07 - coup monté

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JASON








Dès l'instant où sa collègue prononce une somme supérieure au dessus de l'autre vieux crouton, je la vois sourire de soulagement.

La seconde d'après, quand elle réalise que c'est mon nom qui a été dit, elle s'enflamme. Et je jubile de sa réaction. Me cherchant du regard, elle me trouve immédiatement. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire victorieux tandis qu'elle me fixe, faussement furieuse.

En parlant de ça, ses yeux, ils m'électrisent : leur chaleur - trop intense - me glacerait presque le sang.

Veut-elle me tuer pour l'avoir sauvé d'un rencard gênant ? Je sais qu'elle en ai capable. Très bien. J'accepte ce châtiment. Mais je ne peux pas totalement le faire sans l'avoir nargué avant. "De rien" ai-je prononcé sans sortir le moindre son de ma bouche. Je devine qu'elle m'a entendu par la tête qu'elle fait à présent.

Malheureusement - ou heureusement - notre échange prend vite fin.

Ce n'est que plus tard dans la soirée, qu'elle vient vers moi.



— C'est vrai que je vous dois une fière chandelle.



J'ai bien entendu ? 



— Cela dit, je n'en suis pas si sûre, ajoute-t-elle après une demi-seconde de réflexion. Au lieu de la peste, j'ai peut-être obtenu le choléra, qui sait ? me taquine-t-elle.



Je me disais bien aussi.
Je la préfère ainsi. Piquante.



— Ce n'est pas obligé vous savez. Le rendez-vous, ai-je précisé.



Son visage s'adoucit, et je crois presque lire de la déception dans celui-ci.



— J'ai simplement voulu vous sauver d'une situation... disons grossière.


Ses yeux se sont arrondis :


— Vous aussi vous trouvez ? J'ai eu peur d'être la seule à penser de cette manière. C'est vrai, c'est comme de la p-

— Prostitution ? l'ai-je coupé.



Je n'ai pas osé le dire avant, de peur qu'elle se vexe.



— Exactement, acquiesce-t-elle. Et d'ailleurs, je préfère vous prévenir mais je n'en suis pas une : de prostituée. N'espérez pas coucher avec moi après la manière dont ce rencard a été obtenu.



Je ne peux contenir un sourire face à tant d'aplomb.



— Pour 400 euros, j'aurais au moins le droit à un baiser non ?



Elle veut se montrer exaspérée, pourtant sa bouche repliée en un sourire la trahie.



— Contentez vous du rendez vous, se retient elle de rire.



Pas cher payé.
Heureusement que je paye avec la carte de la boite : je ferais passer ça pour un entretien professionnel. Après tout, c'est la vérité. Le but du rendez vous sera de la séduire, pour lui soutirer des informations.



— Donc, si je comprends bien, vous maintenez le rencard - bien qu'il soit grossier ? je m'assure.



Elle hoche la tête d'un air malicieux tout en s'approchant. Puis elle monte sur la pointe des pieds pour me glisser à l'oreille :



PLAY TO WIN - jason mendalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant