Une Nuit, Deux Chemins

{Chapitre_8}

Soukeyna avait déjà une intuition que Amsatou souhaitait leur confier certaines choses une fois que les enfants seraient endormis. C'est pourquoi elle ne fut pas étonnée lorsqu'elle aperçut Aïssatou et Amsatou sortir main dans la main, prêtes à partager un moment de complicité et de confidence. Amsatou, cherchant probablement un moment de tranquillité pour s'exprimer, s'installa sur une chaise, tandis que Aïssatou prit place en face d'elle, l'air attentif et bienveillant. Pendant ce temps, Ibou, était sorti pour jouer à un jeu vidéo avec ses amis, laissant ainsi les adultes discuter en toute sérénité et sans interruption.

Amsatou commença alors à parler, exprimant sa reconnaissance avec une voix empreinte de sincérité et d'émotion : "Je ne cesserai jamais de vous remercier, tante et Aïssatou, d'être mon soutien dans les heures les plus sombres de ma vie. Je crois qu'il n'y aura jamais un moment où je vivrai une telle obscurité épaisse comme je l'ai fait il y a cinq ans."

Elle marque une pause, revivant intérieurement ces instants pénibles, puis continue avec une voix légèrement tremblante : "J'ai découvert que j'étais enceinte en allant à l'hôpital pour un contrôle. Je ne savais pas quoi faire à ce moment-là. Je n'avais ni argent, ni emploi et je ne connaissais même pas l'homme qui m'avait mise enceinte."

Les mots de Amsatou résonnaient dans la pièce, chargés de la douleur et de la confusion qu'elle avait ressenties à cette époque. Aïssatou et sa mère écoutaient attentivement, conscientes de l'importance de ce partage. Leur présence et leur soutien avaient manifestement été cruciaux pour Amsatou, et elle voulait leur en témoigner toute sa gratitude. Les souvenirs de ces moments difficiles semblaient encore vifs dans son esprit, mais il était clair que l'affection et l'assistance de Aïssatou et de sa tante avaient joué un rôle déterminant dans sa capacité à surmonter ces épreuves. En revisitant ces souvenirs, Amsatou souhaitait non seulement exprimer sa reconnaissance, mais aussi renforcer les liens qui les unissaient.

Ainsi elle continua son récit : "Mais le médecin qui m'a soignée a pris l'initiative de me surveiller de près par la suite. Je lui ai tout raconté, de la manière dont les événements se sont déroulés, et il a décidé de demander l'aide de ses parents adoptifs. Ces derniers vivent à DALOA. Ils ont accepté avec bienveillance de prendre soin de moi et de ma grossesse. Ainsi, j'ai obtenu un visa et j'ai voyagé sans vous en informer. En arrivant là-bas, ils m'ont accueillie chaleureusement et m'ont rapidement intégrée dans leur foyer. J'ai même commencé à travailler, ce qui m'a permis de faire des économies substantielles. Un jour, mon ami médecin (Idrissa) est venu me rendre visite et a passé deux semaines avec moi, ce qui m'a énormément réconfortée. Pendant toute la durée de ma grossesse, ils m'ont entourée de soins attentifs et constants, jusqu'à ce que je donne naissance à mes bébés. La mère d'Idrissa a ensuite pris la relève comme nounou et baby-sitter pour les garçons, ce qui m'a permis de continuer à travailler et à économiser de l'argent pour mon retour éventuel. Pendant quatre ans, j'ai travaillé avec assiduité, sachant que chaque jour me rapprochait un peu plus de mon objectif de revenir auprès de vous. Les garçons grandissent bien, et je voyais qu'ils devenaient de plus en plus indépendants. C'est à ce moment-là que j'ai pris la décision de rentrer chez moi. J'en ai parlé à Idrissa, lui expliquant mon intention de revenir. Compréhensif et toujours prêt à aider, il m'a dit qu'il me tiendrait informée dès qu'il trouverait une opportunité d'emploi pour moi, afin de faciliter mon retour".

Amsatou, en racontant son histoire, montrait à quel point le soutien et l'aide des autres avaient été essentiels pour elle. Aïssatou et sa mère écoutaient attentivement, sentant toute l'émotion et la gratitude dans ses paroles. Ce récit, bien que douloureux par moments, témoignait de la résilience de Amsatou et de la générosité des personnes qui l'avaient aidée à traverser cette période difficile. Leur rôle avait été déterminant, non seulement pour sa survie, mais aussi pour lui permettre de se reconstruire et de revenir plus forte.