Chapitre 4

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Deux semaines se sont écoulées depuis que j'ai été capturé et les secondes me paraissent si longues que le temps est le même depuis que je suis là, le soleil éclaire toujours une partie de ma cellule à travers la petite fenêtre et l'air ne circule plus dans cet espace confiné. Une chaleur anormale en cette période de l'année s'est installée et je meurs tellement de chaud que je reste couché toute la journée pour ressentir un peu de fraîcheur. Je ne pensais pas que la température pouvait plus me torturer que ces soldats, je n'en peux plus.

Tous les jours c'est le même rituel, des hommes me ligotent et m'assoient sur cette chaise, dans cette petite pièce ou je subis un interrogatoire. Je n'ai rien dit et je ne dirais rien. Qu'il me garde enfermé si ça leur fait plaisir, je vais de toute façon finir par mourir d'une insolation si on me laisse ici plus longtemps.

Assis, je fixe mes pieds, je le fais à chaque fois. Le commandant qui était venu m'interroger la première fois n'est plus revenu et à confié la tâche à un de ses hommes, qui lui, est beaucoup moins patient lorsque je laisse le silence répondre à ces questions. Il me frappe souvent, il doit se dire que peut-être qu'avec une dent en moins ou la mâchoire décalée, je finirais par avouer. Mais il perd son temps. Je n'ai d'ailleurs toujours pas trouvé le moyen de m'enfuir, je n'ai aucun objet sur moi qui me permettrait de crocheter la serrure de ma prison et les rondes continuelles des soldats empirent la situation.

L'homme me frappe une première fois et répète sa question.

- Où se trouve ta bande, dans quel quartier de la basse-ville sont-ils ?

Il contracte la mâchoire et serre ses phalanges, il se prépare à m'envoyer un second coup.

Ses yeux me tuent du regard et son poing se loge dans mon estomac. Rien ne sort de ma bouche, elle est bien trop sèche pour recracher quelque chose. Il répète sa question et me frappe, encore et encore. Une question, un coup. Il hurle à m'en briser les tympans ce qui me fait plisser les paupières. C'est comme si tous mes sens étaient endormis, mon corps est brûlant et de la sueur coule le long de mon front. Il s'est tellement acharné sur mon nez que je respire maintenant par la bouche, mes yeux papillonnent mais les rayons de soleil qui traversent les barreaux m'aveugle.

Le soldat est tellement énervé qu'il se lève et me frappe plus fort, bien plus fort que les fois précédentes. Je sens mon corps valser et je tombe de ma chaise, mes poignets et mes chevilles étant liés je ne peux pas me lever. Et même si je n'étais pas entravé, je n'aurais pas la force de bouger. J'entend des pas s'éloigner et mes yeux se ferment tout seul, je ne m'endors pas, mais je profite de ce moment de répit contre le sol froid.

Quelques minutes plus tard, plusieurs bruits résonnent contre la pierre et je devine qu'il est allé chercher du renfort. Je ne les regarde toujours pas mais écoute leur conversation, ils sont sûrement en face de moi en train de juger ma pitoyable apparence écrasée au sol.

- Je ne sais plus quoi faire de celui-là, il ne répond à aucune de mes questions. On dirait qu'il est mort de l'intérieur. Un autre soldat posté à côté de lui lui répond.

- Il est peut-être malade, on devrait prévenir le commandant. Si il meurt nous n'aurons plus aucune chance de trouver le campement et il va nous punir sévèrement.

Les deux hommes semblent s'être mis d'accord et l'un d'eux s'éloigne.

- Si tu penses que l'on va croire à ta comédie pour t'échapper tu es mal foutu.

Un groupe de soldats finit par entrer dans les souterrains et s'arrête près de moi, mes yeux s'ouvrent enfin. Le chef pousse les épaules de chacun pour se frayer un chemin et avance doucement vers mon corps faible. Ses yeux ont l'air de s'agrandir mais le reste de son visage reste impassible, il finit par prendre la parole.

L'étreinte des contraires {bxb}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant