XVI | 𝘶𝘯 𝘮𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘦

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-ˋˏ   𝑪𝑯𝑨𝑷𝑰𝑻𝑹𝑬 16 ˎˊ-



AARON


Tw : suicide.

'Vous deviez penser à sourire plus souvent, ça vous va bien.'

Pourtant, la veille encore, seules les gouttes de sang, résonnant en écho sur mon parquet, étaient l'orchestre de mon éloge funèbre.


02 octobre 1969, 23 h 03

Seules les âmes ayant sombré dans le mutisme de la mort, ont été submergées par le châtiment de l'oubli.

Et ce soir, c'est dans cette brèche que je me réfugie, justifiant ainsi sa perte de mémoire.

Dont je suis fautive.

J'ai scellé mon destin autour du carcan de la contrition.

Si je disparais, versera-t-elle une seule larme qui la chavirera dans l'océan du souvenir ? Dans mes yeux céruléens, sans la lueur de la vie.

La vie n'est qu'un long poison capitulant contre le remède qu'est la mort.

Et aujourd'hui, je guéris.

Ce soir, je suis le port trait de mon malheur et non le portrait de mon bonheur illusoire.

Un soir où les étoiles ont faussé compagnie au ciel.

Mon âme parsemée de souffrance illuminera-t-elle l'horizon sombre ?

Même sa chambre à elle, n'est plus que ténèbre.

Elle qui ce soir a provoqué la colère de mon père.

Une colère dont je croyais connaître tous les coups.

Même pour cela, j'ai échoué.

Assis contre le carrelage, le Corbeau que m'a offert mon père me toise de ses yeux sombres reflétant la bougie vacillante.

Le dernier être à me voir vivant ce soir.

— Quelle ironie du sort... Je passe mes derniers instants au côté d'un corbeau que j'ai haï le long de mon existence. Tu me rappelles trop, lui... Les mêmes yeux.

Un rire sec traversa ma gorge.

— Tu sais ce qu'il m'a dit ?

Un silence pesant par le souvenir de ces paroles m'étouffe au point qu'un sanglot anime mes paroles.

— Qu'il aurait préféré que... je sois mort.

'Tu n'es pas un fils à mes yeux, tu es un châtiment du ciel. Tu m'as tout pris ! TOUT EST DE TA FAUTE ! J'aurais aimé que ce soit moi qui tombe de ces escaliers ce jour-là pour oublier ton existence malheureuse. J'envie ta mère'.

Je me couvre les yeux dorénavant embués de perles salées, aussi amères que ces pensées acerbes qui m'ont battues. Pourtant, c'est trop tard, elles coulent. Mes larmes se joignent à l'égouttement du bonheur survivant dans mon cœur, engendrant un torrent de tourments sans fin.  

Les médicaments commencent à faire effet, pensais-je, l'univers se dérobant sous mes pieds. Mon dos glisse contre le mur devenu qu'un porteur de froid, m'affalant sur le sol où le flacon de médicaments prône risiblement.

Il est vide tandis que mon corps est rempli de souffrance.

Qui s'envoleront bientôt.

Ma dernière réussite aura été de m'ôter la vie.

Feathers of RivalryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant