7.

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Après avoir marché dans un silence bruyant, les deux politiciens arrivent au pied de l'immeuble du premier ministre.

Gabriel fouille ses poches à la recherche de ses clés.

Pendant ce temps, Jordan le regarde. Il lève les yeux au ciel et attrape le paquet de cigarettes dans son pantalon. Lui aussi est fatigué de sa journée, de ses semaines. Le Rassemblement National a peut-être emporté le premier tour des élections mais rien n'est encore gagné et il faut continuer à se battre pour finir en tête. Sa campagne électorale n'est pas de tout repos non plus et ses nuits sont écourtées par son travail.

Il prend une clope et range le paquet dans sa poche. Ses doigts glissent sur le briquet et il enflamme le bout de son cancer. La première taffe est toujours celle qui lui apporte du réconfort, un sentiment de renouveau. Le venin s'infiltre dans ses poumons et il se sent oxygéné après cette journée épuisante et on ne peut plus stressante. La fumée qui s'échappe de son nez réchauffe l'air froid de la nuit parisienne et il rejette le reste du poison par les lèvres.

"Vous fumez ?" demande Gabriel, un air étonné sur le visage en relevant la tête vers lui.

"Quand j'ai besoin d'évacuer, oui."

Gabriel pince ses lèvres. Il ne connaît que trop bien cette sensation.

"Vous avez retrouvé vos clés ?"

Le premier ministre lâche un rire nerveux d'avoir été observé dans sa galère. Il hoche la tête et amène les clés en face de lui pour les montrer à Jordan. Jordan qui rigole en voyant le porte clé qui accompagne le trousseau.

"Comme c'est mignon" il avoue en crachant la fumée de sa cigarette sur le côté pour ne pas l'envoyer dans le visage du premier ministre.

Le sourire sur le visage de Gabriel s'estompe et il récupère sa main qu'il glisse dans sa poche, avec les clés. Il s'approche de l'entrée, ses doigts parcourent le digicode et la porte s'ouvre.

Il se retourne pour voir Bardella écraser sa clope contre le sol, à moitié consumée.

"Vous avez un cendrier, là" Gabriel pointe le rebord de la fenêtre du doigt et Jordan ramasse le déchet pour le jeter dans le récipient.

Sans prêter attention à son opposant, Gabriel s'engouffre dans les couloirs et attrape l'ascenseur. Jordan le suit et les portes coulissantes se ferment derrière lui. L'étage numéro trois est appelé et le silence assourdissant de l'habitacle les englouti. Jordan ne peut penser qu'à une seule chose à cet instant : la chanson en apesanteur de Calogéro. Elle est partout sur les réseaux et lui et Gabriel en sont les principaux concernés. Ses doigts se tordent et il lie ses mains pour les empêcher de faire une connerie.

"J'arrive à me glisser juste avant que les portes ne se referment."

Jordan laisse ses yeux dériver sur les numéros clignotant dans la pénombre de la pièce, les doigts crispés par ses pensées.

"Les chiffres dansent, tout se mélange je suis en tête-à-tête avec un ange."

Son regard dévie dans le miroir où il observe le profil du premier ministre. Son air fatigué, ses traits tirés. Mais malgré tout ça, Gabriel reste droit, comme si rien ne pouvait l'abattre. Leurs yeux se croisent dans le reflet de la glace et Jordan détourne les siens sur les chiffres.

"Les yeux rivés sur les étages..."

Premier étage.

"Pourvu que rien n'arrête le voyage..."

Deuxième étage.

"En apesanteur... Pourvu que les secondes soient des heures."

Finalement, les portes s'ouvrent sur le bon étage et Jordan est le premier à sortir de l'ascenseur. Mais il est difficile pour lui de sortir de la bulle qu'il s'était créé la-haut, dans sa tête.

Amour Éphémère (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant