14.

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Le jour fatidique est arrivé. Le suspens est à son comble mais va bientôt arriver à terme.

Le ciel de Paris s'est teinté de gris, comme un reflet de l'atmosphère lourde qui pèse sur les couloirs du pouvoir. En cette fin d'après-midi, les résultats du deuxième tour des législatives viennent de tomber, et le verdict est sans appel : le Rassemblement National a triomphé. Un vent glacial semble s'être abattu sur le Palais de l'Élysée, où les ministres, le visage blême, déambulent comme des ombres.

Dans une salle de réunion aux fenêtres hermétiquement closes, les figures de l'ancien parti présidentiel sont réunies en urgence. La pièce, habituellement imprégnée de murmures confiants et de discussions stratégiques, est désormais traversée par des regards fuyants, des respirations saccadées. Personne n'ose briser le silence, tant la nouvelle a frappé avec la violence d'un coup de tonnerre. Le président, d'ordinaire si maître de lui-même, fixe obstinément la table de chêne massif, le front plissé par une angoisse inédite.

Les écrans de télévision accrochés aux murs diffusent en boucle les images des partisans du Rassemblement National, exultant dans les rues, des flots de drapeaux bleu-blanc-rouge inondant les avenues. Les commentateurs politiques, avec des voix feutrées, égrènent les chiffres comme on annoncerait un décès : une victoire écrasante, inattendue, laissant le pays dans un état de stupeur collective.

La chef de cabinet, jusque-là solide comme un roc, se lève soudainement, les mains tremblantes.

"Nous sommes en crise" dit-elle, sa voix se brisant sous le poids de la réalité. "Le gouvernement est en crise. Nous devons réagir, et vite."

Les regards se tournent vers elle, puis vers le président, cherchant désespérément un signe de direction, une lueur de stratégie. Mais lui reste impassible, comme figé dans le marbre, son esprit perdu dans les méandres d'une défaite qu'il n'avait jamais envisagée.

Les murmures commencent à se faire entendre, d'abord timides, puis de plus en plus audibles. Des phrases coupées, des bribes de propositions qui s'entrechoquent, se contredisent. La peur, palpable, dévore l'assurance qui, quelques semaines auparavant, avait encore bercé les rêves de conquête du pouvoir. L'impensable s'est produit, et le parti qui s'est cru invincible n'est plus qu'un navire sans capitaine, balloté par une tempête qu'il n'a pas su prévoir.

Dans le couloir, un journaliste s'apprête à rapporter la situation à la presse, son visage marqué par une rare gravité. À l'extérieur, les sirènes des voitures de police percent la nuit naissante, tandis que les ténèbres d'une ère nouvelle s'étendent sur le pays.

Gabriel, à l'effigie du Président de la République, se sent perdu. Il est vide, comme si son âme s'était envolée, là-haut, dans le ciel.

Tout se passe très vite mais le Premier Ministre voit les choses se dérouler au ralenti. Il ne sait pas quoi faire, ni quoi dire. La seule chose qui tourne en boucle dans sa tête est que le Rassemblement National a gagné. Que son pire cauchemar est en train de devenir réalité.

C'est en mode pilote automatique qu'il a passé la soirée. Et c'était la pire soirée de son existence — il pèse ses mots.

Maintenant assis sur le canapé, dans ses vêtements de la journée qu'il n'a pas eu la force de changer, Gabriel regarde l'écran éteint de la télé. Son regard est vide, à l'inverse de son esprit. Parce qu'il s'il a peur, il ne doit pas le montrer. Il reste encore quelques temps avant que le nouveau parti ne se mette en place au pouvoir. Même si la machine est lancée et qu'il est trop tard pour l'arrêter, peut-être que le Rassemblement National peut-être stoppé, peut-être auront-ils le temps de raviver les esprits, d'ouvrir les yeux des compatriotes. Gabriel en doute. Le choix a été fait, et le parti de Bardella l'a emporté avec la majorité des suffrages.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 28 ⏰

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Amour Éphémère (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant