Chapitre 18

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Arrivée à la laverie de l'école, je m'attelais à frotter les tâches de sang sous l'eau froide, à l'aide de détachant. Lorsque je fus satisfaite de mon travail, je mis tout le linge dans une machine. Le temps indiquant plus d'une heure de lavage, je voulais en profiter pour aller acheter ce qui me manquait. Cependant, je n'avais pas pensé à prendre mon portefeuille, je dus donc faire un détour chez moi pour le récupérer. 

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En rentrant dans la maison, je commençais à me diriger vers ma chambre, mais je fus coupée dans mon élan par un sac plastique. Ce dernier avait surgi devant moi, tenu par un bras qui appartenait à mon colocataire. Il était assis dans un des fauteuils du salon, la tête penchée sur un livre.

Aizawa : Tiens, je pense que ça te servira plus qu'à moi, lança-t-il.

Je pris le sachet du bout des doigts, me doutant très fortement de sont contenu. En effet, ce dernier renfermait tout ce dont j'avais besoin : serviettes hygiéniques, tampons, aspirine et antalgiques. Plus qu'il n'en fallait. Je bégayais un merci gêné.

Aizawa : Je ne savais pas ce qu'il te fallait exactement, donc j'ai pris un peu de tout. 

Toi : Ce n'était pas la peine ! m'exclamais-je. Je pouvais m'en occuper, après tout c'est mon problème, pas le tiens.

Ma dernière phrase fut plus sèche que je ne le voulais. Il leva les yeux de son bouquin, les sourcils froncés.

Aizawa : C'est un peu le mien aussi, à partir du moment où tu entreprends de colorer mes vêtements.

Je ris nerveusement à sa réponse. 

Toi : Si tu n'avais pas été sur mon passage, ça ne serait pas arrivé.

Aizawa : Si tu m'avais prévenu, ça ne serait pas arrivé, répliqua-t-il. 

Je le regardais, hébétée. Il n'avait pas tort, mais j'ai aussi le droit de ne pas tout lui dire. Nous n'étions QUE colocataires. Ne souhaitant pas allonger cette conversation, je tournais les talons pour me précipiter dans ma chambre.

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Après avoir récupéré le linge propre et, par chance, de nouveau blanc, j'entrepris de réclamer des draps foncés à l'accueil de l'école. 

Une fois mais pas deux.

Sur le retour, je remarquais que le temps devenait de plus en plus chaud. L'été approchait à grands pas, et les examens de fin de trimestre aussi. Il me restait un mois pour réviser. Je ne m'en faisait pas trop, j'avais peut-être loupé 5 ans d'études, mais je n'étais pas à la ramasse pour autant. J'étais déjà une bonne élève à l'époque, et je me suis permise de prendre un peu d'avance l'année passée. Histoire de valider ma première année tranquillement. Dans cette école, l'excellence règne, mais ce n'est pas le plus important. L'entraide est l'une des valeurs que le corps enseignant tient à inculquer à quiconque entre dans l'établissement. Le dépassement de soi en est une autre. Ce sont des piliers, servant à bâtir l'avenir des héros en devenir.

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De retour chez moi, je cherchais Shota pour lui rendre son t-shirt. Il n'était plus sur le fauteuil, mais allongé sur le canapé, son livre sur le visage. Au vu de sa position, il devait dormir. J'avais l'impression qu'il était souvent épuisé. Je me demandais si cela était dû à son statut de professeur-héros. Il occupait tout de même deux postes en simultanés. Ne voulant pas le déranger, je décidais de déposer son haut dans sa chambre. Arrivée devant sa porte, je fus coupée dans mon élan. Elle était fermée à clé. 

Il a peur que je lui vole quelque chose ou quoi ?

