01 - une victoire au goût amer

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JASON





— Monsieur Mendal, j'ai deux nouveaux messages pour vous, survient la voix de mon assistante depuis l'interphone.

— Entrez Eloïse.



     A peine quinze secondes plus tard, elle rejoint la pièce, haletante. Passé le cap des quarante ans, il faut croire que monter trois marches vous essouffle. Elle joue avec l'élastique de la pochette qu'elle tient entre ses mains, fuyant mon regard, comme si elle appréhendait une mauvaise réaction.


—  D'abord la bonne nouvelle, je lui ordonne. Ensuite la mauvaise.

— Vous avez obtenu le contrat pour la soirée de lancement de la boisson énergisante Zoam drink, sourit-t-elle exagérément. J'étais persuadé que vous alliez l'avoir, vous vous êtes donné dans de mal pour ça ! J'ai toujours su, jacasse-t-elle. Votre équipe pensait que c'était foutu face à EPMC mais-

— La mauvaise maintenant.



     Je l'ai coupé car je devine que de cette victoire, en découle la défaite : ainsi je ne peux ni la savourer, ni m'en vanter. Elle replace les lunettes au somment de son nez avant de reprendre sa respiration et de poursuivre :


— Pendant que vous vous donniez tant de mal pour Zoam drink, un concurrent a remporté le contrat sur lequel vous vous battiez depuis des mois.

— Lequel ?

— L'inauguration du nouvel hôtel, le Palace. 



     Une colère silencieuse rugit en moi. Comme l'a dit Eloïse, cela fait plusieurs mois que je suis sur le projet, et voilà qu'il me file entre les doigts. Mes poings se serrent sous la table car je sais pertinemment la réponse à ma prochaine question :


— Qui l'a obtenu ?

— Lou Maillard de chez EPMC, Monsieur.



     Je me suis fait avoir en beauté par mes propres stratagèmes. Cela ne m'était pas arrivé depuis bien longtemps. Car quand je joue, je gagne. Et les rares fois où je perds, je ne peux qu'applaudir celui qui s'est montré plus intelligent, plus rusé.

     Mon assistante qui n'a pas parlé depuis, s'avance et me tend la pochette entre ses mains.


— Il s'agit du contrat Zoam drink, tout semble en ordre d'après moi.


     Je parcours les pages à l'intérieur reliées par une agrafe. Entre mes mains se trouve la consécration de mon travail en une réussite, et pourtant, cela m'a tout l'air d'un échec.



— Eloïse ? je l'interpelle alors qu'elle quittait mon bureau. Faites des recherches sur cette Lou Maillard.


     Elle se retourne, replaçant une mèche derrière son oreille.


— Q-que voulez vous savoir exactement ?

— Tout ce que je ne sais pas déjà.









| une semaine plus tard |








Le soleil, au travers les grandes baies vitrées de mon bureau, me caresse la peau : je ne peux qu'apprécier cette venue de chaleur en un hiver si glacial. Du moins, elle n'est pas la seule que je vais apprécier.


— Monsieur, de la visite pour vous, se manifeste mon assistante. Lou Maillard, précise t-elle.



     Les feuilles encore étalées sur mon bureau témoignent du pétrin dans lequel elle m'a mit. Et pourtant je ne peux m'empêcher de sourire, amusé par cette nouvelle. Je suppose que mon attention lui a plu.


— Faites la rentrer, prie-je en rassemblant les éléments du dossier.



     Quelques secondes plus tard, la silhouette élancée fait son entrée. Vêtue d'un tailleur gris, ses épaules qui me semblaient si fines sont devenues carrés. Mon regard s'attarde sur ce qu'elle tient en main : la bouteille de champagne que je lui ai offerte ainsi que deux flutes.


— Un cadeau est un cadeau très chère.

— Je sais bien, mais c'est meilleur partagé, répond t-elle un sourire carnassier. Puis l'Histoire m'a toujours enseigné de faire goûter l'ennemi d'abord, avant de se faire empoisonner.


J'ai un rictus. Elle s'installe sur la chaise en face de mon bureau, avant d'ouvrir la bouteille et de nous servir une coupe chacun. Nous trinquons, et sous son regard injonctif, je trempe mes lèvres après elle.


— Vous êtes un homme de goût Mendal, me complimente-t-elle.

— On m'a éduqué ainsi.

— Et c'est tout à votre honneur.



Reculé dans mon siège, je tente de déceler ce qu'elle mijote. Mais son regard n'en dis pas assez. Alors je cesse l'observation de son visage harmonieux pour passer aux questions. 


— Qu'est ce qui vous mène ici chère Lou ? Vous souhaitiez me revoir ? dis-je en espérant secrètement que ce soit le cas. Ou vouliez vous voler tous mes dossiers après m'avoir piqué le Palace ?


Elle prit une nouvelle gorgée pour cacher l'étirement de ses lèvres dans ses joues, avant de me défier du regard.


— Laquelle de ces réponses aimeriez vous entendre ? s'enquit t-elle, se levant de sa chaise. Car je risque de vous décevoir, Jason.



Ses mains appuyées sur mon bureau, elle reste de marbre, le regard pourtant mielleux. Une tension naît, et je peux sentir une pointe de rage dans ses yeux avant qu'elle ne reprenne :


— Ces enfoirés de chez EPMC veulent me virer. Je ne suis pas censé être au courant, mais je le sais. Alors, j'ai pour projet de dénicher tous les pires dossiers possible en cadeau d'aurevoir, m'explique-t-elle avec une expression malicieuse.


Me retenant de déglutir face à ce qui me semble être mon propre reflet, j'échappe un léger rire.


— Je ne peux rien faire pour vous. Sauf vous conseiller d'aller chez Devenmentiel : des contrats merdiques ils en ont une tonne.

— Devon est un con, mais il fait souvent le tri dans ses dossiers.



Nous semblons avoir un nouveau point commun : ne pas aimer Devon. Et c'est suffisant. Si je me fie à son regard, elle pense à la même chose que moi. Mais elle le détourne, arrivant à son sac. Lou en sort une pochette avant de la poser sur le bureau.


— Evidemment, j'emporte avec moi les meilleurs contrats, développe-t-elle. La majorité des clients choisissent l'agent, et non pas l'entreprise.



Faisant désormais glisser la pochette sous mes yeux interrogateurs, elle déclare :


— Vous êtes bon joueur Jason. Tout comme moi - du moins d'habitude. C'est pour cette raison que je vous rend l'inauguration du Palace, en guise de bonne foi.



Admiratif devant tant d'assurance, je ne peux la quitter des yeux.


— Rejoignez mon équipe.


Ma proposition a sonné comme un ordre. Un grand sourire étire ses lèvres tandis qu'elle hisse son sac sur l'une de ses épaules.


— Non merci. Pourquoi intégrer Goldreamz alors qu'il s'agit d'une entreprise que j'ai battue ?

















salut tout le monde !

je me devais d'écrire une ff sur jason mendal alias l'homme qu'il pense vraiment être

j'espère que ce premier chapitre vous aura plu :)

à très vite pour la suite

PLAY TO WIN - jason mendalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant