Chapitre 30 : Un futur incertain

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Gabriel, encore agité par l'incident sur le plateau, monta dans sa voiture avec un profond soupir. Jordan lui fit un dernier signe de soutien sur le parking avant de partir de son côté. Le moteur de la voiture ronronna doucement pendant qu'il s'installait sur la banquette arrière, essayant de calmer son esprit.

Alors que la voiture avançait vers son appartement, son téléphone sonna, affichant un nom qui fit monter son stress d'un cran : Emmanuel Macron. Il prit une profonde inspiration avant de décrocher.

« Bonsoir Monsieur le Président, » dit-il, tentant de garder une voix calme.

« Qu'est-ce que c'est que cette histoire sur BFM Gabriel ? » La voix de Macron était glaciale, trahissant une colère contenue.

« Je suis vraiment désolé. C'est une situation qui a dégénéré et je n'aurais pas dû... »

Macron l'interrompit, ne laissant pas Gabriel terminer sa phrase. « Tu ne comprends pas l'ampleur des dégâts que ça peut causer. Un ministre qui se bat à la télévision nationale ? Tu te rends compte de l'image que ça renvoie ? »

« Oui, je sais, et je prends l'entière responsabilité de mes actes. Mais pour ma défense c'était hors caméras... »

« Et tu penses que ça change quelque chose ? » reprit Macron, coupant encore Gabriel. « Les équipes de Mélenchon vont s'empresser de sortir cette histoire pour décrédibiliser notre gouvernement. Tu te dois de garder ton calme, quoi qu'il arrive. Nous ne pouvons pas nous permettre ce genre de scandale en ce moment. Tu as mis tout le gouvernement dans une position délicate. »

Gabriel serra son téléphone dans sa main, se sentant impuissant face à la colère du Président. « Je comprends et je vais faire une déclaration publique pour m'excuser et... »

« Tu ferais mieux de le faire rapidement et de manière convaincante, » gronda Macron. « Je veux que tu répares les dégâts autant que possible. Je compte sur toi pour gérer cette crise correctement. »

« Oui, Monsieur le Président. Je vais m'en occuper. » répondit Gabriel, sa voix tremblante légèrement sous la pression.

« J'espère bien, » conclut Macron avant de raccrocher brusquement.

Gabriel resta un moment silencieux, le téléphone toujours à la main. La conversation venait d'amplifier le poids de ses erreurs. Il inspira profondément, essayant de calmer ses nerfs avant de reprendre la route.

En arrivant chez lui, il se sentait épuisé mentalement et émotionnellement. Il entra dans l'appartement, trouvant un certain réconfort dans la familiarité de son foyer. Il était seul ce soir, ce qui laissait à Gabriel un moment pour réfléchir et se préparer pour ce qui l'attendait.

Il s'assit sur le canapé, prenant son téléphone pour appeler Mathilde. « Salut, on va devoir préparer une déclaration publique. Le Président est furieux et il a raison. »

« D'accord, » répondit Mathilde, comprenant la gravité de la situation. « On va rédiger quelque chose de fort et clair. Je t'envoie ça le plus vite possible. »

« Merci, Mathilde. »

Gabriel resta un moment assis sur le canapé, regardant fixement son téléphone. L'angoisse montait en lui, mais il savait qu'il ne pouvait pas se permettre de se laisser submerger. Il prit une profonde inspiration et décida d'aller contre le conseil de Mathilde et se connecta sur les réseaux sociaux, bien conscient que ce qu'il allait voir ne serait pas agréable.

Le fil d'actualité de Gabriel était inondé de réactions. Les tweets, les posts, et les commentaires affluaient à une vitesse vertigineuse, chacun ajoutant son grain de sel à l'incident.

« Incroyable ! Un ministre qui se bat sur un plateau télé ! Quel manque de professionnalisme ! »
« Attal vs. Mélenchon : la politique française est tombée bien bas. »

Les critiques étaient cinglantes, les commentaires souvent virulents. Mais ce n'était pas seulement des attaques ; il y avait aussi des soutiens, bien que rares et noyés dans le flot de négativité.

« Peut-être qu'Attal a eu raison de perdre son calme. Mélenchon n'est pas un saint non plus. »
« C'est facile de juger sans connaître les provocations. Courage Monsieur Attal. »

Gabriel sentit une boule se former dans son estomac en lisant les messages. Les médias avaient déjà repris l'histoire, les articles pullulaient sur les sites d'actualité. Les titres étaient aussi dramatiques que les tweets. Il éteignit son téléphone d'un coup avec un soupir, se sentant accablé. La tempête médiatique était bien pire que ce qu'il avait imaginé. Il se leva pour se servir un verre d'eau, tentant de retrouver son calme.

Alors qu'il essayait de calmer ses pensées, une notification de son téléphone le tira de sa torpeur. C'était un e-mail de Mathilde contenant la déclaration publique rédigée par l'équipe.

Il ouvrit le document et commença à lire attentivement, notant chaque phrase, chaque mot, cherchant des failles ou des éléments à ajuster. La déclaration était solide, équilibrée, et prenait en compte toutes les nuances nécessaires pour apaiser la situation. Malgré cela, il se sentait encore accablé par le poids de ses responsabilités.

Sentant qu'il avait besoin de soutien, il décida d'appeler sa mère. Après quelques sonneries, elle répondit, sa voix douce apportant un semblant de réconfort.

« Coucou, tout va bien ? » demanda-t-elle, sentant immédiatement que quelque chose n'allait pas.

« Je te dérange pas ? Je suis désolé il est tard... » dit-il, la voix tremblante.

« Pas du tout, j'étais en train de lire. Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Gabriel lui raconta tout, depuis l'incident sur le plateau de BFMTV jusqu'à la colère d'Emmanuel Macron. Sa mère écouta en silence, ses propres émotions variant entre inquiétude et soutien inconditionnel.

« Tu sais, je comprends que tu aimes la politique et que tu aimes aussi Jordan, » commença-t-elle doucement. « Mais mélanger les deux semble te causer plus de problèmes qu'autre chose. Tu dois peut-être faire un choix pour ton propre bien. La politique ou l'amour. »

Ces mots résonnèrent profondément en Gabriel. Il savait que sa mère avait raison, mais l'idée de devoir choisir entre ses deux choses lui semblait insupportable.

« Je tiens beaucoup à lui, mais la politique fait partie de moi. Comment je pourrais abandonner l'un ou l'autre ? »

« Mon chéri, la vie est faite de choix difficiles. Parfois, pour avancer, il faut savoir ce qui est le plus important pour toi. Tu ne peux pas tout avoir sans en payer le prix. »

Ils discutèrent pendant un long moment, explorant les implications de chaque choix. Sa mère le guida avec sagesse et compassion, lui offrant des perspectives qu'il n'avait pas envisagées auparavant.

Après avoir raccroché, Gabriel se sentait légèrement plus clair, bien que toujours accablé par la gravité de la situation. Son téléphone vibra, affichant un message de Jordan.

« Comment ça va ? Je m'inquiète pour toi. »

Gabriel regarda le message, puis le posa sans y répondre. Il n'avait pas la force de discuter ce soir-là. Un deuxième message arriva un peu plus tard.

« Je suis là si tu as besoin de parler. »

Encore une fois, Gabriel ignora le message. Il savait qu'il était le seul responsable de ses actes, mais une part de lui ne pouvait s'empêcher de penser que cette situation ne se serait pas produite si Jordan n'était pas revenu dans sa vie. Cette pensée l'envahit de regrets et de confusion.

Il s'allongea sur le canapé, les yeux fixés sur le plafond, réfléchissant à la conversation qu'il venait d'avoir avec sa mère. Devait-il vraiment choisir entre sa carrière politique et sa relation avec Jordan ? L'idée le tourmentait, mais il savait qu'une décision s'imposait.

Alors que la nuit avançait, Gabriel ferma les yeux, épuisé par les événements de la journée. Les choix à venir seraient difficiles, mais pour l'instant il n'avait qu'une seule envie : aller se coucher et mettre cette journée derrière lui. 

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