{Chapitre_21}

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"Bonsoir Mouhamed, je viens tout juste d'arriver dans le pays. J'aimerais beaucoup avoir l'occasion de vous rencontrer pour déjeuner demain," proposa Alice Ndour avec une lueur d'espoir dans la voix.

Malgré les trois années qui s'étaient écoulées depuis leurs fiançailles, elle ressentait une frustration grandissante face à l'indifférence persistante de Mouhamed, tant vis-à-vis d'elle que de leur relation.

À l'époque où ils avaient décidé de s'engager, Alice était encore une étudiante en licence, pleine de rêves et d'ambitions pour l'avenir. Elle s'imaginait un avenir radieux, partagé avec l'homme qu'elle aimait. Cependant, aujourd'hui, alors qu'elle venait tout juste d'obtenir son diplôme, elle ne pouvait s'empêcher de constater avec amertume que son fiancé ne montrait aucun intérêt à s'investir dans leur relation. À chaque fois qu'elle tentait de lui parler, elle se heurtait à un mur d'indifférence.

"Je suis occupé," rétorqua-t-il sèchement au téléphone, avant de mettre fin à la conversation d'un clic désinvolte.

Cette réponse, fit l'effet d'une claque àAlice. Elle se retrouva seule avec ses pensées, se demandant pourquoi certaines femmes, comme elle, pouvaient être si aveugles à la réalité des choses.

Ne réalisait-elle pas, après tout ce temps, qu'il n'avait jamais eu l'intention de s'engager sérieusement avec elle ?

Les familles de Mouhamed et de A étaient liées par une longue amitié, et il était prévu que cette relation soit renforcée par le mariage de leurs enfants. C'était d'ailleurs son propre père qui avait exercé une pression sur lui pour qu'il accepte ces fiançailles.

À l'époque, Mouhamed avait clairement exprimé qu'il n'éprouvait aucun sentiment pour Alice. Malgré cela, son père avait insisté pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas s'attendre à aimer quelqu'un avant même d'être fiancé. "L'amour est un processus qui prend du temps," lui avait-on répété. Selon cette logique, il finirait par développer des sentiments pour elle une fois qu'il réaliserait qu'il avait une fiancée.

Cette perspective ne faisait qu'accroître le désespoir de Alice. Elle se demandait si elle avait été trop naïve en croyant que l'amour pouvait naître de l'engagement. Chaque jour qui passait était un rappel cruel de son isolement émotionnel. Ses amis lui disaient de passer à autre chose, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'accrocher à l'espoir que Mouhamed finirait par voir qui elle était vraiment et apprécier sa présence dans sa vie.

Elle se remémorait les moments passés ensemble, les rires, les discussions au clair de lune, et elle se demandait si ces souvenirs avaient encore une place dans le cœur de Mouhamed.

Était-il capable de ressentir quelque chose pour elle, ou était-elle condamnée à rester dans l'ombre de son indifférence ?

Cela fait désormais cinq années entières que cet événement marquant a eu lieu, et il est frappant de constater qu'il est toujours impossible pour Mouhamed d'éprouver le moindre sentiment d'amour, que ce soit pour Alice ou pour quiconque d'autre. Malgré les affirmations optimistes de son père, qui avait cru fermement en la possibilité d'un amour naissant, la réalité est tout autre. Chaque jour qui passe, son aversion pour elle ne fait que s'intensifier, se transformant en un rejet manifeste qui semble inébranlable.

Alice, de son côté, se retrouve complètement abasourdie par cette tournure des événements. Quelle absurdité, se dit-elle, alors qu'elle essaie de comprendre la psychologie complexe de Mouhamed.

Comment a-t-il pu mettre abruptement fin à leur conversation alors même que c'est elle qui avait pris l'initiative de l'appeler, espérant raviver une connexion ?

Une Nuit, Deux CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant