Une Nuit, Deux Chemins

{Chapitre_24}

« Écoutez-moi d’abord, s’il vous plaît ! »

Boubacar se retourna brusquement, ses yeux profonds se fixant sur Idrissa avec une intensité palpable. Ce dernier hocha la tête lentement, conscient de l’importance de l’information qu’il s’apprêtait à partager.

« Dis-moi, est-ce que Amsatou Tall est l’amie dont tu m’as parlé ? » interrogea Boubacar, la curiosité mêlée d’une certaine inquiétude dans sa voix.

Idrissa, visiblement hésitant, acquiesça. « Oui, c’est bien elle. »

Boubacar l'observa, intriguée. Il savait que Amsatou avait été bien plus que cela pour Mouhamed. En effet, il se souvenait des murmures qui avaient circulé. Amsatou n’était pas seulement une amie ; elle avait été l’amante d’une nuit, celle qui avait bouleversé la vie de Mouhamed Ndao. Son frère n’était plus le même depuis cet incident, comme si une ombre s’était installée dans son cœur.

« Je me souviens de cette nuit, » murmura Boubacar, le regard perdu dans ses pensées. « Il était tellement préoccupé qu’il en est tombé malade, cherchant désespérément à la retrouver. Il a même dû en parler à nos parents.

Idrissa, d’un ton grave, ajouta : « Tu sais, après cette nuit avec toi, Mouhamed, Amsatou a vécu un véritable enfer. Quand elle a réalisé qu’elle était enceinte, c’était comme si le sol s’était ouvert sous ses pieds. Elle aurait voulu s’y cacher pour l’éternité… »

Mouhamed, assis là, demeura silencieux. Les mots de Idrissa résonnaient en lui comme un écho douloureux. Il savait qu’il lui avait infligé une souffrance incommensurable, surtout lorsqu’il avait agi sans réfléchir, découvrant trop tard qu’elle était une femme d’une pureté rare. Il ressentait un désir profond d’assumer ses responsabilités envers elle, mais il n’avait jamais eu l’occasion de la retrouver.

« Je veux la rencontrer immédiatement, » déclara Mouhamed, la détermination dans la voix. « Boubacar, fais en sorte qu’elle soit ici, devant moi. »

« D'accord, je vais m'en occuper, » répondit Boubacar.

À cet instant, le téléphone de Idrissa se mit à vibrer, interrompant l’atmosphère chargée d’émotion. Il jeta un coup d'œil à l'écran et vit que c’était sa petite amie. Il hésita un instant avant de répondre.

« Bonjour, ma chérie, » commença-t-il d'une voix douce, mais une ombre de tension traversait son visage. « Non, écoute-moi, Amsatou, s’il te plaît. Je ne peux pas faire partie de ceux qui te feraient du mal. Viens au Groupe Ndao, tu retrouveras tes enfants… » Il soupira longuement, sentant la conversation s’achever sans apporter de solution.

« Amsatou est en route, » annonça-t-il finalement, son regard se perdant à nouveau dans le vide.

La tension dans la pièce était palpable. Mouhamed se leva, son cœur battant à tout rompre. La perspective de revoir Amsatou le remplissait d'un mélange d'espoir et de crainte.

Allait-elle lui pardonner ?

Aurait-elle encore de la place pour lui dans sa vie ?

« Je ne peux pas croire que cela arrive enfin, » murmura Boubacar, presque pour lui-même. « Après tout ce temps, ils vont enfin pouvoir s’affronter. »

Idrissa acquiesça, partagé entre l'inquiétude et le soulagement. « Oui… mais il faut que cela se passe bien. Ils ont tous deux besoin de clarté. »