Chapitre 22 : Le vide de l'absence

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Gabriel Attal était chez lui, parcourant les nouvelles du jour, lorsqu'il tomba sur un article choc : "Le mariage de Jordan Bardella et Charlotte Perrin annulé." Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Les mots semblaient danser devant ses yeux, l'assommant d'émotions contradictoires. Il se sentit à la fois soulagé et inquiet.

Immédiatement, il saisit son téléphone et tenta d'appeler Jordan. Une, deux, trois fois. À chaque tentative, il tombait sur la messagerie. "Jordan, c'est Gabriel. Rappelle-moi, s'il te plaît. J'ai besoin de te parler." Chaque message laissé était plus confus et désespéré que le précédent.

Les jours passaient, et Gabriel n'avait toujours aucune nouvelle de Jordan. Il hésita à contacter Charlotte, mais n'osa pas. Le sentiment de malaise grandissait en lui, et finalement, il prit une décision. Il se rendit directement chez Bardella.

Lorsqu'il arriva devant la maison, il fut surpris de voir un camion de déménagement. Charlotte était en train de superviser les déménageurs, son visage fatigué mais déterminé. Gabriel sortit de sa voiture et s'approcha d'elle, incertain de comment entamer la conversation.

« Charlotte, » dit-il doucement.

Charlotte se retourna, pas vraiment surprise de le voir. « Tiens, je me demandais quand tu allais débarquer. Qu'est ce que je peux faire pour toi ? »

Gabriel passa une main nerveuse dans ses cheveux. « Hum, c'est juste que j'essaye de joindre Jordan depuis des jours... »

Charlotte soupira, visiblement épuisée. « Jordan est parti la nuit avant le mariage. Il a dit qu'il avait besoin de temps pour réfléchir. »

Gabriel sentit un poids tomber dans son estomac. « Et tu sais où il est allé ? »

Charlotte secoua la tête. « Non, il n'a donné aucun détail. Étonnant qu'il ne t'ai rien dit sachant que tu es sûrement la raison de son départ. »

Gabriel resta silencieux un moment, assimilant l'information. Jordan était parti sans un mot, sans tenter de le contacter. « Je suis désolé pour tout ça... »

Charlotte ne lui répondit même pas et recommença à donner des ordres dans tous les sens aux déménageurs.

Gabriel quitta la maison de Jordan, le cœur lourd. Il avait rompu son mariage, la seule chose qui les maintenait éloignés l'un de l'autre, et il n'avait même pas jugé bon de l'informer. Désemparé, il rentra chez lui, ses pensées tourbillonnant.

Les jours suivants, Gabriel s'efforça de continuer sa vie politique, mais chaque moment semblait empreint de l'absence de Jordan. La vie avait un goût étrange, comme si quelque chose d'essentiel manquait. Jordan Bardella avait disparu de la scène publique, et personne ne savait où il se trouvait.

Un soir, Gabriel fut invité sur BFMTV pour une émission spéciale sur les actions du parti Ensemble !. Il était devenu habitué aux changements de sujet soudains et aux questions pièges des journalistes, mais il ne s'attendait pas à ce qui allait suivre.

L'interview commença de manière assez conventionnelle. Gabriel parlait avec assurance des réformes en cours, des initiatives environnementales que son parti promouvait, et de l'importance de l'unité nationale en ces temps troublés. Les journalistes semblaient apprécier son discours, acquiesçant de temps à autre, ce qui le mettait quelque peu en confiance.

« Monsieur Attal, » dit l'un des journalistes, « nous avons vu des avancées significatives dans votre parti ces derniers mois. Pouvez-vous nous parler de l'initiative verte que vous avez lancée récemment ? »

Gabriel hocha la tête avec un sourire. « Bien sûr. Notre initiative verte vise à réduire les émissions de carbone en investissant massivement dans les énergies renouvelables. Nous croyons fermement que la transition écologique est non seulement nécessaire mais aussi bénéfique pour l'économie à long terme. Nous avons déjà vu des résultats prometteurs avec nos projets pilotes dans plusieurs régions. »

« C'est impressionnant, » commenta un autre journaliste. « Et quelles sont les prochaines étapes pour assurer le succès de cette initiative ? »

Gabriel expliqua en détail les plans d'expansion, les collaborations avec des entreprises privées et les subventions gouvernementales prévues pour encourager les innovations écologiques. L'atmosphère était détendue, presque amicale.

