Les Liens Inattendus d'Aïssata : Mariée à l'Homme d'Affaires Puissant

chapitre 86

En arrivant chez moi, je suis accueilli chaleureusement par ma mère. Elle me prend dans ses bras et me couvre de bénédictions, comme elle le fait toujours.

"Karim, mon fils, que Dieu te protège et t'accorde tout le succès du monde," dit-elle, les yeux brillants de fierté.

Mon père et mes trois sœurs, Fatma, Noor, et Mamzata, ne tardent pas à nous rejoindre. Fatma, l'aînée, me sourit tandis que Noor et Mamzata me taquinent comme à leur habitude.

"Alors, grand frère, toujours en train de sauver le monde?" plaisante Noor.

"Quel héros," ajoute Mamzata en riant.

Après les salutations et les plaisanteries, mon père et moi nous installons dans le salon pour discuter affaires. C'est notre rituel de fin de journée, un moment où nous échangeons sur les enjeux économiques et politiques actuels.

"Karim, j'aimerais avoir ton avis sur la situation de la CEDEAO," commence-t-il, l'air grave. "La crise sécuritaire dans le Sahel s'aggrave de jour en jour. Et maintenant, avec les militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso, et au Niger, la situation devient encore plus complexe."

Je hoche la tête, conscient de l'importance de ces questions. "Oui, la situation est critique. Les pays du Sahel sont confrontés à des défis énormes en matière de sécurité, et les coups d'État militaires ne font qu'ajouter à l'instabilité."

"Et que penses-tu du bloc AES?" demande-t-il. "Ils envisagent de quitter la CEDEAO. Cela pourrait avoir des conséquences significatives pour la région."

"Le bloc AES est une réaction aux frustrations accumulées," dis-je en réfléchissant. "Ils estiment que la CEDEAO n'a pas réussi à répondre efficacement aux crises politiques et sécuritaires. Quitter la CEDEAO pourrait leur permettre de suivre une voie plus autonome, mais cela pourrait aussi affaiblir davantage la coopération régionale."

Mon père acquiesce, pensif. "C'est une situation délicate. La coopération régionale est essentielle pour la stabilité et le développement de la région. Mais il faut aussi reconnaître les échecs de la CEDEAO et travailler à les corriger."

Je prends une inspiration profonde avant de continuer. "Les pays de l'AES n'ont pas de poids significatif à eux seuls. Leur futur retrait de la CEDEAO pourrait finalement avoir un bon côté. Cela pourrait permettre à la CEDEAO d'avoir une monnaie plus stable, ce qui faciliterait l'accès aux ressources précieuses comme l'or et le fer burkinabè et malien, ainsi que l'uranium nigérien. Les putschistes cherchent à profiter du pays, mais ils ignorent qu'ils l'enfoncent davantage dans la crise."

Mon père me regarde avec une lueur d'intérêt. "Et que penses-tu de l'influence de la Russie dans tout cela?"

"La Russie, comme les autres puissances, cherche avant tout le profit," dis-je. "Il est crucial que les géants de la CEDEAO s'entraident pour renforcer leur indépendance et ne plus dépendre de l'Occident ou d'autres puissances extérieures. La coopération régionale est la clé pour assurer une stabilité durable et un développement économique."

Mon père hoche la tête, songeur. "Tu as raison, Karim. La solidarité et l'autonomie sont essentielles pour notre avenir."

Nous continuons à discuter des différentes facettes de la crise et des possibles solutions. Ces conversations avec mon père sont toujours enrichissantes, mêlant analyses politiques et économiques à des réflexions plus personnelles.

Mais ce soir, malgré la profondeur de notre discussion, une partie de mon esprit reste fixée sur Aïssata. Sa présence, ses larmes, son histoire... Tout cela continue de résonner en moi. Le monde est vraiment bizarre, me dis-je encore une fois, mais parfois ces bizarreries apportent des rencontres qui peuvent changer nos vies.

PDV de aïssata

En arrivant dans ce qui était autrefois notre appartement, celui que Dia Teisei et moi partagions, je ressens une vague de tristesse m'envahir. L'appartement est vide, son absence résonne dans chaque coin de la pièce. Je me dépêche de rassembler mes affaires, ne voulant pas rester plus longtemps dans cet espace chargé de souvenirs douloureux.

Je prends une feuille de papier et un stylo pour écrire une note à Dia Teisei. Mes mains tremblent légèrement alors que j'écris, mais je me force à rester concentrée.

_"Dia Teisei,_

_Je m'en vais. Je ne peux plus supporter cette trahison. Vis librement avec Nina. Adieu._

_Aïssata."_

Je laisse la note sur la table du salon, là où il la trouvera facilement. Puis, je me dirige vers la chambre de Mariama, la sœur de Dia Teisei. Je frappe doucement à la porte avant d'entrer. Mariama lève les yeux de son livre, surprise de me voir.

"Aïssata? Que fais-tu ici?" demande-t-elle, l'inquiétude perçant dans sa voix.

Je m'approche d'elle et lui tends une lettre que j'ai écrite pour elle. "Ouvre-la demain, s'il te plaît," lui dis-je doucement. "C'est important."

Mariama prend la lettre, son regard passant de l'enveloppe à mon visage. "Qu'est-ce qui se passe?" insiste-t-elle.

Je secoue la tête, tentant de retenir mes larmes. "Je ne peux pas rester. Je dois partir."

Sans attendre une réponse, je quitte la chambre, laissant derrière moi une Mariama perplexe et inquiète. Je descends les escaliers en toute hâte, m'assurant que je n'oublie rien d'important. En sortant de l'appartement, je prends une profonde inspiration, tentant de calmer le tumulte dans mon cœur.

Je monte dans ma voiture et prends la direction de Pikine, où mes parents vivent désormais dans la nouvelle maison que je leur ai offerte il y a peu. La route est longue, mais chaque kilomètre parcouru m'éloigne de la douleur et de la trahison. Arrivée à destination, je gare la voiture devant la maison et me permets enfin de respirer.

La maison de mes parents est un refuge, un lieu où je peux trouver un peu de paix. En entrant, je suis accueillie par les sourires chaleureux de ma mère et de mon père. Ils ne posent pas de questions, respectant mon besoin de silence pour le moment.

Je monte à l'étage et m'installe dans ma chambre d'enfant, me laissant enfin aller aux larmes. L'épuisement émotionnel me rattrape, et je m'endors en espérant que demain apportera un peu de clarté et de réconfort.

Le monde est étrange, me dis-je, mais au moins je suis entourée de ceux qui m'aiment vraiment.

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