Depuis que je suis arrivé ici, je n'avais qu'une envie et c'était de me venger. Quand on vous vole la seule chose à laquelle vous tenez, il est difficile de contenir sa colère, et c'est peut être ce qu'on me reproche encore aujourd'hui. Mon impulsivité qui explose à n'importe quel moment, et malgré toutes ces années je n'arrive toujours pas à la contrôler. Alors j'ai grandi, appris à me défendre et surtout, à protéger ma famille. Je tuerais pour eux, je ne laisserais personne me prendre ce que l'on m'a volé une première fois. Je ne sais pas encore ce que ce monde me réserve alors même si je dois y laisser ma peau, j'ai promis à mes parents que je les vengerais. Et je tiendrai parole.
Le feu crépite et la fumée s'échappe au-dessus de nos têtes pour s'évaporer dans le ciel étoilé. Les flammes qui essayent de s'échapper du tas de bois se reflète dans mes yeux tant je les fixe. Les cordes vibrent sous les doigts de l'un de mes aînés qui joue de la guitare, il accompagne sa mélodie d'une chanson douce mais à la voix rockeuse. Il raconte notre histoire, l'histoire des oubliés. Ceux qui sont assis autour du feu se laissent bercer par la voix du quarantenaire, d'autres ferment même leur yeux pour profiter pleinement de l'instant présent. Alec et Loucka fredonnent les paroles pour accompagner le chanteur. Jake lui, discute sérieusement avec Alexander.
Une légère brise excite les flammes et mes cheveux se soulèvent gracieusement. Une de mes mains repose sur ma cuisse droite, ma jambe continue de me lancer depuis ma dernière mission. Mon échec revient constamment dans mes pensées, encore un. Je relève la tête vers le ciel, face à mes parents. Je ne peux qu'imaginer la déception qu'ils ressentent, mais d'un côté c'est ce qui me motive à faire toujours plus, je sens que je touche au but, quelque chose me dit que c'est pour bientôt. J'ai confiance en mon instinct, il m'a toujours guidé là où je devais être, il ne causera pas ma perte.
Je sais qu'ils me protègent, de là où ils sont.
- La terre appelle Aryan. Me chuchote Nate en posant sa main sur ma cuisse gauche. Je lui souris.
- Je réfléchissais.
- Je sais à quoi tu penses quand tu regardes le ciel. Tu peux tout me dire, tu le sais n'est-ce pas ?
Je soupire quelques secondes et tourne mon visage vers lui, seule une partie du sien est éclairée par le feu. Je sens que mes larmes vont bientôt me trahir alors je me lève.
- Je vais marcher un peu.
Je sens une pointe de déception dans ses yeux mais ce n'est que partie remise. Je finis toujours par tout lui avouer, même mes secrets les plus sombres. Je m'éloigne donc du camp en suivant un chemin de terre et m'engouffre dans la forêt qui entoure le quartier, nous protégeant des regards indiscrets.
Tout est silencieux. Les oiseaux dorment mais les animaux nocturnes font craquer les branches. Le vent s'agite de plus en plus et le bruit des feuilles devient plus fort. L'orage éclate brusquement, me faisant sursauter. J'accélère le pas par peur de me prendre la pluie, je n'ai clairement pas envie de finir tremper jusqu'aux os.
Mais un craquement bien plus sonore m'oblige à me stopper et à regarder autour de moi. Mes muscles se crispent et mon souffle se coupe quand j'aperçois de la lumière à quelques mètres de moi. Sans une once d'hésitation je cours, je cours aussi vite que je peux à l'opposé du camp malgré la douleur aiguë qui se propage le long de ma jambe.
Je n'aurais jamais dû m'éloigner, j'aurais dû me confier à Nate et arrêter de n'en faire qu'à ma tête. Tout est de ma faute, les soldats ne s'aventurent jamais aussi loin de la capitale. Pourquoi sont-ils là. Non je dois arrêter de réfléchir, je réfléchis trop, je dois courir.
Les branches des arbres me fouettent le visage et je trébuche quelquefois sur de grosses pierres mais je suis encore debout. Je suis à bout de souffle, ma respiration haletante me fait comprendre que je ne peux plus continuer à ce rythme. Je m'arrête donc et pose mes mains sur mes genoux pour prendre appui. La douleur de ma jambe droite devient tellement insupportable que mes yeux se ferment en espérant atténuer la douleur.