Je ne savais plus quoi faire. Au final, après avoir rangé mes affaires, je redescendis dans le salon, pour retrouver mon professeur dans la même position. J'hésitais presque à lui balancer son t-shirt, comme il l'avait fait un peu plus tôt avec moi. Mais je me ravisais. Je ne voulais pas le déranger. Je le posais donc sur la table basse et m'assis dans le fauteuil le plus proche. Je l'observais, n'ayant que peu d'occasions de le faire. Ses cheveux étaient assez longs comparés aux hommes de ce pays. C'était assez rare. En dehors de Present Mic et lui, je ne me souviens pas en avoir croisé beaucoup. Les japonais ont tendance à préférer être "propre", et les cheveux courts faisaient parties de leurs critères. Toutefois, cette rareté lui donnait un certain charme. Et il semblait en prendre soin, même s'ils étaient souvent en bataille. 

J'ai envie de les toucher.

Je me retenais de le faire, sinon je n'imaginais pas sa réaction à ce geste. Mon regard se déporta ensuite sur la main posée sur son torse, la seconde soutenant sa nuque. Elle était assez grande, plus que les miennes en tout cas. Je pouvais voir le dessin léger des tendons sous sa peau. Mes poignets se souvenaient encore de la force qui s'en dégageait. Le reste de son corps était couvert, malgré la température assez élevée. Des vêtements un peu larges, ne permettant pas de deviner, ne serait-ce que le contour de ses muscles. 

C'est étonnant quand on y repense. Lui qui est souvent à l'écart, et dont l'alter ne demande pas de force physique. De ce que j'ai entendu dire, il a fait du combat rapproché sa spécialité.

Je me mis à divaguer sur la scène qui a eu lieu quelques heures plus tôt. L'image de son torse me fit immédiatement rougir. J'avais beau être son élève ET sa colocataire, il ne semblait avoir aucune retenue en ma présence. À croire qu'il s'en foutait. Je ne dis pas que le spectacle m'as déplut. Au contraire. Mais ce n'était pas très décent non plus au vu de notre situation. 

Les yeux dans le vide, fixés sur lui, je ne remarquais pas que le sujet de mon conflit intérieur venait de se réveiller. Il lui a fallu se racler la gorge pour me sortir de mes pensées. Je pensais qu'il allait me questionner. Mais il n'en fit rien. Il se releva lentement, ferma son livre et le posa sur la table. 

Aizawa : Merci pour le t-shirt. Tu as pu tout détacher ?

Je lui répondis que oui. Il me fixa un instant, avant de me demander :

Aizawa : Tu n'avais pas prévu le nécessaire avant de venir ? 

Toi : Ce n'est pas vraiment ça, soufflais-je en passant ma main dans mes cheveux.

Je pris un moment avant de continuer.

Toi : En fait, je ne les ai pas eues depuis longtemps. Je ne saurais pas dire depuis quand exactement, mais cela doit faire au moins 2 ans, peut-être 3. Donc je ne m'attendais pas à ce qu'elles reviennent.

Il hocha la tête, compréhensif.

Aizawa : Au fait, j'ai fait installer des caméras autour de la maison, je préfère te prévenir.

Toi : Pourquoi ça ? lui demandais-je, surprise.

Aizawa : Juste de la prudence, nous ne sommes jamais trop sûrs de ce qui peut arriver. Bien que l'entrée du campus soit sécurisée.

Sur ces mots, il se leva, prit ses affaires et partit vers sa chambre. À mi-chemin, il se tourna vers moi.

Aizawa : N'oublie pas de réviser, me rappela-t-il. J'ai de grosses attentes sur tes résultats.

Puis il disparut à l'étage.

C'était quoi ça ? "J'ai de grosses attentes sur tes résultats" ? 

J'étais sidérée. Il pensait vraiment que j'étais revenue en touriste ? Je ris nerveusement. Je me demande parfois s'il s'agit de la même personne, vu la facilité avec laquelle il peut passer d'une attitude à une autre.

Tu vivras (Aizawa x Reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant