XIV | 𝘯𝘶𝘪𝘵 𝘦𝘯𝘯𝘦𝘪𝘨é𝘦

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-ˋˏ   𝑪𝑯𝑨𝑷𝑰𝑻𝑹𝑬 14 ˎˊ-



TIANA





La première neige.

Un événement empreint de significations profondes, qui caractérise ce début de mois d'octobre.

Elle inaugure le commencement.

Ces filaments de froideurs se cristallisent avant de frôler la surface de la terre immaculée de péchés inavouables. Je ferme les yeux un instant, imaginant les flocons de neige tels des plumes d'une pureté, s'échappant d'un oiseau en plein envol.

Les escaliers de la tour gémissent sous le poids de mon corps. La flamme vacillante, nichée dans le bougeoir que je détiens, projette des ombres effrayantes auxquelles mon imagination prolifique s'accroche, insufflant en elles une vie propre.

Une certaine frayeur m'a rejoint dans ce périple, au côté du vent hurlant un avertissement de danger. De petites créatures dissimulées dans les recoins ténébreux, semblent échanger entre elles les secrets que renferment les murs de l'Académie.

Mes épaules s'affaissèrent légèrement lorsque mon regard rencontre la porte se matérialisant à la fin de cet escalier en colimaçon, encadré par des murs étroits en pierres. La montée fut longue et le silence troublé par de multiples sursauts de peurs.

Le grincement de la porte en métal oxydé n'est rien face aux rugissements fugaces du vent hantant les hauteurs de cette tour. Je la referme aussitôt dans un claquement féroce. Un frisson de froid court le long de mon corps, éteignant au passage la bougie qui, jusqu'à présent, offrait une chimère de lumière. Craignant que l'obscurité ne s'infiltre dans cette aventure, un souffle de soulagement franchit mes lèvres lorsqu'un rayon de la lune se faufila entre le brouillard grisâtre.

Je m'approche ainsi du bord de la tour, qui m'offre une vue panoramique sur le reste de l'Académie. La nébuleuse tapissant le sol, je n'aperçois que les lueurs émanant des bâtiments. Au loin, les arbres occasionnant la forêt qui enserre les lieux, se dressent avec fierté et combattent le froid, alliés des quelques feuilles qui leur restent. Une rafale vient caresser mes cheveux ondulés, laissés libres en cette nuit singulière. Je referme les yeux un instant, me laissant emporter dans un monde où l'angoisse des résultats ne me noie pas.

Demain est le grand jour.

Lorsque je rouvre les yeux, mes iris se perdent dans l'obscurité du ciel, fragmenté par les étoiles, mères de multiples rêves.

— Que faites-vous ici ? suscite quelqu'un.

Je sursaute en percevant le timbre de cette voix masculine, me sortant de ma torpeur. Je me retourne promptement, le cœur affolé, vers la provenance de ce son, cherchant à en découvrir le propriétaire. La silhouette de Chernov se dessine sous mes yeux, dissipant la peur engendrée tantôt.

Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte plus tôt ?

— Je ne vous ai pas aperçu... murmuré-je.

Mon inattention courra à ma perte. Et si c'était quelqu'un d'autre qui se dissimulait dans l'obscurité ? Pourtant, une part de mon esprit est soulagée que ce soit lui, et non un autre. Comme je l'étais lorsque je l'observais discrètement depuis ma fenêtre, à étudier, ou encore lorsque nos regards se croisaient furtivement.

Sa présence me soulage.

Même si une autre part de moi demeure continuellement sur le qui-vive, inquiète.

Feathers of RivalryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant