Chapitre 10

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Je ne sais pas à partir de quand j'ai commencé à somnoler, mais lorsque mes yeux s'ouvrent à nouveau, la neige me donne la chair de poule et le bruit des sabots tambourinent dans mes oreilles. Désorienté, je tente d'entrevoir quelque chose derrière mon épaule et celle du soldat qui me maintient fermement sur la selle. Ma bouche s'entrouvre, une quarantaine d'hommes nous suit de près, tous rangés en rang et armés jusqu'aux dents. Leur armure couleur charbon couvre la moindre parcelle de leur peau, sauf au niveau des yeux et chacun d'entre eux semblent concentré à avancer droit devant. Comme si rien ne pouvait les perturber.

Je déglutis péniblement et commence à assimiler ce qui est entrain de se passer, je me suis fais avoir. je m'étais juré que ça n'arriverait plus, pas encore. Je me suis entraîné afin de devenir plus vif, plus habile et plus fort. Jake me le répétait constamment, je suis bien trop malin pour eux. Alors qu'est-ce que j'ai râté ?

Je ne suis qu'un imposteur, je ne suis pas celui que je prétend être.

Tout retombe. Tout s'effondre. La confiance que je m'étais bâtie, comme si elle était suspendue sur une corde depuis tout ce temps et qu'il suffisait de la pousser pour qu'elle s'écrase au sol. J'aurais voulu que ma mère puisse me gifler à ce moment précis, qu'elle m'insulte d'idiot et d'incapable jusqu'à m'en rougir la peau. Car c'est peut être tout ce que je suis.

Je ne suis qu'un idiot qui pensait pouvoir sauver sa famille et venger la précédente, l'honorer pour qu'ils ne soient pas morts en vain.

Le soldat devait sentir mon étrange froideur puisqu'il baisse la tête pour me jeter un regard, confus. Je lâche un long soupir et serre les dents, abandonnant toute rébellion.

Nous arrivons à Valkarion. Capitale et plus grande forteresse du royaume, je crois que je signe mon arrêt de mort. Après avoir traversé les nombreux villages, nous entrons dans la cité et la seule chose qui me frappe aux yeux est qu'il n'y a que très peu de villageois, non il n'y a que des nobles qui traversent les rues, bordant d'immenses résidences. Le reste sont des soldats probablement en patrouille dans chaque recoin de rue. Certains me dévisagent, probablement étonnés de voir une personne telle que moi traverser leurs frontières. Je garde le menton haut tandis que nous nous rapprochons du palais. Une drôle de boule se forme dans mon ventre, prête à remonter à tout moment.

Il me pousse de sa monture et je m'écrase contre la dalle recouverte de neige, mes yeux se plissent d'eux même et on me soulève sans délicatesse. Mes poignets sont toujours liés et je tente de réchauffer mes mains devenues blanches à cause du blizzard en entrelaçant mes doigts.

L'un me bouscule avec sa botte et un autre me tire le bras pour que je monte les marches quand n'en finissent plus jusqu'aux grandes portes en bois.

À l'intérieur, on traverse de larges couloirs faits d'un marbre sombre. Je n'ai pas vraiment le temps d'observer autour de moi, mais tout ce que je vois dépasse l'entièreté de la richesse que j'ai pû acquérir dans ma vie. De larges colonnes longent les deux côtés de l'allée quand deux soldats gardent une autre porte tout aussi haute, taillée pour l'embellir. Ils cognent leur poing contre leur poitrine en croisant le regard de leur supérieur avant de nous laisser passer.

La première chose que je vois est une grande allée menant à un trône légèrement sur-élevé, les murs sont ornementés de motifs incarnant la royauté et de grandes tapisseries pendent de chaque côté. Sur les deux rangées de gradins se trouvent au moins une centaine d'hommes, tous dotés d'un simple costume. Leurs yeux se rivent sur moi et j'ai un mouvement de recul bien vite réprimandé par les soldats derrière moi.

Mon regard parcourt le plafond sculpté et doré, je n'ai jamais vu ça de ma vie. J'ai l'impression d'être apparu dans une autre réalité tant elle s'éloigne de la mienne. Une goutte coule le long de mon front et je m'efforce de marcher avec assurance, je ne dois pas paraître faible, ce n'est pas le moment.

L'étreinte des contraires {bxb}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant