieur Bardella ?" il demande, un rictus au coin de la lèvre.

Jordan hoche la tête, et sa gorge se resserre quand il avale, faisant remuer sa pomme d'Adam. Gabriel suit le mouvement et n'ajoute rien.

Un sourire naît sur le visage de Jordan lorsqu'il le remarque et il se lève de sa chaise, s'approche de Gabriel, doucement, trop doucement.

Gabriel se lève à son tour, laissant le téléphone sur la chaise, abandonné à son triste sort.

"Il ne me déconcentre pas, il me donne envie..." il avoue en s'approchant toujours aussi lentement, ne terminant pas sa phrase.

"De quoi vous donne t-il envie..." la voix de Gabriel est faible, il se recule dans la pièce.

Jordan arrive à son niveau et Gabriel se recule encore, jusqu'à rencontrer le bureau.

"De ça..." confie Jordan avant de poser ses mains de chaque côté du bureau, rendant prisonnier Gabriel de ses bras.

Un souffle léger s'échappe aux lèvres de Gabriel et il incline la tête.

"Je ne vous pensais pas aussi facile" rigole Jordan.

"Et vous donc, si seul un sourire peut vous atteindre..."

"Pas n'importe quel sourire, le votre..."

Jordan fait remonter une de ses mains sur la taille de Gabriel et ce dernier s'assoit totalement sur le bureau. Ses doigts se faufilent sous la veste du premier ministre et il dépose ses lèvres dans son cou. Il remonte doucement dans sa nuque, sa bouche laissant des milliers de frissons sur son passage jusqu'à arriver à son oreille.

"Vous ne vous rendez donc pas compte de l'effet que vous me faites" chuchote Jordan.

Gabriel n'ajoute rien. Il se laisse seulement et totalement aller au contact. Le souffle chaud qui s'échoue contre sa peau, les promesses murmurées dans le silence de l'instant.

La porte de la loge est ouverte brusquement et le moment est interrompu. Triste souvenir d'un échange soudain et irrépréhensible.

"Messieurs," l'homme les regarde suspicieux de leur proximité et se racle la gorge "c'est bientôt l'heure de votre débat. Je venais juste pour vous tenir informés."

Et il repart aussi rapidement qu'il est arrivé.

Jordan soupire et passe sa main dans ses cheveux.

"Je ne sais pas quelle est leur manie de ne jamais toquer."

Gabriel ne dit rien, trop choqué par les événements. Jordan est dos à lui et à l'air de reprendre ses esprits. Gabriel descend du bureau et prend les devants, passe à côté de lui.

"Gabr—"

Gabriel l'interrompt d'une main face à lui. Il prend une grande respiration, se redresse et se retourne face à Jordan.

"Ce n'est jamais arrivé. Nous avons un débat à tenir alors," il fait un signe de tête vers la porte et reprend sa marche, passant les murs de la loge et gagnant le couloir, de retour à la vue de tous.

Jordan déglutit et se ressaisit. Il se redresse à son tour et emprunte le même chemin que Gabriel, direction le plateau.

Amour Éphémère (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant