Chapitre 4 - Pouvoir ou famille

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Arsen ne répondit pas à son père. Il regarda le sol, avant de se déplacer et faire des rondes de réflexion dans l'enceinte de la salle du trône.

« Pour... pourquoi moi ? Je ne suis pas certain de saisir la demande. Il y a beaucoup plus de monde qualifié que moi pour ce poste, s'exclama-t-il.

- Certes, mais je doute qu'il y ait quelqu'un de plus fidèle à son roi que toi mon fils. Tu as toujours excellé dans la Garde royale depuis ton arrivée il y a trois ans de cela. Tu es de plus très apprécié par le peuple du clan, tu n'imagines pas la renommée que notre famille aurait si un père et son fils gouvernaient le clan ensemble, main dans la main. »

Arsen baissa à nouveau la tête, l'air dubitatif.

« Père... j'ai une femme, des enfants, qui m'attendent... ils ont besoin de moi, je les vois déjà très peu souvent, j'ai très peu de temps avec eux avec le travail actuel. Si j'accepte de devenir main du roi, alors je renoncerai à toute vie privée définitivement. Je ne peux pas me permettre de laisser ma famille.

- J'avais le même sentiment que toi lorsque je suis devenu roi après la mort de mon père. J'avais ton âge, j'avais la vie devant moi, ta mère, toi... mais pourtant j'ai du tout sacrifier pour le poste de roi, et on ne m'avait même pas demandé mon avis... et me voilà... assis dans un siège peu confortable, devant toi... »

Arthos se leva du siège et se rapprocha de son fils qui se tenait debout à quelques pas du trône.

« J'aurais tellement aimé vivre avec ta mère et toi, mais on m'a arraché sans que je donne mon accord... je comprends donc très bien ton inquiétude et ta peine pour ta famille, mais on ne peut pas échapper à notre destin Arsen, l'histoire est écrite, et elle a toujours été écrite, depuis les premiers hommes jusqu'à aujourd'hui. Si je souhaite te nommer main, c'est pour te préparer à ce qui arrivera lorsque tu prendras ma place.

- Donc tu préfères sacrifier ma vie familiale bien avant d'être roi...

- Je veux que tu sois surtout prêt lorsque le jour viendra ! Et crois moi, ce jour peut arriver bien plus rapidement que l'on ne croit. Alors s'il te plaît mon fils, fais honneur à ton roi, accepte ma demande. »

Un silence profond interrompit leur discussion. Arsen souffla un coup avant de reprendre la parole.

« Et quand cela prendrait effet ?

- Je peux te nommer dès aujourd'hui, lui répondit Arthos.

- Mais Ser Jorah, son serment pour quitter son poste a déjà été fait ?

- Oui... nous l'avons fait en privé, il est reparti auprès de sa famille dans la foulée.

- Il faut que j'en parle à ma femme. Je reviendrai vers toi ensuite. »

Arsen se retourna et marcha vers les grandes portes de la salle qui se firent ouvrir par les garde à l'entrée. Arthos le fixa s'en aller, puis quand sa silhouette disparut, il souffla un coup et se rassit sur le trône. Arsen rentra chez lui, en passant devant l'armurerie. Tulir l'aperçut et l'appela. Ce dernier ne répondit pas et continua son chemin, tête baissée. Ce changement brutal dans sa vie l'avait énormément affecté...  il passa dans les rues, se faisait saluer par les passants, mais il ne leur répondait pas. Il arriva enfin devant sa maison, il entra, et retrouva sa femme et ses enfants dans le salon en train de faire des dessins. Les enfants se relevèrent et coururent jusque dans ses bras, Gabriella quant à elle fixa son visage à la fois triste et rempli de fureur. Elle comprit que quelque chose n'allait pas.

« Les enfants, pouvez-vous allez dans vos chambres quelques instants, demanda-t-elle ? Je dois discuter avec votre père. »

Cole et Eva foncèrent dans leurs chambres respectives, laissant leurs parents seuls dans le salon.