Concentré, je ne fais pas attention à la main qui se referme sur mon épaule pour me retourner violemment. Il me reste quelques secondes dont je profite pour détailler le soldat en face de moi avant de sentir quelque chose de lourd contre ma tempe
Et puis plus rien, tout est noir.
Ma tête est lourde et des picotements apparaissent dans tout le reste de mon corps. Mon cerveau repasse en boucle le moment où ce soldat me frappe en plein visage, ma tempe ressent encore la violence de son coup. Je savais que je n'irais pas bien loin avec ma jambe blessée, mais je prie pour m'être assez éloigné du camp. Je sens que quelque chose serre mes poignets et je papillonne doucement des paupières pour m'adapter à la luminosité. Je suis sur une chaise, ligoté et bâillonné dans une tente. Quatres torches éclairent les côtés de la toile mais rien ne se trouve autour.
Un homme en uniforme entre dans la tente. Il me regarde avec arrogance et se plante en face de moi. Il retire le morceau de tissu que j'avais dans la bouche et tire l'arrière de mes cheveux.
- Tu fais partie du groupe de voleurs ? Demande-t-il d'un ton sec.
Si il pense que je vais dire quoi que ce soit, il peut aller se pendre. Il soupire et se redresse.
- Parle ou tu te feras battre, tu ne mérites pas mieux sale pouilleux.
Je lui lance un regard noir et crache à ses pieds. Contrairement à ce que j'aurais voulu, mon agressivité répond à ma place.
- Vous êtes tous des sauvages de toute manière. Il fait demi-tour.
Je préfère subir que d'être un traître, c'est pour cela que j'ai enchaîné les coups sans ciller lorsque d'autres soldats sont entrés dans la tente pour me tabasser. De nombreuses coupures apparaissent sur ma peau et mon œil gauche ne s'ouvre plus, sans parler des hématomes qui apparaissent eux aussi un peu partout le long de mon corps. Ils m'ont laissé quelques heures ici quand l'un d'eux entre pour attacher un bandeau, couvrant mes yeux. Je sais qu'on me transporte ailleurs, sûrement à la capitale, là où se trouvent les casernes et ceux qui vont décider de mon sort. Ou plutôt de comment je vais mourir.
J'ai marché pendant trois jours, les soldats voyageaient à cheval. Évidemment, aucun n'a pris la peine de me donner à manger, seulement de l'eau.
J'aperçois enfin les murs de la ville et la boule qui s'était formée dans ma gorge grossit de plus en plus. Mes mains tremblent, je ne sais pas ce qui m'attend, je n'ai jamais mis un pied ici depuis ma naissance. Des soldats sont postés un peu partout au-dessus des murs, une arme à la main. En passant les grandes portes, je me fais submerger par tout un tas de villageois qui s'active autour de moi. Mes liens me tirent vers l'avant pour m'obliger à avancer et nous arrivons devant une grille qui mène vers des souterrains, aucuns doutes, on va m'enfermer.
Un soldat me pousse violemment dans une cellule et je tombe brutalement sur le sol froid et poussiéreux, mes poignets sont toujours attachés. Mes yeux se ferment et je soupire. Je n'ai aucune idée de comment sortir ici, ils vont surement me torturer pour que je parle. Nate doit être mort d'inquiétude et tout ça parce que j'ai refusé de lui parler. Mais s' il y a au moins une bonne nouvelle, c'est qu'ils ne savent pas où se trouve le manoir, autrement je serais déjà mort.
Quelques heures sont passées, peut-être même une journée entière et je sursaute lorsque j'entend le grincement d'une vieille porte qui s'ouvre accompagné d'un bruit de clés, je me redresse légèrement quand un homme approche de mes barreaux. Son regard me juge, c'est le même que j'ai affronté quelques jours plus tôt, il ne porte plus de masque.
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L'étreinte des contraires {bxb}
Romance[Boys Love] Dans le royaume d'Arkanis où les rois et seigneurs possèdent tous les pouvoirs, un jeune garçon nommé Aryan à subi la fatalité d'être né dans la mauvaise famille, lui privant d'une enfance heureuse. Lorsque le pays est au bord de la rébe...