I | 𝘪𝘵'𝘴 𝘳𝘢𝘪𝘯𝘪𝘯𝘨

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Aaron



ʚ 🦅ɞ


Les gouttes de pluie résonnent contre le toit de l'automobile. Dehors, mes yeux défilent entre le paysage sinistre de la ville de Nevograd, maudite soit-elle, ainsi que les différentes voitures transportant, toutes sans exception, les futures victimes de l'internat de Nevograd.

Ville de neige.

Ironique en sachant qu'il peut presque toujours.

L'épaisse brume ne fausse jamais le paysage, tel un voile de pureté dissimulant l'atrocité de cet endroit. Malgré la forte averse qui a pris place, j'abaisse la vitre. La fraicheur du monde extérieur se déverse à l'intérieur de l'automobile dans lequel l'air se faisait rare. Je ferme les yeux un instant et je me laisse emporter par vent, espérant qu'il brusque son entrée et se faufile en moi.

Un simple passage de cette brise frigide, un nœud ardu se défait.

Libérant mon mal-être pour mieux l'enchainer.

Un instant de paix, un instant où étouffer n'est plus envisageable.

J'étouffais à l'intérieur... tout comme vous.

Les débris de sa voix alourdissent à nouveau mon cœur. Depuis cette soirée, la brise s'entremêle au parfum qu'elle portait, amène l'écho des pensées qu'elle m'a confiées, et ravit les souvenirs enfouis de cette nuit d'été. Elle s'abat, se déverse sur moi, attestant l'espoir de voir son reflet entre le brouillard épais, puis, disparaît.

Un jour ne s'est pas écoulé sans que j'admire le ciel obscur, qui comblait autrefois le vide ancré en moi.

Sans vous à mes côtés, la solitude a empiété les frontières de ma nuit étoilée.

Et je vous hais pour cela.

— Aaron, monte la vitre, ordonne mon père.

Sa voie me sort de mes pensées oppressantes et sans perdre un instant, j'évite le conflit et exécute.

Je rouvre les yeux et me confronte à nouveau à ma réalité.

Dorénavant, les habitations aux toits orangés laissent place aux arbres dont le feuillage se fond au ciel de septembre. Ils deviennent de plus en plus abondants et forment ainsi la forêt de Nevograd.

Maudite soit-elle.

La rue granuleuse provoque les tremblements incessants de l'automobile, indiquant notre montée au sommet de la montagne.

Mes yeux font l'erreur de s'arrêter une seconde de trop sur le visage fermé de mon père, et doivent à présent se confronter à son regard sévère et indulgent. Leur lueur me remémore mes obligations en cette journée qui n'a pour effet que d'éveiller l'angoisse tamis au fond de moi.

Les palpitations de mon cœur se font de plus en plus fortes, heurtent ma cage thoracique sans répit.

Aucune erreur ne sera tolérée aujourd'hui, aucune.

Respire Aaron, respire.

À chaque secousse, ses paroles se heurtent en moi, espérant que mon corps se soumet aux ordres. Malencontreusement, elles cessent bien trop tôt.

Nous sommes arrivés.

Dépasse par les futurs événements, je passe une main dans mes cheveux. Lors de ce passage, plusieurs questions afflux, enfin plutôt des affirmations.

Je vais échouer.

Je vais tout gâcher.

Tout sera encore de ma faute.

Feathers of RivalryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant