Jugés par l'amour

Chapitre 14

LYA

Le matin se leva doucement, baignant la pièce d'une lumière douce et apaisante. Je me réveillai au son de mon réveil, l'esprit encore embrumé par les rêves de la nuit. En sortant du lit, je ressentis un mélange de nervosité et d'excitation. Aujourd'hui, je devais rencontrer mon client en personne pour la première fois depuis mon arrivée à Lille.

Je me dirigeai vers ma garde-robe, cherchant une tenue qui me donnerait confiance et autorité. Après quelques minutes d'hésitation, je choisis une blouse blanche élégante et un pantalon noir ajusté. J'optai pour une veste cintrée assortie et des talons modérés qui ajoutaient juste assez de hauteur sans sacrifier le confort. Devant le miroir, j'ajustai mon col et lissai les plis de ma blouse. Une touche de rouge à lèvres et un peu de mascara suffirent à compléter mon apparence professionnelle.

Après un petit-déjeuner rapide, je rassemblai mes dossiers et sortis de l'appartement. En fermant la porte derrière moi, je pris une profonde inspiration, prête à affronter cette nouvelle journée.

Dans le couloir, je croisai Léontine qui, cette fois, était seule.

-Bonjour, Lya! Bonne journée de travail! me dit-elle avec un sourire chaleureux.

-Merci, Léontine. Bonne journée à toi aussi, répondis-je en essayant de masquer mon anxiété.

La route jusqu'au nouveau cabinet fut un mélange de réflexions sur ma mission à Lille et de souvenirs douloureux de mon enfance. Les rues de Lille, avec leurs bâtiments anciens et leurs pavés, me rappelaient des moments oubliés. J'essayais de me concentrer sur le présent, mais les ombres du passé semblaient vouloir me rattraper.

Arrivée devant l'immeuble du cabinet, je pris une profonde inspiration avant d'entrer. Le hall d'entrée, avec ses murs en bois sombre et son atmosphère feutrée, était accueillant mais imposant. Je montai les escaliers avec une détermination qui me surprit moi-même. Arrivée au cabinet, je pris quelques minutes pour organiser mes affaires et me préparer mentalement à la rencontre.

Lorsque la porte du bureau s'ouvrit, mon cœur se serra. Là, debout devant moi, se tenait mon père. L'homme qui avait fait de mon enfance un véritable cauchemar. La surprise fut totale, de part et d'autre. Aucun de nous ne parla pendant ce qui sembla une éternité, mais ce ne furent probablement que cinq minutes.

Mon père, visiblement choqué, finit par articuler : -C'est bien toi... Lya ?

L'angoisse se répandit en moi comme une marée noire. Je peinais à respirer, chaque seconde allongeant le silence lourd entre nous.

Je respirai profondément, essayant de maîtriser les battements rapides de mon cœur. Je n'avais jamais imaginé que mon client serait lui. Mon père, celui que je pensais avoir laissé derrière moi à Paris. Mes doigts se serrèrent autour du dossier que je tenais, comme si c'était mon seul ancrage dans cette réalité.

-Oui, c'est moi, dis-je enfin, la voix tremblante mais déterminée.

L'expression de mon père changea, passant de la surprise à quelque chose de plus sombre, de plus colérique.
-Qu'est-ce que tu fais ici, Lya ?

-Je suis ici pour te représenter, répondis-je en essayant de garder mon calme.

-Si tu veux que je t'aide, il va falloir que tu restes calme et professionnel.

Il fronça les sourcils, une rage sourde émanant de lui. Professionnel ? Tu penses vraiment pouvoir m'aider après tout ce temps ? Après tout ce que tu as fait ?

Sa colère monta, et je sentis l'angoisse m'envahir de plus en plus. Mais je ne pouvais pas céder. Pas maintenant.
-Je suis ici en tant qu'avocate, pas en tant que ta fille. Si tu veux vraiment te sortir de cette situation, tu devras coopérer avec moi.