Mais soudain, l'un des journalistes changea de sujet de manière brusque, ce qui prit Gabriel au dépourvu.

« Monsieur Attal, » dit-il, le regard perçant, « avez-vous des nouvelles de Jordan Bardella après sa disparition précipitée ? »

Gabriel sentit une colère sourde monter en lui. Il prit une profonde inspiration, essayant de garder son calme. « Non, je n'ai pas de nouvelles de Jordan Bardella. »

Le silence se fit pesant, les regards des journalistes se fixant sur lui, attendant peut-être un mot de plus. Gabriel, résistant à l'envie de dévoiler ses émotions, reprit la parole, plus fermement cette fois. « Je suis ici pour discuter de mes responsabilités et de mon travail. Si vous avez des questions sur ce sujet, je suis à votre disposition. »

Le journaliste ne lâcha pas prise. « Mais avec les rumeurs qui ont circulé sur votre relation avec Monsieur Bardella, vous comprenez que vous soyez la personne à qui on va poser la question ? »

Gabriel prit une profonde inspiration, ses poings serrés sous la table. « Effectivement, c'est tout ce que c'est, des rumeurs ! Et c'est bien décevant qu'un journaliste de votre envergure en soit arrivé à relayer des rumeurs d'adolescent. »

Un silence tendu suivit, les autres journalistes semblant hésiter avant de reprendre leurs questions habituelles. Mais pour Gabriel, l'ombre de Jordan planait toujours, rendant chaque moment plus difficile à supporter.

En quittant le plateau, il se précipita vers chez lui, la colère bouillonnant dans ses veines. L'idée que Jordan Bardella le suivrait toute sa vie le hantait. Même s'il voulait l'oublier, le monde ne lui en laisserait jamais la chance.

En rentrant chez lui, Gabriel vit Julien assis devant la télévision. Ce dernier leva les yeux en entendant Gabriel entrer et vit l'expression tourmentée sur son visage.

« Ça va ? » demanda-t-il, inquiet.

Gabriel soupira et s'affala sur le canapé. « Non, pas vraiment. » Il resta silencieux un moment, puis ajouta : « Dis moi, ça sort un peu de nul part mais ça te dérangerait si je passais quelques jours chez ma famille en Alsace ? J'ai besoin de prendre un peu de recul et de revenir plus serein. »

Julien hocha la tête, comprenant immédiatement. « Ça à un rapport avec Bardella ? »

Gabriel le regarda, reconnaissant. « J'ai l'impression que tout, ces derniers temps, a un rapport avec Jordan Bardella. Depuis que je l'ai rencontré, ma vie est devenue tellement compliquée, je me croirais dans un film d'amour tragique. Je veux retrouver une vie normale tu sais ? J'aimerais passer à autre chose et reprendre le cours de ma vie sans cet homme dans mes pensées. »

Julien lui sourit tristement. « Je comprends. Prends le temps qu'il te faut. »

Gabriel se leva et commença à faire sa valise. Il rassembla quelques affaires et ses livres préférés. Avant de partir, il se tourna vers Julien.

« Merci pour tout, Julien. Et vraiment désolé. »

Julien hocha la tête. « Désolé de ? »

« De ne pas pouvoir te donner ce que tu veux... J'aurais aimé que les choses soient différentes. »

Sur ces mots, il prit sa valise et quitta l'appartement. Il prit la route directement et arriva en Alsace en fin d'après-midi, fatigué mais soulagé d'être loin de Paris et de ses tumultes. La campagne alsacienne, avec ses collines verdoyantes et ses vignobles à perte de vue, offrait un contraste apaisant avec la vie trépidante de la capitale. Il n'avait pas prévenu sa famille de son arrivée, préférant leur faire une surprise. Il espérait que quelques jours passés ici, entouré de ses proches, l'aideraient à mettre de l'ordre dans ses pensées et à oublier, ne serait-ce qu'un peu, la douleur causée par sa relation avec Jordan.

En descendant de la voiture, Gabriel inspira profondément l'air frais et pur de la campagne. Il se dirigea vers la maison familiale, une bâtisse en pierre avec des volets rouges, typique de la région. Il frappa à la porte, le cœur battant d'anticipation.

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