04 - donner une bonne impression

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LOU 



6h : c'est l'heure où mon premier réveil a sonné. 

6h36 : c'est celui qui m'a vraiment réveillé. 

Après m'être préparée - et débattue avec ma brosse à cheveux pendant six bonnes minutes - me voilà dans les rues d'Amoris, à chercher un commerce sympathique pour débuter la journée. Je sais directement où chercher : au café où je me rendais souvent à l'époque du lycée. En effet, j'ai fais mes études ici. Bien que mes années supérieures se soient déroulées ailleurs, parfois l'envie  - ou plus tard le boulot - m'a permis de retrouver ces lieux. 

Comme je m'en doutais, ce n'est pas la même devanture qu'à l'époque : mais ça m'a l'air tout aussi bien, mieux même. Je vérifie ma montre pour vérifier que je sois toujours dans les temps. Je n'ai plus que 16 minutes devant moi. 

Franchissant à peine la porte, l'odeur des viennoiseries m'enivre et une jeune fille blonde m'accueille. 


     — Bonjour et bienvenue au Cosy Bear ! s'exclame-t-elle.  

    — Bonjour. 


A ses côtés se tient une femme de mon âge. Je suppose qu'il s'agit de la gérante, car elle  ne porte ni tablier, ni casquette - contrairement à la vendeuse qui attend que je commande. Purée, tellement de choix... Brownies, cookies, muffins, croissants, fougasses : mon ventre gargouille à leur vue. 


     — Je vais vous prendre dix croissants, six beignets, et une vingtaine de chouquettes s'il vous plaît. 

     — Dis donc, vous avez faim ! 


Sa remarque me fait rire. Les mots ont dû sortir de sa bouche sans qu'elle ne puisse les retenir car elle est devenue rouge.  


     — Nina, j'ai oublié de te préciser une règle importante, intervient la gérante. Ne jamais - au grand JAMAIS - commenter l'appétit d'une femme, plaisante-t-elle. 


Son employée est tellement stressée qu'elle n'a pas compris l'humour.


     — Oh mon dieu, je suis vraiment désolée ! se morfond-t-elle immédiatement. Veuillez m'excu-

     — Ce n'est rien, je l'ai coupé. En réalité, aujourd'hui j'espère faire bonne impression devant ma nouvelle équipe : c'est mon premier jour. 

     — Oh moi aussi !


Son humeur a changé du tout au tout en une fraction de seconde. Ses joues qui étaient rougies sont désormais bombées par le sourire naturel qu'elle arbore. 


     — Vous allez bosser où ? me demande-t-elle curieuse tandis que sa patronne l'aide à emballer ce que j'ai demandé. 

     — Chez Devenmentiel. 


Pendant que Nina range le tout dans un sac recyclable, la responsable qui a été agréablement surprise m'encaisse : 


     — Ma meilleure amie avait fait appel à eux pour organiser une baby shower : ils ont étés supers ! C'était vraiment grandiose. Tenez, je vous rajoute des madeleines : vous m'en direz des nouvelles, dit-elle en plaçant le paquet avec mes autres achats. En guise de bonne chance. 

     — C'est trop gentil, merci. 


Décidemment, j'ai bien fait de rentrer dans ce café : je sens que je vais venir tous les jours. 


     — Vous venez de faire une cliente fidèle ! ai-je ajouté, les faisant rire toutes les deux. 


Alors que je m'apprête à partir, je check ma montre : plus que dix minutes. Je m'empresse de sortir une pièce de mon portefeuille avant de la poser sur le comptoir : 


     — Un pourboire de bonne chance. 






Après que Devon m'est présenté à toute l'équipe, je constate que les douceurs que j'ai apportées ont fait bonne effet : si bien qu'il n'en reste plus. 


     — Encore merci Lou ! s'est exclamé Roy, encore la bouche pleine. 

     — Oui, c'est gentil, ajoute Thomas. 


Je leur souris avant de quitter la salle de réunion, suivi par Devon qui passe sa main dans mon dos. Je sais que c'est juste amical , mais les autres non : je ne veux pas qu'ils pensent que j'ai eu ce poste car je suis "passée sous le bureau". Accélérant le pas, je me rend à l'espace détente : le semant. 


     — Oh Lou ! m'interpelle Elenda accompagnée de Brune. Viens prendre le café avec nous ! D'ailleurs, tu les as pris où les viennoiseries ? Elles étaient excellentes !

     — Doucement sur les questions, la reprends son amie. Tu vas lui faire peur. 


Si elle savait que moi aussi je suis une vraie pipelette. 


     — Je pense que vous connaissez, mais c'est au Cosy Bear que j'ai tout acheté.

     

Elles réfléchissent. 


     — Connais pas, atteste Elenda en jetant ses longs cheveux tissés derrière son épaule.  

     — Idem. 


C'est triste, ce café mériterait d'être réputé vu leur gentillesse. 


     — On pourrait faire une réunion là bas ? ai-je proposé. 

     — En extérieur ? Devon ne voudra jamais. 

     — Lou saura le convaincre ! se réjouit déjà Elenda. Vous êtes amis n'est ce pas ? Depuis qu'il sait que tu rejoins Devenmentiel, il est beaucoup moins tendu. C'est sûrement à cause du gros dossier sur lequel il nous fait travailler... Au fait, il nous a parlé du Palace. Bravo pour avoir plumé Jason ! 


Après coup, peut-être que je ne suis pas aussi bavarde qu'elle. 


PLAY TO WIN - jason mendalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant