Feathers of Rivalry

XIX | 𝘈𝘳𝘤𝘩𝘪𝘷𝘦𝘴

-ˋˏ ༻❁ 𝑪𝑯𝑨𝑷𝑰𝑻𝑹𝑬 19 ❁༺ ˎˊ-

AARON

Le dernier mégot de la cigarette finit par rejoindre le sol, entachant ainsi les pétales de givre qui jonchent le bitume. D'un regard nonchalant, j'étudie la cohue obscure de personnes, engoncées dans leurs écharpes sombres. Dans cet amas de cœurs inconnus, mes yeux scintillent en décelant son écharpe blanche.

Le regard perdu dans la lune, elle avance vers le bâtiment principal.

Le vent hivernal vient soudain effleurer mes doigts encore incandescents face à la cigarette, espérant secrètement qu'il porte dans sa brise les effluves d'une fleur printanière, la lavande.

La couleur blanchâtre liant la neige et son manteau à elle me fait soudain plonger dans le souvenir de cet homme et son accoutrement de la couleur de la pureté. Son père.

Rentré dans ma chambre ce soir-là, seul avec inquiétude étonnante, je me suis trouvé accroché à ma fenêtre, telle une brèche dans mes pensées, m'accrochant désespérément à l'envie de l'apercevoir par ma fenêtre.

En l'instant d'une soirée, mes pensées ont omis l'existence acerbe de mon père, tandis que le sien vient m'arracher mon excuse d'évasion.

Auprès d'elle mon monde semble couvert d'une neige de jouissance.

Dont je dois me débarrasser pour retrouver le soleil de fierté de mon père. 

— Tu m'écoutes ? s'inquiète Sasha en me reprenant la cigarette d'une main.

— Tu disais ?

Il tire une bouffée avant de l'écraser sous le poids de sa semelle, le signe que nous devons y aller.

— Pour Ivan. Je suis vraiment content qu'ils aient trouvé le traitement pour la maladie de son père.

— Aussi. Ces derniers jours, il a l'air plus... vivant.

Comme si savoir que l'être qui lui est le plus cher avait une chance d'échapper aux ténèbres de la santé l'autorisent à effleurer des mains l'étincelle de sa vivacité.

— Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué alors ! Bon sang, je suis très heureux là. C'est le jour idéal pour s'amuser en cours ensemble, tu ne crois pas ?

— En cours de philosophie ?

— Absolument. J'ai préparé quelque chose d'intéressant tu verras.

Je lui tends ma main et il enserre la sienne, preuve de mon soutien. Sans Sasha, je pense que j'aurais vécu ces années de lycée de manière complètement différente.

— Un conseil, place-toi près de la fenêtre.

Un léger rire m'échappe tandis que nos pas nous mènent à Ivan logé sous les escaliers du bâtiment principal. En nous engouffrant dans l'espace fait de bois et poussière, aux odeurs de bougies, nous repérons promptement ce dernier. Un paquet en main, il le tend à Sasha tandis que nous nous rendons ensemble à la salle de classe.

La porte de la salle de classe est grande ouverte, laissant échapper les murmures vibrants des élèves qu'elle abrite. Toutefois, aucun signe du professeur de philosophie. Refermant la porte derrière lui, Sasha se rend hâtivement au bureau de celui-ci afin d'organiser le stratagème d'aujourd'hui.

A l'opposé, je me rends vers les places individuelles, près de la fenêtre. Ivan s'assoit à sa place habituelle, tout au fond. Je pourrais le rejoindre et assister à ce spectacle à deux. Néanmoins, une autre idée germe dans mon esprit.