« Qu'y a-t-il chéri, demanda-t-elle ?

- Mon père demande à ce que je devienne sa main, répondit Arsen... »

Gabriella eut à son tour un regard de choc et d'incompréhension.

« Pourquoi cela ? Il y a pourtant Ser Jorah...

- Il aurait apparemment pris sa retraite, ce fut soudain mais mon père le respecte. Il veut que je le remplace, car je suis celui en qui il a le plus confiance. Ça serait la première fois dans l'histoire qu'un père et son fils présideraient le clan.

- Mais cela implique que tu sois toujours auprès de lui, tu aurais encore moins de temps libre qu'aujourd'hui, bien que tu sois déjà très pris...

- Je sais, c'est ce que je lui ai dit, je ne peux pas me permettre de me priver de ma famille, mais il n'a pas voulu comprendre...

- Et que vas-tu faire du coup ?

- Je n'ai pas le choix Gabriella... on ne peut pas renoncer à un roi.

- Mais il est ton père avant tout, et tu as le droit de renoncer à ton père.

- Peut-être qu'on pourra changer des choses à deux, je pourrais peut-être négocier des arrangements, c'est une opportunité que je n'aurai probablement jamais autrement.

- Je vois... le clan avant la famille, répondit-elle. Qui va former ton fils maintenant ?

- Je pourrai prévenir Tulir, il saura s'occuper de lui j'en suis certain. »

Gabriella resta sans voix.

« Écoute Gabriella, si je pouvais je resterais avec vous sans hésiter, vous êtes ce que j'ai de plus cher au monde... mais je n'ai pas le choix. Je saurai être convaincant pour trouver du temps pour vous voir, mon père sera compréhensif, enfin, je l'espère. »

Arsen enlaça sa femme, qui fondit en larmes. Le soir passa, les enfants s'apprêtaient à se coucher, mais avant, leur père passa dans leur chambre pour leur dire au revoir. Il commença par sa fille Eva, qu'il chouchoutait beaucoup. Il lui expliquait qu'elle allait devenir la plus belle femme du clan à l'avenir, et qu'elle allait marier un joli prince quand elle serait grande. Il l'embrassa sur le front, puis quitta la pièce en éteignant la lumière derrière lui. Il entra par la suite dans la chambre de Cole, celui-ci était assis sur son lit, recroquevillé sur lui même. Son père s'assit à côté de lui.

« Eh fiston, tu n'as pas à pleurer comme ça, je reviendrai hein, ne t'inquiète pas !

- Non tu ne reviendras pas, je t'ai entendu parler avec maman tout à l'heure, tu as dit que Tulir m'entraînerait, c'est toi que je veux...

- Je sais mon fils, mais Tulir saura s'occuper de toi, je serai très pris par mon nouveau travail... tu deviendras le plus grand prince, le plus grand guerrier du clan, et même du royaume.

- Pourquoi tu pars ? dit-il en pleurant.

- Je n'ai pas le choix, ton grand-père a besoin de l'aide de son fils... on se reverra bientôt mon fils, je t'aime fiston, plus que tu ne l'imagines. N'oublie pas que le Grand Gardien veille sur toi de là haut, il te protégera quoi qu'il se passe. »

Arsen prit son fils dans ses bras, versa lui aussi une larme, avant de l'allonger dans son lit et de le recouvrir par sa couverture. Il se releva, et entendit derrière lui « Au revoir Papa. » de son fils. Il se retourna vers lui avec un grand sourire, qui s'effaça rapidement, puis il quitta sa chambre en refermant la porte derrière lui. Gabriella était dans le couloir.

« Ils ont besoin d'un père, ils ont besoin de toi Arsen, ne l'oublie pas.

- Je reviendrai, c'est promis ! »

Puis ils partirent tous deux se coucher. Arsen savait que sa vie allait changer dès le lendemain.

LA GUERRE DES CLANS - CHAPITRE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant