Au cœur du pouvoir

Chapitre 3 : Les apparences trompeuses

Le soir même de la table ronde télévisée, Gabriel Attal se retrouva assis à son bureau à l'Élysée, épuisé mais incapable de détourner son esprit des événements récents. En parcourant les réseaux sociaux pour évaluer l'impact de son intervention, il tomba sur quelque chose de bien plus déroutant : une série de TikToks créés par des internautes français, mettant en scène des montages romantiques entre lui-même et Jordan Bardella.

Des musiques ridicules accompagnaient des montages sur leurs regards intenses, leurs sourires subtils, leurs échanges acérés. Gabriel se pinça l'arête du nez, cherchant à ignorer les papillonnements dans son estomac. Ces vidéos étaient absurdes, complètement hors de propos dans le contexte politique, et pourtant... il y avait quelque chose de troublant dans la façon dont Bardella le regardait parfois.

Juste au moment où il s'apprêtait à éteindre son téléphone pour éviter de se perdre dans des pensées inutiles, un SMS de Bardella arriva.

« Avez-vous vu les vidéos, Monsieur le Premier ministre ? Nos fans semblent convaincus que nous devrions jouer dans une comédie romantique ensemble. »

Gabriel lut le message plusieurs fois, laissant ses doigts effleurer l'écran. Il savait qu'il ne devait pas répondre. C'était une distraction, une tentative de Bardella pour le déstabiliser encore plus. Mais une partie de lui était curieuse de voir jusqu'où irait cet échange étrange entre eux.

Il déverrouilla son téléphone, hésitant, mais finalement, il éteignit l'écran et posa l'appareil sur son bureau. Il ne pouvait pas se permettre de s'engager dans ce jeu de séduction malsain.

Le lendemain, Gabriel assista à un repas en petit comité organisé par l'un de ses ministres. La tension était palpable dans la salle, chacun discutant à voix basse des dernières manœuvres politiques et des stratégies électorales à venir.

Il n'était pas surpris de voir Jordan Bardella parmi les invités. Leur rivalité les avait souvent amenés aux mêmes événements, surtout en période électorale. Ils échangèrent des salutations polies mais glacées, chacun gardant une distance calculée.

À un moment donné, Gabriel s'éclipsa discrètement pour se rendre aux toilettes. Il ne s'attendait pas à trouver Bardella là aussi, debout devant les lavabos, comme s'il l'attendait.

« Attal, » dit Bardella d'une voix douce mais chargée de sous-entendus, un sourire en coin accroché à ses lèvres.

Gabriel s'arrêta net, un frisson parcourant sa colonne vertébrale. Il savait ce que cela signifiait. Bardella aimait jouer avec le feu, et il savait exactement comment attiser les flammes.

« Bardella, » répondit-il finalement, sa voix trahissant une légère tension.

Jordan se rapprocha lentement, ses yeux ne quittant pas ceux de Gabriel. « Vous savez, il y a quelque chose entre nous, monsieur le Premier Ministre. Quelque chose que nous devons régler. »

Gabriel serra les poings, luttant contre les sentiments contradictoires qui bouillonnaient en lui. « Il n'y a rien entre nous. Rien du tout. »

Jordan sourit, s'approchant encore un peu plus près. « Oh, mais il y en a, Attal. Vous ne pouvez pas nier ce que vous ressentez. »

Gabriel déglutit difficilement, ses muscles tendus comme des cordes. Il savait que c'était dangereux, jouer à ce jeu avec Bardella. Mais malgré lui, une partie de lui était attirée par le défi, par la tension interdite qui les entourait.

« Arrêtez ça, Bardella, » murmura-t-il enfin, avant de tourner les talons et de quitter précipitamment les toilettes.

À l'extérieur, il prit une grande inspiration, essayant de calmer son cœur battant. Ce n'était pas le moment pour de telles distractions. Les élections approchaient à grands pas, et il avait un pays à diriger.

Mais alors qu'il reprenait son chemin vers la salle à manger, il ne put s'empêcher de jeter un dernier regard par-dessus son épaule. Jordan Bardella se tenait toujours là, le sourire toujours accroché à ses lèvres, un éclair de défi dans ses yeux.