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NDA : écoutez Power de Isak Danielson pour ce chapitre (je l'ai écrit en partie avec cette chanson dans les oreilles)

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Le second tour des élections législatives approche à grand pas. C'est la dernière semaine, la dernière ligne droite avant de savoir en qui les français ont posé leur confiance.

Et qui dit nouvelle journée, dit nouveau débat. Le dernier d'une longue lignée.

Le premier ministre a passé la journée à travailler parce qu'il ne s'arrêtera que lorsqu'il sera mort, ou que son poste lui sera retiré.

Gabriel est dans les loges des studios de TF1. Un sparring partner est avec lui, il interprète Jordan pour l'entraîner à contrer les arguments qu'il aurait pu sortir durant son débat. Mais il joue aussi le rôle de la présentatrice.

Attal est stressé. Parce que ce débat est le dernier, le final, avant le dernier tour des législatives. Et parce que c'est le moment de réunir les suffrages qu'il manquerait à son parti pour l'emporter. Son corps est tendu, il fait les cents pas dans la pièce, ses chaussures frottent le sol et font grincer le parquet. Ses mains remuent dans tous les sens en même temps qu'il répond à l'interprète. Ses arguments sont là, ses raisonnements aussi, mais ça s'entend dans sa voix qu'il n'est pas sûr de lui. Que l'angoisse de l'issue du dernier tour le prend aux tripes et l'empêche de respirer. Il est effrayé que le Rassemblement National l'emporte.

Le temps passe et l'heure vient pour Gabriel de rejoindre le plateau. Il remercie le sparring partner et quitte les loges. Sur le chemin, il croise Jordan qui revient de son interview. Leurs yeux se croisent et s'évitent aussi rapidement que la peste.

Attal arrive sur le plateau et s'installe derrière la grande table de verre après avoir salué la journaliste. Il pose ses papiers et le débat commence. Les questions fusent et ses réponses aussi. Parce qu'il s'est préparé et qu'il connaît son sujet, le premier ministre est le maître de l'interview.

Lorsque les caméras se coupent et qu'il est congédié, Gabriel remercie toute l'équipe et retourne dans les loges. Quelle n'est pas sa surprise, lorsqu'il ouvre la porte, d'y trouver l'acteur et Jordan Bardella en train de discuter.

Mais le premier ministre est fatigué, désespéré et veut juste se poser un instant. Il s'assoit sur une chaise à distance de Bardella et le regard de son sparring partner lui brûle la peau. Il tourne la tête vers lui pour voir l'homme regarder les politiciens à tour de rôle, intensément. L'acteur se lève et les toise.

"Même lorsque vous ne débattez pas ensemble, votre amour il crève les yeux et les écrans" il avoue et le froid que ça jette dans la pièce est glacial.

"Si vous ne voulez pas que ça empiète sur votre campagne et sur le résultat des votes, vous devriez vous faire plus discrets."

L'homme se retourne sans rajouter un mot et quitte la pièce en prenant bien soin de refermer la porte derrière lui, laissant les deux politiciens seuls.

Gabriel est mis sur le fait accompli. Il y a un moment qu'il s'est rendu à l'évidence de ses sentiments pour Jordan. Mais jamais il n'aurait pensé que ça se voyait tant. Les internautes en font des blagues, des montages et des histoires, seulement pour en rire, n'est-ce pas ?

Le premier ministre sent le regard de Bardella lui trouer la peau tant il est perçant. Il tourne la tête vers lui. Le silence est pesant, bruyant.

Finalement, Jordan se lève. Gabriel pense d'abord qu'il va s'en aller, et il sait qu'il aurait préféré cette situation. Mais l'homme s'approche de lui et Attal est obligé de se lever à son tour parce qu'il n'aime pas l'effet de domination que Bardella a sur lui.

Amour Éphémère (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant