Chapitre 1

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On pense souvent que ceux qui possèdent beaucoup sont les plus généreux, on pourrait alors envisager que notre vie est une utopie, sans défauts. Mais moi, je n'y ai jamais cru.

Je sais que le monde est cruel.

J'ai survécu le soir ou mes parents ont été exécutés et que le monde à changé. J'étais aux premières loges lorsque les plus riches ont décidé de prendre l'entièreté du pouvoir. Ils ont enfermé des populations dans des cases et tué des familles. Certains ont gravi les échelons grâce à leur fortune, d'autres sont tombés dans la boue. J'envie tous ces gosses de riches qui croque la vie à pleines dents tandis que les autres, nous, nous essayons de survivre dans ce monde injuste.

Quelque chose à grandi en moi, quelque chose de mauvais. La haine me consume depuis mes six ans et je ne sais pas quoi faire pour apaiser ce désir brûlant de vengeance. Tous les soirs je revois ce même soldat, caché derrière son armure et son casque, il pose les yeux sur moi et sa haine se transforme en dégoût. Il savait que j'allais finir orphelin mais ça ne l'a pas empêché de passer à l'acte, il était même motivé.

Mon apparence ne me permettait pas de les défendre, et ça n'a pas vraiment changé depuis. Je ne suis pas très grand, j'atteins de peu les un mètre soixante-dix, ma masse musculaire évolue mais elle est encore trop faible, et je suis tout sauf imposant.

Je touche quelques mèches brunes de mes cheveux dans un geste lent et bascule sur mon visage. Ma peau est douce et ma mâchoire ne ressort pas assez. Je ne suis pas un homme fort à leurs yeux et je ne le serais probablement jamais.

La vérité est que je ne leur suis d'aucune utilité. Et si je suis encore en vie, c'est grâce à un garçon qui est sûrement un homme aujourd'hui, tout comme moi.

Un soir d'hiver lorsque j'étais enfant, alors que je tentais d'échapper à une brigade de sentinelles après avoir volé une pomme, une simple pomme, j'ai trébuché à cause d'une branche. Pour moi c'était fini, ils s'apprêtaient à lacher leur chiens et j'allais leur servir de dîner. Sauf qu'un adolescent s'est interposé.

Dos à moi, sa grande main s'était posée sur mon torse pour faire barrière. Je ne pouvais pas voir le visage de mon sauveur, alors je l'ai détaillé le mieux possible. Un dos et des épaules larges, sa chemise à lacet bleue moulait le haut de son corps et laissait entrevoir une musculature impressionnante pour son âge. Sa peau était claire et ses cheveux noirs étaient taillés à la perfection. Il portait un pantalon d'uniforme et un logo était brodé entre ses omoplates, celui de l'armée royale. Cet homme respirait la richesse. Un riche m'avait sauvé la vie, et je ne l'ai jamais revu.

Je ne savais toujours pas pourquoi il m'avait évité une mort certaine, après tout je n'étais qu'un moins que rien. Un rebelle travaillant le jour et volant la nuit. Mais il l'avait fait.

Je n'ai jamais pu le sortir de ma tête. Que ce soit dans mes pensées ou dans mes rêves, il me hante. Est-ce la même chose pour lui ? Non il a sûrement dû m'oublier depuis. Et j'ai des personnes à protéger, je n'ai pas le temps de m'attarder la dessus.

J'ai donc construit ma vie dans ce magnifique pays qu'est Arkanis, puissant royaume connu pour son armée de soldats "invincibles". Vous noterez que tout cela est ironique, j'aimerai voir cette terre brûler jusqu'à la dernière forme de vie. Pour moi c'est tout simplement une représentation des enfers.

Je chasse mes pensées pour me re-concentrer sur le chemin qu'il nous reste à parcourir. Je suis avec Nate, mon meilleur ami. Un petit blond que j'ai rencontré et avec qui j'ai directement accroché lorsque je suis arrivé ici, depuis on ne se quitte plus.

Nous venons de finir notre pauvre travail qui paye assez mal, on peut se le dire, mais qui nous rapporte au moins quelques pièces. Tous les jours c'est la même chose, les garçons ayant atteint la majorité doivent travailler et plus nous sommes nombreux, mieux c'est. C'est le boss qui établit les règles, car même si nous sommes comme une famille recomposée, étant tous orphelins, il y a un chef de bande. Et qui risque vraiment de s'énerver si je marche aussi lentement, je cours alors quelques mètres pour rattraper mon ami et nous arrivons au niveau des bidonvilles.

L'étreinte des contraires {bxb}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant