Chapitre 13

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                                           LYA

Je me suis réveillée ce matin avec une sensation nouvelle, presque palpable, d'un nouveau départ. Mon appartement à Lille, bien que modeste, commence à prendre forme. Les cartons, encore éparpillés, me rappellent le long voyage que j'ai entrepris pour arriver ici, mais chaque objet déballé me rapproche un peu plus de la normalité. Le grand bureau dans mon espace de travail est en train de devenir le centre névralgique de ma nouvelle vie. J'ai pris soin d'y disposer mon ordinateur portable, mes documents importants, et quelques photos familiales pour ajouter une touche personnelle.

Les premiers jours à Lille ont été un tourbillon d'émotions et de découvertes. J'ai passé du temps à me promener dans les rues, à redécouvrir cette ville qui m'a vue grandir. La cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, avec son architecture moderne et son charme ancien, m'a particulièrement marquée. Mais c'est en passant devant un immeuble anodin que les souvenirs les plus douloureux ont refait surface. Cet immeuble, je le reconnais immédiatement. C'est celui où je tentais souvent de fuir pour échapper aux coups et aux souffrances que mon père causait.

Je m'arrête devant, figée par les souvenirs. Mon cœur bat plus fort et mes mains tremblent légèrement. Je me demande si mon père habite toujours là, si cet endroit continue d'abriter ses colères. La façade de l'immeuble n'a pas changé, elle semble figée dans le temps, comme si elle portait elle aussi les cicatrices de cette époque. Je ressens un mélange de peur et de résignation, mais aussi une étrange forme de soulagement en réalisant que je suis ici en tant qu'adulte, libre de mes choix et de mes mouvements.

Pour me changer les idées, je décide de visiter Euralille, ce grand centre commercial qui n'existait pas quand j'étais enfant. Les boutiques colorées, les cafés animés, et la foule joyeuse contrastent fortement avec les souvenirs sombres qui me hantent. Je m'achète un café et m'installe à une table, observant les passants et imaginant leurs vies, leurs histoires. Cela m'aide à me concentrer sur le présent et à ne pas me laisser submerger par le passé.

Les journées suivantes, je me consacre à mon travail. Je passe des heures à mon bureau, préparant des dossiers, organisant des réunions virtuelles, et m'immergeant dans mes affaires juridiques. Cela m'occupe l'esprit et m'empêche de trop penser. Le soir, je rentre à l'appartement et échange des messages avec Alex. Nous nous écrivons régulièrement et nous appelons parfois, essayant de maintenir le lien malgré la distance.

Un après-midi, en revenant de la boulangerie du coin avec une baguette fraîche, je croise Léontine, ma voisine. Nous échangeons quelques mots, elle me demande comment se passe mon installation et me parle un peu de sa vie ici. Sa petite fille, Maëlys, s'accroche à ses jambes et me sourit timidement. Ces moments de simplicité me rappellent pourquoi j'ai choisi cette carrière et cette nouvelle vie. C'est pour retrouver cette humanité, cette normalité que j'avais perdues depuis longtemps.

Mon père reste une ombre dans ce tableau. Je sais qu'il est quelque part dans cette ville, et même si cela me terrifie, je suis déterminée à ne pas laisser cette peur diriger ma vie. En fin de semaine, je m'accorde une pause. Je me rends au Vieux Lille, me perdant dans ses ruelles pavées, appréciant l'architecture et l'histoire qui se dégagent de chaque bâtiment. Le contraste entre la beauté de cette ville et les horreurs de mon passé est saisissant, mais je choisis de me concentrer sur la beauté, sur l'espoir d'un avenir meilleur.

Chaque jour, je prends un peu plus mes marques. Chaque rencontre, chaque découverte, m'aide à construire cette nouvelle vie que je désire tant. Et même si le chemin est encore long et parsemé d'embûches, je suis prête à l'affronter, déterminée à transformer ces souvenirs douloureux en force pour avancer.

Jugés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant