{Chapitre-11}

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Alioune demeura muet face aux paroles de sa mère, refusant catégoriquement de lui adresser la moindre réponse, fût-elle ne serait-ce qu'un simple mot. Il enclencha le contact de son véhicule et entama une marche arrière, s'éloignant ainsi de sa génitrice pour regagner les locaux de son entreprise. Les remarques désobligeantes et déplacées que sa mère et Kiné avaient autrefois proférées à l'encontre de leur relation lui revinrent alors cruellement à l'esprit, ravivant de douloureux souvenirs. S'il n'avait pas été dénoncé à sa mère par Kiné, il n'aurait jamais eu à subir cette pénible confrontation. Il n'aurait jamais dû accepter cette invitation à déjeuner avec sa mère dans ce restaurant, au cours de laquelle il avait malheureusement croisé la route de Amsatou.

L'image de Amsatou ne cessait de hanter son esprit, telle une obsession lancinante. Cette femme était devenue encore plus belle et mature qu'autrefois, dégageant désormais une aura de charme et de sophistication qui ne manquait pas de le captiver.

Était-elle à présent mariée ?

Avait-elle pris la décision de quitter le pays ?

Il brûlait d'un ardent désir de la revoir, dans l'espoir de pouvoir remettre les choses à plat entre eux. Accepterait-elle seulement de lui accorder une nouvelle chance s'il revenait la trouver ? Lorsqu'il l'avait autrefois chassée de sa vie, elle était pauvre et blessée. Mais il n'avait pas su percevoir à quel point elle saurait se reconstruire et avancer dans la vie d'une manière plus sophistiquée et épanouie.

Alioune était fermement résolu à retrouver Amsatou et à lui présenter ses plus sincères et humbles excuses. Même s'il ne pouvait plus prétendre être son époux légitime, il espérait ardemment qu'elle puisse l'accepter et le considérer à nouveau comme un ami de confiance. Incapable de se concentrer sur les tâches qui l'attendaient au travail pour le reste de la journée, son esprit ne cessait de dériver et de se tourner vers la figure de Amsatou Tall, hanté par ses souvenirs et ses regrets.

De son côté, Amsatou avait fait l'acquisition d'un véhicule automobile et s'était empressée de faire inscrire ses deux enfants dans leur nouvelle école de quartier. Elle avait méticuleusement emménagé seseffets personnels et ceux de sa famille dans la maison fraîchement acquise, entourée et épaulée par quelques amis fidèles l'accompagnant pour l'aider dans cette transition. Soupirant doucement, elle savait désormais avec certitude qu'elle était prête à affronter courageusement cette nouvelle étape cruciale de sa vie. Elle avait délicatement installé ses enfants chéris dans leurs chambres respectives avant de s'installer elle-même dans la sienne.

Amsatou avait pris soin de préparer pour ses fils leurs petits pains cuits à la vapeur, l'un de leurs mets favoris, et leur avait promis avec enthousiasme de les emmener découvrir les merveilles de la ville pendant le prochain week-end. Bien qu'elle fût encore incertaine quant à la nature exacte de son futur emploi, elle se réjouissait avec impatience de profiter pleinement de ce précieux week-end pour elle-même. Elle se sentait comme une femme épanouie et comblée, avec une vie stable, un emploi rémunérateur et deux merveilleux garçons qu'elle chérissait par-dessus tout. Elle était déterminée à vivre ses prochains jours en s'assurant de faire le bonheur et le bien-être d'elle-même et de sesenfants bien-aimés.

Ce jour-là, alors que le soleil commençait à décliner sur la ville, Idrissa a gentiment proposé de raccompagner Aïssatou jusqu'à son domicile. Déjà, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver des sentiments tendres et affectueux envers cette jeune femme, un véritable coup de foudre l'ayant frappé dès leur première rencontre. Rassemblant son courage, il a alors osé lui demander timidement s'il serait envisageable qu'ils déjeunent ensemble le lendemain, espérant au fond de lui que cette invitation ne la dérangerait pas ou ne la gênerait pas.

Une Nuit, Deux CheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant