𝑺𝑼𝑹𝑵𝑨𝑻𝑼𝑹𝑬𝑳 : 𝒍𝒆 𝒎𝒚𝒔𝒕𝒆̀𝒓𝒆 𝒅'𝑨𝒔𝒔𝒊𝒏𝒊𝒆

¢нαριтяє 06: La sirène

Elles demeurèrent longtemps sur la plage, échangeant des propos variés, jusqu'à ce qu'Oumou se lève pour regagner son domicile.

- Pourquoi te lèves-tu ? interrogea Aisha.

- Il est presque l'heure où la sirène s'élève pour chanter et pleurer, répondit Oumou.

- Pleurer ? Pourrais-tu m'expliquer, je ne comprends guère ? insista Aisha.

- Très bien ! Il s'agit de l'histoire d'une femme stérile. Un jour, elle fit des offrandes au génie de l'eau pour obtenir des enfants. Son vœu fut exaucé et elle mit au monde un garçon et une fille. Lorsque les enfants atteignirent l'âge de douze ans, le génie demanda qu'un enfant le rejoigne. Afin de préserver sa famille, la femme choisit de conserver son fils et de confier sa fille au génie, qui la transforma en sirène.

- C'est tragique !

- En effet, depuis ce jour, chaque soir à 18h30, la sirène se pose sur cette pierre. Elle pleure son frère et sa mère. On raconte que quiconque entend ses larmes perd la raison, du moins, c'est ce qu'on m'a rapporté.

- C'est déplorable !

- C'est la raison pour laquelle elle éprouve une telle aversion envers les êtres humains, expliqua Oumou avec gravité.

Aisha commença à ressentir une certaine appréhension à l'égard des génies, s'interrogeant si Djin était semblable à ce prétendu génie de l'eau et s'il pourrait un jour lui causer du tort.

- Oumou, tous les génies sont-ils semblables ?

- Évidemment que non, certains se montrent bienveillants tandis que d'autres se révèlent malveillants.

- Vraiment ! Et toi, as-tu déjà aperçu ton génie ?

- Non, mais certains l'ont fait. Pourquoi tant de questions ?

- Pour rien, je fais simplement preuve de curiosité.

Aisha espérait de tout son cœur que Djin fût un bon génie. Depuis la soirée précédente, elle ne l'avait pas encore revu. La jeune métisse s'interrogeait sur la manière de renouer le contact avec lui ; il devrait normalement apparaître à son appel, n'est-ce pas ? Pourtant, il n'était point là. L'essentiel, c'est qu'elle avait découvert un lieu enchanteur où elle pourrait venir se ressourcer à sa convenance.

~•~•~•~•~•~•~•~

Tout au long du trajet, Aisha ne cessait de méditer sur l'histoire pathétique de la sirène. Elle appréciait la plage et avait prévu d'y aller dans l'un de ces quatre jours.

Il était 17h35 lorsque elles arrivèrent à la maison. Aisha aperçut au loin sa petite sœur en compagnie d'un homme qui s'exprimait avec une grande vivacité. Inquiète, Aisha décida de s'immiscer dans leur conversation.

- Bonsoir, monsieur, dit Aisha à l'homme.

- Bonsoir, jeune fille.

- Je suis sa grande sœur... Puis-je savoir de quoi vous discutez, s'il vous plaît ? demanda-t-elle.

- Bien sûr, je faisais allusion au nouveau camp de vacances qui a récemment ouvert ses portes, juste à proximité. J'aimerais qu'elle y participe.

- Je pense qu'il serait plus avisé d'en faire part à nos parents. Un camp de vacances dans un village tel que celui-ci me semble quelque peu suspect.

- Aisha, fais preuve d'un peu d'optimisme, répliqua Nora.

- Tais-toi ! ordonna sa sœur aînée.

- Ne vous querellez pas, mes enfants. Prends ma carte au cas où tu changerais d'avis, proposa l'homme.

- Avec tout le respect que je vous dois, je décline votre offre, monsieur, rétorqua Aisha.

Aisha ne souhaitait pas que sa sœur participe à un camp de vacances dans un village qu'elle trouvait étrange, elle s'inquiétait simplement pour Nora.

- Je te déteste, Aisha ! Tu as des amis et tu cherches à m'en priver. Tu es véritablement cruelle, s'exclama Nora en s'éloignant en courant.

- Cesse avec tes sarcasmes et reviens ici immédiatement ! ordonna Aisha.

- Laisse-moi tranquille.

Aisha ne comprenait pas pourquoi Nora tenait tant à fréquenter ce camp pour se faire des amis. Elle en avait déjà deux, ce qui, à ses yeux, était suffisant. De toute manière, elles l'abandonneraient lorsqu'elle aurait réellement besoin d'elles, songea Aisha.

- Aisha, va rattraper ta petite sœur sur-le-champ ! ordonna Oumou.

- Non, cela ne m'intéresse guère. Qu'elle fasse ce qu'elle veut, cela ne me regarde plus. Je suis la méchante fille qui ne pense qu'à elle-même ! ironisa-t-elle.

- L'endroit où elle se rend est extrêmement dangereux ! s'inquiéta Oumou.

- Pourquoi ? interrogea Aisha.

- On raconte qu'il y a un énorme serpent là-bas.

- Quoi ?