{Chapitre_23}

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Mouhamed laissa échapper un soupir lourd de sens, un bruit qui résonnait comme un écho de son agitation intérieure. Il savait parfaitement que Mme Hann, cette femme au caractère curieux et à l'esprit aiguisé, ne manquerait pas de lui poser des questions sur la manière dont il avait croisé le chemin des enfants. Dans un coin de son esprit, il était conscient qu'échapper à ses interrogations serait une tâche impossible.

« Allez, posez-moi toutes les questions que vous souhaitez, Mme Hann, » répondit-il avec une désinvolture feinte, croisant les jambes dans un geste qui visait à masquer son trouble sous une façade de calme.

« Je me demande, pourquoi venez-vous tout juste de faire connaissance avec ces enfants ? » interrogea-t-elle, son regard perçant l'analysant avec une insistance qui aurait pu faire rougir n'importe quel homme.

Un frisson d'inquiétude parcourut Mme Hann. Si Mouhamed savait déjà qu'il avait deux fils, pourquoi ne s'était-il pas rapproché d'eux plus tôt afin de découvrir leurs désirs, leurs besoins, et de tisser des liens authentiques avec eux ? Une question lancinante s'imposa à son esprit, mais il s'efforça de la chasser.

« Écoutez, je viens tout juste de les rencontrer aujourd'hui, » expliqua-t-il, la sincérité de ses mots trahissant une vulnérabilité qu'il n'avait pas l'intention de dévoiler. « Honnêtement, je ne sais même pas qui est leur mère. C'est une rencontre fortuite, si l'on peut dire. J'ai croisé ces enfants et, en un instant, j'ai su qu'ils avaient un lien avec moi. »

Mme Hann, visiblement perplexe, ne pouvait s'empêcher de soulever des doutes sur cette situation pour le moins inédite. « Attendez une seconde, vous les avez donc ramenés chez vous sans même savoir qui ils sont réellement, ni qui est leur mère ? » s'étonna-t-elle, une note d'inquiétude teintant sa voix.

La possibilité que ces enfants ne soient pas réellement les siens la troublait profondément.

« À quel moment avez-vous commencé à vous engager avec des femmes au point de ne pas connaître la mère de vos propres enfants ? C'est tout simplement incroyable, » poursuivit-elle, l'incrédulité se lisant sur son visage.

Mouhamed, bien que dérouté par l'ampleur de ses questions, se sentit soudain animé d'un sentiment de détermination. « Je vous assure, Mme Hann, que ce sont bel et bien mes enfants, » répliqua-t-il avec une assurance qui ne laissait place à aucun doute. « Nous avons même effectué un test ADN avant de rentrer. Le moment de leur naissance coïncide exactement avec une rencontre que j'ai faite il y a cinq ans. Mais, je dois vous avouer que je ne connais pas vraiment cette femme... »

Un flot de souvenirs, à la fois doux et amers, affluait dans son esprit. Il se remémora cette nuit-là, où tout avait basculé, et il prit une profonde inspiration, ses pensées s'égarant un instant dans les méandres de ces souvenirs lointains. Il tourna son regard vers Mme Hann, qui semblait complètement abasourdie, ses yeux écarquillés par la surprise et la confusion.

Elle demeurait là, muette, tentant de digérer l'absurdité de la situation. Peut-être que Mouhamed avait effectivement raison de ramener ces enfants chez lui. Après tout, il était persuadé à 99 % qu'il était leur père.

De son côté, Boubacar Ndao venait tout juste de conclure une soirée torride avec sa compagne, Rita. Ils étaient allongés côte à côte, haletants, et l'esprit de Boubacar errait dans les méandres de ses pensées. Il se demandait encore si les enfants qu'il avait entrevus plus tôt n'étaient pas en réalité les siens.

Rita, sentant son trouble, haussait les épaules et se blottissait contre son bras. Boubacar, touché par ce geste empreint de tendresse, l'attira contre lui avec une affection palpable.

Une Nuit, Deux CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant